jeudi 16 mai 2024

Des promesses sous les balles (Adrian McKinty)


[...] Vous êtes un bon, inspecteur Duffy. Pour un catholique.

L'auteur, le livre (448 pages, 2024, 2015 en VO) :

Adrian McKinty est un irlandais de la région de Belfast qui est parti vivre aux US puis en Australie et qui aura longtemps attendu le succès [clic].
On l'avait découvert en 2013 avec Une terre si froide, première enquête de son héros Sean Duffy, un flic catholique égaré dans les rangs de la police protestante d'Ulster.
L'Irlande est à feu et à sang, nous sommes dans les années 80, c'est l'époque des fameux "Troubles" et voici le quatrième épisode de la série : Des promesses sous les balles.
Et chic, ce n'est pas le dernier, d'autres enquêtes attendent leur traduction dans ce qui au départ ne devait être qu'une trilogie.

♥ On aime :

 Comme à l'accoutumée, Adrian McKinty soigne tout particulièrement le contexte de ses bouquins : c'est d'ailleurs tout l'intérêt de cette série qui se déploie en Ulster aux temps des "Troubles", une époque et un conflit que l'on a vite oubliés.
En 1985, la région est toujours sous haute tension : Margaret Thatcher vient de signer les premiers accords avec l'Irlande qui ravivent les clivages entre les communautés. Duffy et ses collègues sont régulièrement réquisitionnés dans les brigades anti-émeutes. IRA, MI5, milices orangistes et Special Branch font partie du décor.
Un brin paranoïaque, le flic catholique vérifie soigneusement sa voiture avant de démarrer, des fois que les jeunes du quartier lui aurait collé une bombinette sous le châssis. Un véritable running gag à l'ironie un peu amère.
[...] Je me penche pour vérifier que nulle bombe ne se trouve sous la BMW avant de m’asseoir au volant.
[...] Je vérifie sous la BMW, pas de bombe, et m’assieds au volant.
[...] Je regarde sous la BM s’il y a une bombe, n’en vois pas, m’assieds au volant et allume la radio.
[...] Coup d’œil sous la BM : pas de bombe aujourd’hui, mon pote.
[...] Je me rase, je me douche , je mets un costume, je regarde sous la BM et je vais au poste.
 Il faut se laisser porter par le rythme musical du bouquin, l'ironie grinçante et amère de l'auteur et la personnalité attachante de Sean Duffy. Car si les investigations policières piétinent, les affaires de cœur de Duffy n'avancent guère mieux : Sean est tiraillé entre quelques disques de bonne musique, quelques verres de whisky ou quelques pintes de bière, une jeune et jolie journaliste et une charmante connaissance du MI5 qui voudrait bien le recruter. 
Un intello, cet inspecteur ingérable qui n'hésite pas à convoquer Tarkovski, Thucydide, Toru Takemitsu ou Matsuo Basho : à vos recherches wikipédia !
Ce personnage porte assurément sur ses épaules tout le charme de cette série. Sean Duffy traverse son époque avec la sagesse tranquille d'un extra-terrestre survolant notre incompréhensible planète.
[...] Je ne me ressemble pas vraiment, sapé comme je suis, mais c’est sans doute une bonne chose.
[...] — Je suis bon dans le métier. Meilleur que beaucoup.
— La hiérarchie ne t’aime pas, Sean. Tu passes pour quelqu’un d’irrespectueux, pour un franc-tireur qui pose plus de problèmes qu’il ne le vaut.
[...] — Ah , tout de même, vous êtes un bon, inspecteur Duffy. Vous savez. Pour un catholique, quoi.
— Merci.

Le pitch :

Sean Duffy est peut-être le seul flic catholique de l'Ulster protestant mais il a suffisamment de flair et d'intuition pour aller fouiller derrière les apparences de ce qui pouvait ressembler à un drame familial. 
Surtout lorsque le fils, principal suspect, a le bon goût de se jeter de la falaise. 
Voilà un suicide bien commode ... et il y en aura bientôt un second !
Dans le climat insurrectionnel et délétère du pays, l'enquête va avancer péniblement car ici, personne ne parle pas à la police.
[...] Réunion en salle d’enquête. Rien du côté de la police scientifique. Nada du côté des témoins. Idem avec la Ligne anonyme, avec notre portrait-robot, avec le moindre élément en rapport avec l’affaire. Voilà comment toutes les enquêtes pour meurtre périclitent en Ulster. Personne ne sait rien. Personne ne dit rien.
Sachez tout de même que le récit de Adrian McKinty assemble plusieurs faits véridiques dont un des habituels cafouillages des barbouzes étasuniens dont on ne dira rien de plus ici pour ne pas divulgâcher l'intrigue du bouquin. La fin de cet épisode ne sera guère réjouissante.

Pour celles et ceux qui aiment le whisky et la bière.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions Fayard (SP).
  

lundi 13 mai 2024

De neige et de vent (Sébastien Vidal)


[...] Vous pouvez encore faire demi tour.

L'auteur, le livre (270 pages, 2024) :

Sébastien Vidal est un auteur français qui vit en Xaintrie, et qui, avec De neige et de vent, se lance dans le polar et nous invite dans les montagnes à la frontière italienne pour un polar noir.

On aime un petit peu :

 Un huis-clos à ciel ouvert dans un village reculé de montagne. Un étranger rejeté par les habitants. Une histoire qui lorgne du côté du Rapport de Brodeck. Un petit air de western et de Fort Alamo. Voilà qui avait de quoi allécher le lecteur qui passait par les Alpes à la frontière italienne.
[...] L’arrivant se penche et se rapproche pour lire une phrase inscrite à la peinture sous le nom du village : vous pouvez encore faire demi tour.
 Mais Sébastien Vidal a choisi de brosser son tableau en noir et blanc, sans aucune des 50 nuances de gris. Ses villageois montagnards sont bas du front, violents, racistes et peut-être consanguins. C'est bien dommage parce que le trait est forcé au point qu'on n'y croit guère.
 La bonne histoire est finalement mal servie par une écriture empesée et le grincheux a eu un peu de mal avec la prose très affectée de l'auteur : les effets de vocabulaire, les mots à la mode (rrraah cet horripilant "coruscant" qui brille désormais trop souvent sous les plumes dites branchées !), tout cela ne rend la lecture ni très fluide, ni très agréable. Passe encore lorsqu'il s'agit de décrire les évènements mais le texte perd toute crédibilité quand il s'agit d'entrer dans la tête des personnages.
[...] Il voit un homme tout blanc tenant un smartphone à l’œil coruscant.

L'intrigue :

Les Alpes près de la frontière italienne, un village reculé, isolé de la vallée par une tempête de neige. La fille du maire y est retrouvée assassinée. Au même moment un étranger arrive qui cherche un abri pour la nuit. Tous les ingrédients du polar noir sont donc réunis pour le drame !
[...] Tu as vu comme ils nous regardent passer quand on vient ? Les gens de ce bled m’ont toujours fait penser au roman Délivrance, tu as l’impression que ça peut dégénérer n’importe quand, pour n’importe quoi. Tu m’étonnes que les touristes traînent pas trop dans le coin.
[...] – Soupçonnés ? Juste soupçonnés ?
– Ici, ce qui compte c’est pas vraiment les preuves, c’est l’intime conviction, rétorque Orazio.
[...] Je pense qu’il n’y a rien de plus bête et dangereux qu’une foule en colère. Le nombre décime les conventions sociales, l’intelligence est divisée par le nombre d’individus.

Pour celles et ceux qui aiment les montagnards.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce aux éditions Le mot et le reste (SP).

 

mercredi 8 mai 2024

Norferville (Franck Thilliez)


[...] Un caillou de fer dans un désert de glace.

L'auteur, le livre (456 pages, 2024) :

Franck Thilliez est l'un des auteurs français de polars "mainstream" les plus en vue. La série des Sharko c'est lui. 
Des polars qui flirtent souvent avec le fantastique ou l'ésotérique mais dont la violence est hélas bien ancrée dans le réel.
Cette fois avec Norferville, il délaisse son Sharko fétiche et cède aux sirènes du grand nord après d'autres auteurs de polars français : Ian Manook en Islande, Olivier Norek à Saint-Pierre-et-Miquelon, ... qui ont suivi sur la neige les traces laissées par Olivier Truc ou Mo Malo

Le contexte :

Norferville a beau être un lieu imaginaire, on s'y croirait !
Comme de coutume, Franck Thilliez soigne le décor de son polar d'une plume très suggestive : nous voici tout au nord du Québec, à 700 kilomètres de Montréal, dans l'une des gigantesques mines ouvertes sur les terres des indiens Innus (le Nitassinan). 
Les colons blancs y sur-exploitent la Fosse du Labrador qui contient un minerai de fer de grande pureté. 
[...] Norferville restait ce qu’elle était : un caillou de fer dans un désert de glace.
[...] — Norferville, c’est un autre monde. Il faut le voir pour le croire. Un territoire de glace coupé de tout où des Blancs et des autochtones essaient de cohabiter avec, entre eux, l’exploitation d’une gigantesque mine de fer.
Dans ce lieu glacé difficilement accessible (et pas du tout en cas de tempête de neige : un endroit idéal pour un huis-clos à ciel grand ouvert !) cohabitent bien difficilement les communautés de blancs et d'indiens. 
Au milieu, les "Pommes" : rouges dehors, blancs dedans, les métis rejetés par les uns comme par les autres.
Il sera beaucoup question de violences faites aux indiens et surtout aux femmes indiennes : quelques blancs, tendance suprémacistes, sont adeptes de la "cure géographique" (starlight tour au Canada anglophone), une pratique que les femmes autochtones ne dénoncent pas toujours, par honte ou par peur.
[...] Un dicton dit qu’on a tous, ici, du sang indien. Si ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains.
[...] — Faut que je te dise… ça fait un petit bout de temps que les autochtones sont nerveux.
— Comment ça, nerveux ?
— Je perçois une tension, quelque chose de pas normal dans la communauté, mais j’arrive pas à définir quoi précisément. Un peu comme quand on sent qu’une tempête se profile, qu’un truc change dans l’air. Ils traînent moins dans les rues, ils viennent faire leurs courses et ils rentrent vite chez eux. Ceux que j’amène au poste décrochent pas un mot. C’est pas habituel.

Le pitch :

Dans la "ville" minière de Norferville, au fin fond des plaines glacées du Québec, une jeune française est retrouvée dans la neige, sauvagement assassinée et mutilée.
Son père Teddy Schaffran (un criminologue privé, tendance profiler, à qui il manque un oeil) débarque de France avec son passé tourmenté. 
Sur place, Noémie Rock, une fliquette métisse est chargée de l'enquête dans ce coin perdu où elle n'a pas de très bons souvenirs.
La rencontre de ce duo d'enquêteurs est prometteuse :
[...] Elle découvrit alors la face de marbre d’un homme qui semblait jailli du fond des âges. Grand, solide, le visage marqué de petites rides qui, avec les températures, formaient comme des crevasses. Elle scruta d’abord le rond de cuir et regarda finalement l’autre œil, peut-être plus noir encore que l’artifice côté gauche.
— Je suis Teddy Schaffran. Je veux voir ma fille.

♥ ♥ On aime beaucoup :

 Franck Thilliez arrive ici à nous faire ressentir le froid : "Je suis fasciné par le froid, par la manière de le décrire, parce que c’est vraiment une sensation particulière, d’autant plus quand il est omniprésent. C’est une façon d’emprisonner les personnages, et mes lecteurs. [...] J’ai toujours eu le fantasme d’écrire une scène de blizzard." En ce lieu idéal, l'auteur souffle le froid dans une nature déchaînée aussi violente que les hommes qui l'habitent et le lecteur frissonne (c'est un thriller !) en pestant contre ses moufles, pas très pratiques pour tourner les pages du bouquin.
[...] — Je crois que je ne m’habituerai jamais à ce froid polaire.
— Ne vous plaignez pas, il n’y a pas encore de couche de glace au bas des fenêtres. J’ai connu ça, dans ma jeunesse. Un record à moins 57 °C. Il n’y avait pas d’école, évidemment. Les habitants laissaient tourner les moteurs des voitures toute la nuit, sinon elles ne redémarraient pas le lendemain. On ramassait même des chauves-souris au pied des arbres, les pauvres étaient complètement givrées. Une sorte de fumée de mer arctique, mais partout dans la ville.
[...] — Moins 18 °C. C’est la température de la mort douce. Il paraît que, quand on reste sans bouger trop longtemps sous cette température, il y a, à un moment donné, quelque chose d’agréable qui vous enveloppe, votre cerveau se met à déconner et vous enlevez vos  vêtements sans vraiment vous en rendre compte.
On appelle ça le « déshabillage paradoxal »… Vous vous endormez et vous ne vous réveillez plus.
[...] — Ça pourrait faire un bon début de polar, nota Teddy pour tenter de détendre l’atmosphère. Un homme et une femme coincés dans une voiture au cœur d’un désert de glace, alors qu’une tempête approche.
— Ou une mauvaise fin.
 Comme à son habitude, Franck Thilliez lorgne du côté du fantastique en convoquant ici la légende du Windigo (qu'on connait depuis Joseph Boyden et d'autres), ce croquemitaine indien inventé peut-être pour faire peur aux enfants mais plus sûrement pour lutter contre le cannibalisme qui a pu sévir jadis en cas de famine.
[...] Les témoignages étaient cohérents et menaient tous à une entité unique  : le Windigo.
Chaque fois que le nom avait été évoqué, la jeune femme avait capté le même éclat dans les yeux de ses interlocuteurs. La peur, une terreur irrationnelle jaillie de légendes ancestrales. 
[...] La créature, mi-homme, mi-animal, a un cœur de glace. Elle vit dans les profondeurs de la forêt et se rapproche de nous lorsqu’elle est très en colère.
Elle se nourrit de tout ce qui vit, avec une préférence pour la chair humaine.
[...] D’après ce que j’ai lu, la légende serait née pour empêcher la pratique du cannibalisme dans les communautés autochtones. Il y a en effet déjà eu des précédents lors de famines extrêmes dues à l’isolement et à l’absence de gibier, surtout l’hiver. 
 La violence de la nature et du froid fait écho à celle des hommes. Des hommes qui n'aiment pas les femmes. Un polar très dur et sans concession - c'est du Franck Thilliez !

Pour celles et ceux qui aiment les croquemitaines.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce aux éditions Fleuve.
Ma chronique relayée dans le journal 20 Minutes.

mardi 7 mai 2024

Les âmes noires (Aurélien Ducoudray / Fred Druart)


[...] - Bien sûr. Tous les dés sont truqués ...

Les auteurs, l'album (128 pages, 2024) :

Aurélien Ducoudray met son expérience de journaliste au service de ses scénarios : la Bosnie, la Tchétchénie, ... et ici la Chine profonde.
Et c'est Fred Druart qui est aux pinceaux de ce "polar documentaire" : Les âmes noires.
Quelques planches ici.

♥ On aime :

 On aime beaucoup le sujet dont se sont inspirés Ducoudray et Druart.
L'idée est curieuse mais idéale pour les curieux. 
Leur récit est basé sur un documentaire (de 2008) du cinéaste chinois Wang Bing : L'argent du charbon.
Ne gardant que l'essentiel, Ducoudray a épuré scénario et dialogues jusqu'à l'os, exactement comme il convient dans cette région sèche et pauvre où il ne fait pas bon vivre.
 Au diapason, Druart illustre cette courte histoire avec un dessin nerveux et délibérément "sale" qui fait ressortir le côté terreux et pierreux des paysages.

L'album :

Nous sommes au fin fond de la Chine du nord, dans une région minière reculée, sans doute la province de Shanxi près de la Mongolie.
Entre la gigantesque mine de charbon et les usines ou les ports, une noria de vieux camions bringuebalants sillonnent une mauvaise route. Dans ces régions arides, pauvres et désolées, l'or noir est l'objet de toutes les convoitises et de tous les trafics.
Yuan est chauffeur de camion sur cette route du salaire de la peur, mais un salaire de misère. 
Son camion, c'est ce qui les nourrit, lui, sa femme et sa fille.
[...] - Assieds-toi, tu veux jouer ?
- Tu joues quoi ?
- Ton camion.
- Contre ?
- Mon commerce ?
[avec les dés en main] - Ils sont truqués ?
- Bien sûr. Tous les dés sont truqués ...
On doit rien laisser au hasard dans la vie, ça serait bien trop dangereux.

Pour celles et ceux qui aiment les petites gens.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à Babelio Masse Critique et aux éditions Dupuis (SP).

lundi 6 mai 2024

Après minuit (Gillian McAllister)


[...] Je passe une drôle de journée, c’est tout.

L'auteure, le livre (400 pages, 2024, 2021 en VO) :

Gillian McAllister est une auteure britannique de polars à succès, des psycho-thrillers, connue pour son premier roman Jusqu'à ce que la vérité nous sépare qui date de 2017, 2018 en VF.
Elle vit à Birmingham où elle est avocate, tout comme son héroïne.
Après minuit (Wrong place, wrong time en VO) s'annonce comme un étrange roman à énigme où le temps s'écoule de façon curieuse, un peu à la manière de un jour sans fin ...
Gillian McAllister a écrit son roman pendant le Grand Confinement et dit avoir été initialement inspirée par une série de 2019 : Poupée russe. Elle a voulu écrire "un roman policier où l’on doit empêcher la fin, et raconté à reculons".

Le pitch :

Jen, une maman de Liverpool aperçoit un soir à sa fenêtre son grand fils Todd rentrer à la maison et ... poignarder un inconnu dans la rue ! Sans raisons, ni explications.
[...] – J’étais obligé », répète Todd, plus insistant.
Après une nuit éprouvante au commissariat, Jen se réveille ... la veille du jour fatal ! 
Le surlendemain, elle se réveille ... l'avant-veille ! Et ainsi de suite, jour après jour, perdue dans une boucle temporelle, la maman du fils assassin remonte le temps. Alors que personne ne la croit (évidemment) et que chaque "jour" précédent défait ce qu'elle a pu assembler et qui n'est donc pas encore arrivé (une Pénélope du temps), pourra-t-elle éviter le drame qui attend son fils dans quelques jours ?
[...] Sauf erreur de sa part, demain sera mercredi. Puis ce sera mardi. Et ensuite ? Un retour en arrière perpétuel ? Elle vomit encore , cette fois dans l’évier de la cuisine, le café noir sucré, toute la panique et l’incompréhension.
[...] Ce n’est pas comme ça que se passe dans les films ? Les protagonistes interviennent dans l’histoire. Ils ne peuvent pas y résister, ils deviennent gourmands, ils jouent à la loterie, ils assassinent Hitler.

On aime :

 Ô lecteur, sache bien que tu auras vraiment beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire invraisemblable imaginée par l'auteure ! Tout comme Jen l'héroïne d'ailleurs. Pourquoi donc Gillian McAllister s'est-elle embarquée dans un pareil scénario ?! Et toi, qu'es-tu venu faire ici ? Où tout cela va-t-il te mener, si cela mène bien quelque part ? Tu te retrouveras partagé entre le doute raisonnable du sceptique et l'envie furieuse de connaître le fin mot de cette histoire de la marmotte revisitée à rebrousse-poil.
 Mais peu à peu, cette surprenante intrigue trouvera son rythme et toi aussi, lecteur : finalement Gillian McAllister maîtrise bien son coup (te voilà rassuré !) et c'est un peu comme une enquête policière montée à l'envers. Tu penseras peut-être à des histoires vues à l'écran comme Memento, Vortex, 13 reasons why, Poupée russe, Plan B, ... 
Et chaque jour "passé" sera l'occasion pour l'héroïne Jen de rebondir sur une nouvelle piste et pour toi d'explorer une nouvelle explication du pourquoi du comment ...
 Dans ce psycho-thriller domestique au montage original mais qui s'avère plus classique qu'il n'y paraissait, tu ne pourras que prendre fait et cause pour Jen, cette femme de Liverpool qui fait de son mieux, dans son rôle d'épouse et mère comme dans son rôle d'apprentie voyageuse temporelle. Ce roman, plus classique qu'il n'y parait, est également le portrait d'une femme attachante.
[...] Elle a fait de son mieux. Et même quand elle n’y est pas arrivée, son sentiment de culpabilité est une preuve comme une autre : elle a voulu faire de son mieux pour lui, pour son petit garçon.

Pour celles et ceux qui aiment retourner vers le futur.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions Sonatine (SP).