Le parfum de la fleur de prunier.
Voilà un polar bien curieux : Seul demeure son parfum, du chinois Feng Hua.
Un vrai chinois de Chine, un chinois contemporain de la Chine d'aujourd'hui.
Le résultat est étrange : on est bien loin du style américain de Qiu Xialong par exemple.
Une écriture un peu décalée à nos yeux d'occidentaux.
Avec une sorte de naïveté explicative :
[...] - Demain je vais faire un tour à la mairie, mais je vais y aller doucement parce que l'affaire est classée, et la brigade criminelle veut terminer rapidement le travail d'archivage commencé sur Internet. Je ne crois pas qu'ils seraient d'accord pour que je reprenne cette affaire. Je vais être obligé de le faire discrètement.
Ou encore :
[...] Bien entendu, Pu Ke avait compris. Un policier ne peut pas suspecter les gens sans preuve, sur une simple intuition, c'est inacceptable, tant du point de vue de la loi que de celui de la déontologie.
C'est amusant. On hésite entre la naïveté de l'auteur, la difficulté de la traduction ou le souci culturel de s'adresser à plusieurs millions de lecteurs ! Un style pédagogique que l'on retrouve parfois dans les articles de journaux.
Ou dans d'aimables dialogues, comme ici entre deux amants :
[...] - Pu Ke, j'ai une idée, mais je ne sais pas si je dois te la dire ou pas.
- Bien sûr que oui, a tout de suite répondu Pu Ke, je sais que tu es intelligente.
- Toi, quand tu veux, tu sais faire mousser les gens !
Ou encore entre deux collègues :
[...] - Ce n'est pas le problème, on fait chacun un travail différent, tu te sers de ta tête et moi de mes jambes, toi tu pourrais faire mon travail, moi je ne pourrais pas faire le tien.
D'autres surprises au fil des pages, comme ici lorsque l'inspecteur Pu Ke découvre le journal intime d'une victime :
[...] Jeudi 28 septembre.
Mon Dieu, je n'aurais jamais pu croire que c'était aussi beau de faire l'amour. (Venait ensuite un passage en anglais qui racontait en détail comment elle avait fait l'amour avec "lui".) Je suis ensorcelée, c'est sûr.
Autocensure ?
Un livre pour les curieux, d'autant que l'intrigue policière est plutôt convenue et que l'on connait l'assassin dès le début ou presque. Non, ce qui intéresse visiblement plus Feng Hua, ce sont les relations complexes et difficiles entre les hommes et les femmes de la Chine d'aujourd'hui.
Hésitant entre l'émancipation de la modernité et la rigueur des traditions.
Une liberté difficile à gagner et à assumer, au risque de lâcheté et de déceptions amoureuses.
Avec en prime une description instructive des relations dans une grande ville chinoise d'aujourd'hui et quelques bribes de poésie orientale.
[...] Au début du printemps, quand la neige et la glace n'ont pas encore fondu, les fleurs de prunier sont magnifiques sous la neige.
Pour celles et ceux qui aiment la Chine.
Picquier Poche édite ces 352 pages qui datent de 2007 en VO et qui sont traduites du chinois par Li Hong et Gilles Moraton.
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