Après Tito Topin, voici un peu dans la même veine, encore un petit polar noir bien agréable à lire et encore un nouvel auteur pour ce qui nous concerne.
Jim Thompson fut un auteur du début du siècle dernier, publié en français dans la fameuse Série Noire (ici, c'est une nouvelle traduction chez Rivages/Noir). Et pour poursuivre le parallèle avec Tito Topin, Jim Thompson travaillera également pour le cinéma (scénariste par exemple des Sentiers de la gloire de Kubrick). Il devrait nous être connu également comme l'auteur du roman 1280 âmes (adapté par Bertrand Tavernier dans Coup de torchon). En attendant de (re-) lire 1280 âmes (ou 1275 dans la première VF !), voici donc une nouvelle traduction de L'échappée (adaptée au cinéma également, ce fut Sam Peckinpah avec Guet-Apens).
Doc McCoy sort de prison et reprend du service comme gentleman-flingueur.
[...] Doc était fait pour le crime, pour les entreprises de grande envergure auxquelles il en arriva rapidement. Personne n'avait la faculté de s'adapter aux particularités d'un coup aussi facilement que lui, personne n'était capable de planifier avec autant de perspicacité, personne n'était aussi impavide et imperturbable.
Il aimait son métier. Abordant à l'âge de vingt-cinq ans une lourde peine de prison, il n'en était pas moins demeuré fidèle à son engagement. Son butin, au cours des cinq dernières années, s'élevait à plus de cent mille dollars par an. Pour une somme pareille, on pouvait se permettre de prendre patience un certain temps. Il pourrait mettre à profit son inactivité forcée pour se défendre, nouer de nouveaux contacts, améliorer sa connaissance du monde criminel et planifier de nouveaux coups.
Ça commence par les retrouvailles avec des complices et la belle et jeune Carol (il était temps que Doc sorte de taule), son épouse, muse et complice. Le hold-up s'organise.
Mais les grains de sable s'accumulent obligeant chaque fois Doc à revoir et ajuster ses plans.
Et donc les cadavres s'empilent.
Les péripéties seront on ne peut plus classiques (Jim Thompson est l'un des fondateurs du genre) et on ne sait trop ce qui fait le charme indéfinissable de ce roman : une écriture fluide et claire qui a l'air de ne pas y toucher (et qui est sans doute rehaussée par la nouvelle traduction, moderne et bien lisible), une sorte d'humour noir pince sans rire (bien différent de celui de Westlake par exemple), une galerie de personnages piqués des hannetons et sans doute et surtout le couple improbable que forment Doc et Carol, façon je t'aime moi non plus (leurs retrouvailles après quand même plusieurs années de taule pour Doc, sont un véritable régal de sous-entendus et de non-dits !).
Et puis en fin de cavale, on ne manquera pas la découverte du royaume d'El Rey (au Mexique, où viennent se réfugier les truands en fuite) : ça vaut le voyage et ces dernières pages devrait figurer en bonne place dans tous les manuels et annales d'économie (on vous laisse découvrir à votre tour).
[...] En fait, il n'y a pas de meurtres. Officiellement il n'y en a aucun. Le taux de mortalité très élevé découle des nombreux suicides et de la propension qu'ont les immigrants à succomber à des accidents.
Peut-être pas le roman le plus notable de Jim Thompson mais certainement de quoi nous mettre en appétit de cadavres, en soif de nouveaux braquages, en attendant la nouvelle traduction (et donc la réédition par Rivages) des fameuses 1280 âmes ... la rumeur bruisse que ce serait pour très bientôt.
Pour celles et ceux qui aiment les cavales.
D'autres avis sur Babelio. Le billet de Jean-Marc.
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