La trilogie moscovite ? Pas sûr ...
Moscou. 1936.
L'Union Soviétique est entre deux guerres, se remettant difficilement de l'une, préparant déjà activement la suivante. Staline fait creuser le métro de Moscou, les hommes forts du régime se bousculent à la tête des polices politiques, l'ancienne Tchéka et le nouveau NKVD.
En ville, la dénonciation politique est encore le meilleur moyen de rendre vacant un appartement ou plus exactement une chambre dans un appartement communautaire.
C'est dans ce contexte social et politique que l'écrivain anglo-irlandais William Ryan a choisi de situer une série d'enquêtes policières menées par l'inspecteur Korolev du 38 rue Petrovka (qui - hasard de la numérologie - est à Moscou ce que notre 36 quai des Orfèvres est à Paris).
Premier épisode : Le royaume des voleurs.
Avec quelques cadavres salement amochés qui semblent sortir inexplicablement des caves d'interrogatoires de la Loubianka, habituellement réputée pour sa discrétion et sa propension à l'oubli.
[…] Popov pointa de nouveau le tuyau de sa pipe en direction de l’église.
– C’est une horreur, Korolev. Un type est entré là-dedans cette nuit et… Il fit signe au capitaine de le suivre dans l’église.
– Ce n’est pas beau à voir. Et si on ne l’arrête pas rapidement, il recommencera. Il y a pris goût… je le sens.
Coincé ou manipulé par les différentes polices politiques, l’inspecteur Korolev ne sait pas trop où il met les bottes.
[…] Soyez prudent, capitaine. Vous avez affaire à des individus prêts à tuer pour se protéger, car s’ils se font prendre… Gregorine se leva sans achever sa phrase. Korolev l’imita.
– Expliquez-moi, camarade colonel, une fois encore, pourquoi est-ce que le NKVD n’enquête pas directement ? Gregorine montra la porte.
– Je vous raccompagne. Il ne dit rien de plus.[…] Quand, cinq minutes plus tard, il découvrit qu’une jeune femme l’observait dans le reflet d’une vitrine du magasin Torgsin, il maudit le jour où Popov lui avait confié cette foutue affaire. L’enquête commençait à suivre son propre chemin et il n’était pas sûr d’apprécier ce qu’elle lui réservait.
En prime, un trafic d'icônes religieuses, trafic peu orthodoxe, encore moins socialiste mais assurément très lucratif.
Et finalement, une intrigue un peu confuse qui s'appesantit un peu trop longuement sur la caste des ‘voleurs’ comme si William Ryan voulait absolument se raccrocher au thème à la mode ces dernières années de la mafia russe et de ses voleurs dans la loi (vori v zakone - Вор в законе).
Bien entendu, le parallèle avec la Trilogie berlinoise est tentant et d'ailleurs mis en avant par plusieurs critiques. Malheureusement, William Ryan n'est pas Philip Kerr et son livre souffre plutôt de la comparaison : le personnage principal manque un peu d'épaisseur, le souffle historique ne décoiffe pas tout à fait autant, l'humour n'est pas vraiment au rendez-vous et l'intrigue est inutilement emberlificotée.
Il n'est donc pas certain que l'on reparte bientôt pour Moscou en 1936 aux côtés de Korolev.
Ce premier épisode nous aura seulement permis de (re)découvrir cette époque et ce pays si particuliers et si attachants, un peu en marge des clichés politico-historiques habituels.
Et de partager un peu la ferveur du peuple russe pour ses icônes et en particulier la Kazanskaya, celle de Notre-Dame de Kazan, réputée protéger le pays des invasions étrangères.
Plutôt qu'avec la Trilogie berlinoise, on fera le parallèle avec le 38 rue Petrovka des frères Vaïner qui décriront le même milieu socio-politique quelques années plus tard, après une nouvelle guerre, encore une.
Pour celles et ceux qui aiment Moscou.
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1 commentaire:
Bonsoir, j'ai lu ce roman il y a 2 ans: je l'avais pas trouvé terrible. On peut s'en passer. Bonne soirée.
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