lundi 16 septembre 2024

Le bruit de nos pas perdus (Benoit Severac)


[...] Elle écoutait le bruit de ses pas perdus.

L'auteur, le livre (288 pages, septembre 2024) :

On profite de la Rentrée littéraire 2024 pour prendre le train en route et rattraper notre retard : on ne connaissait pas encore Benoit Séverac, auteur (entre autres romans et nouvelles) d'une série policière avec, en héros récurrent, le lieutenant Cérisol, chef de groupe à la PJ de Versailles.
L'épisode précédent s'intitulait Tuer le fils (février 2020).
Benoit Séverac est un touche-à-tout, il a même été berger au Larzac ou restaurateur de monuments funéraires (bon, d'accord on n'a pas choisi les moments les plus pertinents de sa bio !).
Cette tardive découverte (pour nous) ne peut que nous donner envie de lire d'autres romans de cet auteur.

♥ On aime :

 On aime l'ambiance "série tv" où l'on prend son temps pour dénouer lentement des intrigues parallèles et pour profiter pleinement de l'équipe chargée des enquêtes. 
Les personnages sont joliment dessinés (ah les confitures d'abricots du lieutenant Cérisol !) et les dames ne sont pas là que pour le décor : le livre passe allègrement le fameux test de Bechdel et la nouvelle recrue au nom imprononçable n'a pas sa langue dans sa poche.
Même des personnages secondaires (comme Fabienne, celle qui tient le resto du Chaudron) sont dépeints avec humour, ou bien avec tendresse, souvent un peu des deux, mais toujours avec soin.
 Avec Benoit Séverac, pas de tueur en série à la Franck Thilliez ni de poursuites survoltées à la Olivier Norek. On est plus proche de la veine très "sociologique" des polars nordiques.
Les vies privées de chaque personnage, les intrigues elles-mêmes, tout est prétexte à décortiquer un aspect ou un autre de notre société contemporaine.
 "Le bruit de nos pas perdus" fait partie de ces (rares) bouquins "gentils", dans le bon sens du terme, des bouquins bienveillants. Dans son polar, Benoit Séverac, n'entend pas nous emmener au fin fond du bas de la noirceur de l'âme humaine, celle d'un affreux tueur en série par exemple. Sans véritable meurtre ni assassin (c'est tout un art, subtil), il nous donne à voir notre société d'aujourd'hui. Bien sûr, même à Versailles, il y a des côtés un peu plus sombres que d'autres, des côtés qu'on n'a pas toujours envie de voir. Mais le final du bouquin (très réussi) reste du côté de l'espoir et de la bienveillance. Benoit Séverac est sans aucun doute un furieux optimiste : remercions-le de savoir nous partager son humanisme.

Le canevas :

Nous voici plongés au cœur de la SRPJ de Versailles aux côtés du lieutenant Jean-Pierre Cérisol qui mène une vie compliquée avec son épouse non-voyante. 
Son "groupe" comprend également le vieux portugais ronchon José Nicodemo, le jeune intello et taekwondoka Jean-Baptiste Grospierres et son alyah ratée, et enfin une nouvelle recrue, Sara Krzyzaniak, au nom polonais imprononçable, alors appelons-la "K" tout simplement.
Côté intrigue : d'un côté, le décès d'une jeune femme, un suicide trop évident pour être honnête, on va vite s'en rendre compte.
Et puis de l'autre côté, la découverte d'un cadavre dans un caveau funéraire. Rien de plus normal ? sauf que ni la famille ni personne ne le connait et ça fait vraiment désordre dans la bourgeoisie de Versailles !
En filigrane, entre deux chapitres, le voyage périlleux d'un réfugié tchadien à travers la Méditerranée, l'Italie et la France ... 
Où tout cela va-t-il nous mener ? Que cachent les façades en pierre de taille de la ville du Roi-Soleil ?

Pour celles et ceux qui aiment les séries policières.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce aux éditions de la Manufacture de Livres (SP).
Ma chronique dans la revue Actualitté.

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