Quand le chef en cuisine pose ses baguettes …
Un film tout public, sans chinoiseries, donc facilement accessible, même à ceux qui ne sont pas férus de cinéma asiatique.

Une histoire toute simple et universelle : la vieille Ah Tao est au service de la famille Lee depuis 60 ans. Elle a vue vieillir ou grandir quatre générations et espère bien voir naître la cinquième. Au fil des ans, elle a nourri tout son petit monde.
Et puis au fil des ans, tout ce petit monde est parti émigrer aux US (ils ont tous des prénoms occidentaux : Roger, Sharon, … !) et il ne reste plus que Roger à Hong-Kong.
Puis soudain tout bascule : la vieille Ah Tao est malade (infarctus, …). Elle doit rejoindre une maison de retraite médicalisée.
Roger se retrouve seul et doit apprendre le mode d’emploi de la machine à laver.
Pendant quelques minutes on croit sombrer dans le misérabilisme social(2) mais c’est sans compter sur le talent de la cinéaste.
Car Roger est à la fois seul et reconnaissant envers sa Mamie Ah Tao qui l’a quasiment élevé : il va donc régulièrement lui rendre visite.
Mais vraiment un très très beau film, plein d’émotion et de tendresse où l’on attend avec impatience les scènes où l’on retrouve ces deux beaux personnages (et ces deux excellents acteurs, apparemment célèbres à Hong Kong). Leur duo est tout simplement magnifique. On les voit s’éloigner sur le trottoir, quasiment bras dessus bras dessous, tel un joli couple(1).
Beaucoup de non-dits entre eux deux mais des sentiments qui crèvent l’écran au détour d’un regard sous la très belle caméra d’Ann Hui.
Le plan fixe sur la poêlée de langue de bœuf restera dans nos annales : comment dire autant de choses en fixant ainsi sa caméra sur une casserole !
Ann Hui est une grande artiste et son histoire simple est servie par deux excellents acteurs : saluons au passage la prestation de Andy Lau(3) qui donne véritablement corps à cette histoire en “réponse” ou en miroir à sa mamie Ah Tao(4).
Vraiment, essayez de trouver un ciné ouvert avec Une vie simple encore au menu, pour savourer la cuisine pleine d’émotion d’Ann Hui.
(1) - évidemment aucun sous-entendu dans le film même si le jeune Roger ne semble avoir ni épouse ni même petite amie
(2) - on vous laisse imaginer l’ambiance d’une maison de retraite surpeuplée de Hong-Kong pour vieilles gens peu valides et peu fortunées (mais on a la même chose ici évidemment)
(3) - le rôle de Ah Tao incarné par Deanie Ip est plus évident, plus facile et bénéficie d’emblée de notre empathie, mais bien sûr cela n’enlève rien au mérite de la dame d’ailleurs couronnée de lauriers
(4) - Deanie Ip serait (dans la vraie vie) la marraine de Andy Lau ! Andy Lau qui endosse le rôle de Roger Lee qui n’est autre que le producteur du film et dont l’histoire a inspiré le scénario !
Pour celles et ceux qui aiment les gens simples.
C’est Le Monde qui en parle le mieux avec Filmosphère.
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