vendredi 27 juillet 2007

Rouge-gorge (Jo Nesbo)

Harry Hole nous donne une leçon d'histoire.

On a déjà eu l'occasion d'évoquer les polars du norvégien Jo Nesbo.
Le revoici avec Rouge-Gorge, une nouvelle enquête de l'inspecteur Harry Hole.
Côté détectives un brin désabusés, Harry Hole, c'est un peu le chaînon manquant entre le Harry Bosch (tiens, Harry ?) de l'américain Michael Connelly et le Kurt Wallander du suédois Henning Mankell.
Et décidément, après Le retour du professeur de danse de Mankell, La femme de Bratislava du danois Leif Davidsen, Millenium du suédois Stieg Larrson, et bien d'autres, les pays nordiques n'en finissent pas d'explorer les années noires de leur collaboration avec le nazisme.
[...] Fauke ne se réjouissait pas franchement à l'approche de la fête nationale. 
« C'est gonflant. Et trop de drapeaux. Pas étonnant qu'Hitler se soit senti chez lui au milieu des norvégiens, notre âme populaire est frénétiquement nationaliste. C'est juste qu'on n'ose pas l'admettre. »
Ici, un peu comme dans le Retour du professeur de danse, deux histoires se font écho à quelques années de distance : la guerre (sur le front Est, du côté de Leningrad) et des meurtres bien contemporains - vengeance et règlement de comptes ?
Double suspense et intrigue complexe et riche en personnages qui nous tiennent en haleine jusqu'au bout de cet excellent polar.
Un polar qui nous en apprend aussi beaucoup sur nos voisins norvégiens.
[...] « Les États-Unis sont un peu plus qu'un allié » commença Brandhaug avec un sourire invisible. Il dit cela sur le ton de quelqu'un qui raconte à un étranger que la Norvège a un roi et que sa capitale est Oslo.
« En 1920, la Norvège était l'un des pays les plus pauvres d'Europe, et elle le serait sans doute encore sans l'aide des USA. Oubliez la réthorique des hommes politiques. L'émigration, le plan Marshall, Elvis et le financement de l'aventure pétrolière ont fait de la Norvège le pays qui est probablement le plus pro-américain au monde. »
L'occasion aussi de découvrir la légende d'Urias qui fut envoyé au combat (et à la mort) par David qui convoitait son épouse Bethsabée.

D'autres en parlent ici ou .

mercredi 25 juillet 2007

De soie et de sang (Qiu Xiaolong)


L'inspecteur Chen s'attaque à un tueur en série ?

Nous sommes depuis longtemps fans et accros des enquêtes de l'inspecteur Chen Cao et des polars shanghaïens de Qiu Xiaolong.
On s'est donc jeté avec un même enthousiasme sur le dernier épisode : De soie et de sang (le titre original faisant plutôt allusion à la robe rouge traditionnelle, le qipao dont sont habillées les victimes).
Cette fois, Qiu Xiaolong s'attaque à un serial-killer, chose plutôt inattendue dans le folklore chinois auquel il nous avait accoutumés.
Est-ce cela qui nous a dérouté ?
Est-ce un terrain trop balisé par les "américains" du genre ?
Est-ce le charme de la découverte qui s'émousse et la routine qui s'installe ?
Quoiqu'il en soit on retrouve la ville de Shanghaï et le décor habituel des romans de Qiu Xiaolong : cuisine chinoise (hmmm la cervelle de singe vivant ...), poésie et littérature, trafics politiques, traumatismes encore vivaces de la Révolution Culturelle et plaies mal refermées, ... mais on n'accroche pas tout à fait à l'intrigue policière, et on peine pendant la première moitié du bouquin à suivre les traces d'un inspecteur Chen qui, comme nous, semble hésiter entre l'enquête et sa dissertation littéraire ...
Un peu déçus par ce dernier épisode donc, ce billet est l'occasion de vivement vous conseiller de découvrir (si ce n'est déjà fait) Qiu Xiaolong par ses précédents polars, tous excellents et la plupart en format poche (voir des extraits au format PDF).

Cathe partage un peu notre avis, Michel est plus enthousiaste.

vendredi 20 juillet 2007

La brocante Nakano (Kawakami Hiromi)

Un peu du charme des Années douces.

Kawakami Hiromi nous avait enchantés avec Les années douces.
On a donc poussé avec enthousiasme la porte de la boutique de Nakano-san, brocanteur à Tôkyô.
Mais une fois entrés, on n'a pas retrouvé tout à fait le même plaisir que celui qu'on avait eu à suivre Tsukiko et son professeur qui picolaient dans les bars pendant les années douces.
La brocante Nakano procède toujours du même esprit : la description minutieuse des petits riens de la vie, on passe du coq à l'âne et du fil à l'aiguille, on suit le charme des conversations.
De l'influence du minuscule : les paroles, les odeurs et les bruits qui rythment la vie.
Cette brocante-là, c'est un sympathique bric à brac (le rythme des chapitres suit un peu celui des objets qu'on achète et qu'on vend, qui passent de mains en mains), un bric à brac des choses mais aussi de la vie et des sentiments.
Une boutique dans laquelle nous guide Kawakami Hiromi, jusqu'à une très belle fin.
[...] Quand je lui ai demandé une fois, tu aimes ce café, Takeo a eu l'air surpris. Si j'aime ce café ? ll n'avait pas l'air de comprendre. Mais oui, écoute, tu achètes toujours le même, non ? Takeo m'a répondu qu'il ne s'en était jamais aperçu. Tu as vraiment le don de remarquer de ces détails, Hitomi ! 
[...] M. Nakano l'a regardé s'éloigner en soupirant avec ostentation.« Qu'est-ce qu'il y a ? » ai-je demandé. M. Nakano avait envie qu'on lui demande ce qu'il y avait. Lorsqu'il pousse des soupirs ou marmonne tout seul, c'est qu'il a envie de parler à quelqu'un.
Mais vous l'avez compris, on aura quand même préféré Les années douces.

D'autres en parlent joliment ici et Télérama aussi.

vendredi 13 juillet 2007

La petite pièce hexagonale (Yoko Ogawa)

La reine japonaise de l'étrange.

Après L'annulaire, voici de nouveau une étrange nouvelle (100 pages) de l'étrange Yoko Ogawa.
La petite pièce hexagonale est une sorte de mystérieux confessional en bois géré par un couple de mystérieux gardiens.
On y entre et s'y asseoit pour s'y raconter, tout seul : une pièce à raconter, à se raconter.
[...] Il n'y a pas d'erreur dans ce que m'a dit Yuzuru, n'est-ce pas ? Il s'agit bien d'une petite pièce qui ne sert à rien d'autre qu'à raconter. 
[...] Mais la première fois qu'il m'a expliqué le mécanisme, j'ai été désorientée. Comme jusqu'alors je n'avais jamais entendu parler de l'existence d'une telle chose au monde, je n'ai pas été tout de suite convaincue.
[...] En fait ça ressemble à un monologue, c'est ça ? Une boîte où l'on peut murmurer tout seul autant qu'on veut, dans le style qu'on aime, sans se soucier du regard des autres.
Étrange poésie autour de ses monologues introspectifs : on chancelle à la limite du surréalisme, on reste toujours sur le fil du couteau à sushis entre poésie et fantastique.
Réservé quand même aux amateurs ...
À suivre également : La Bénédiction Inattendue et Les Paupières, ses deux derniers recueils de nouvelles (excellents !). 

La bio de Yoko Ogawa sur Evene.fr et un site sur ses différents romans et nouvelles.

vendredi 6 juillet 2007

Echo park (Michaël Connelly)

Harry Bosch aux affaires classées - 2.


Après Deuil interdit qui nous avait permis de remettre Michael Connelly au goût du jour sur ce blog, voici le deuxième épisode de la nouvelle série des "affaires classées" : Echo Park.
Toujours accompagné de sa coéquipière black Kiz Rider, l'inspecteur Harry Bosch retrouve également cette fois son ex-amie du FBI : Rachel Walling.
[...] - Je t'ai appelée en me disant que tu ne serais peut-être pas fâchée de remettre tes anciens talents à contribution. 
- Tu veux dire ... comme profileuse ? 
- En quelque sorte. Demain il faut que j'affronte un type qui reconnait être un tueur en série et je n'ai toujours aucune idée de ce qui le fait fonctionner. Il veut avouer neuf meurtres pour conclure un accord qui lui évitera l'aiguille. Je dois être sûr qu'il n'est pas en train de nous rouler. Il faut que j'arrive à savoir s'il dit la vérité avant de me retourner vers les familles ... du moins celles dont on a entendu parler ... et de leur dire qu'on tient leur bonhomme. 
Il attendit un instant qu'elle réagisse. Voyant qu'elle n'en faisait rien, il poursuivit. 
- J'ai quelques crimes, deux ou trois scènes de crime et des analyses scientifiques. J'ai aussi des photos et l'inventaire de ce qu'il y avait dans son appartement. Cela dit, je ne le sens pas.
Harry Bosch, c'est un peu le Don Quichotte du LAPD de Los Angeles. Toujours en guerre contre les magouilleurs de l'appareil policier et de l'institution judiciaire.
Le voici aux prises avec un avocat véreux, un district attorney en campagne électorale et des chefs ripoux, rien que ça.
Mais précisément, dans cet épisode, on a l'impression que Connelly en fait un peu trop, dans le registre "tous corrompus".
Et pour tout dire, on aura préféré Deuil Interdit, vraiment excellent ... et en format poche.
Il reste qu'Echo Park est quand même un très bon polar dont la fin laisse planer un parfum de doute avec un Harry Bosch pas forcément à son avantage ... 

D'autres blogs en parlent sur Critico-blog et Cathe ici.