mercredi 5 janvier 2011

Best-of 2010


À toutes celles et ceux qui auraient loupé notre petit billet du 1er janvier, on vous souhaite une excellente année 2011 !
Et voici enfin le 5ème (et oui ...) best-of annuel sur ce blog, histoire de permettre aux retardataires de se rattraper et de jeter un coup d'œil rétrospectif sur ce qu'on pourrait appeler «les coups de cœur de nos coups de cœur».
Même s'il est toujours difficile de faire un choix parmi les meilleurs, car le tri a déjà été fait une première fois avant d'arriver sur le blog  ...
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Dans la catégorie Polars , cette année il n'y avait pas de quoi casser trois marches à un podium. Certes, on a bien lu un excellent Indridason et un très bon Donna Leon mais ces deux auteurs sont souvent cités ici et avaient déjà eu droit aux honneurs les années précédentes donc ....
Reste cette année :
Quand même, la découverte de R. J. Ellory et de ses deux bouquins dont l'excellentissime Seul le silence. L'autre volume (Vendetta) n'est pas mal non plus, même s'il n'atteint pas (à nos yeux) les sommets du précédent. Mais l'un ou l'autre, c'est incontestablement lui la révélation polar de 2010 !
C'est écrit par un anglais mais on jurerait du Truman Capote (à qui ce livre est dédié d'ailleurs), du Faulkner ou du Steinbeck, si, si.
On y retrouve ce souffle des grands écrivains américains, de ceux qui savent raconter une histoire. Rien de moins que l'histoire de la vie, la dure et la vraie vie. 
À cette lecture on ne peut qu'évoquer ces auteurs US perdus dans les vastes étendues sauvages de l'Ouest.
Sauf que R. J. Ellory a grandi à Birmingham même si son histoire se passe dans les États du Sud, en Géorgie.
C'est aussi un livre sur la littérature, ou plus exactement sur l'écriture, quand lire est une raison d'être et quand écrire est un besoin vital : l'histoire d'un jeune garçon qui noircit des cahiers sous l'œil bienveillant de son institutrice. Un jeune garçon dont l'adolescence et finalement la vie vont être façonnées par d'ignobles crimes.

La suite du podium polars est moins évidente.
Peut-être faut-il citer Le silence de la pluie du brésilien Luiz Alfredo Garcia-Roza.
Un polar original et bien mené, une promenade pas toujours paisible mais toujours agréable dans les rues et les bars de Rio, ... que demander de plus ?
On a même droit en prime à un dénouement très (comment dire sans trop en dévoiler ?) très plaisant où l'assassin reçoit un châtiment qu'il ne méritait pas (ce doit être ça qu'on appelle un happy end dans le sud).

Et puis Du sang sur la neige. Presque pas un polar.
L'écriture de Levi Henriksen (rocker norvégien de son état) n'atteint pas encore les cimes de ses illustres aînés nordiques mais ce n'est là que son premier roman en français (le quatrième chez lui) et si l'on en croit cette fournée, le futur est prometteur !
Un roman pas banal, attachant et un univers très personnel mais dans lequel on se laisse emporter sans difficulté (mais chaudement habillé).


Pas d'hésitation par contre, dans la catégorie Romans où 2010 est un grand cru :
Sans hésitation, ce sont Les chaussures italiennes qui remportent la palme cette année.
Certes Henning Mankell avait déjà eu droit à une palme (c'était en 2007) mais pour ses polars.
Le voici au rayon romans pour cet excellentissime histoire.
On aimerait en voir adapté un film, non pas à cause du scénario mais parce que les images y sont évoquées avec une force peu commune et qu'il ne faut que quelques lignes à Mankell pour nous plonger au coeur de l'hiver suédois aux côtés de son héros. Dès les premières pages on sent qu'on tient là un superbe roman à l'écriture sobre, qui fait mouche à tous les coups, qui touche à toutes les pages. Ça sent l'humanité, la vraie vie.

Pas de contestation possible non plus pour consacrer Le chemin des âmes et l'histoire forte du demi-indien qu'est Joseph Boyden.
Une écriture simple mais ample, à l'américaine, avec une puissance d'évocation peu commune.
L'histoire de deux indiens crees d'Amérique du nord, enrôlés dans l'armée canadienne venue lutter  contre les teutons pendant la Grande Guerre de 14-18. Deux amis inséparables. Et la tante de l'un deux, une vieille sorcière cree.
Une histoire admirablement construite autour de trois récits qui s'entrecroisent avec une surprenante fluidité.
Mais le roman de Joseph Boyden n'est pas qu'un récit de guerre de plus, loin s'en faut, et malgré l'horreur des tranchées on devient très vite accro à l'histoire qu'il nous conte. Sans doute parce que ses trois personnages (tout comme son écriture) sont lumineux et que, malgré les terribles souvenirs qui remontent, on se sent étonnamment bien aux côtés de la vieille sorcière cree au fond du canoé. Et l'on voudrait que le voyage de retour dure encore.

Et finalement, pas de débat non plus pour le troisième lauréat : Le cercle des amateurs d'épluchures de patates des deux américaines : Mary Ann Shaffer et Annie Barrows.
On en vient presque à regretter parfois le format épistolaire de ce bouquin tant on aimerait que cette formidable histoire prenne de l'ampleur. Et puis on se dit un peu plus loin que le changement de ton d'une lettre à l'autre permet justement au lecteur de respirer : il est quand même pas mal question des séquelles de la guerre (celle de 40-45 cette fois).
L'ironie profondément humaine de ce livre nous permet de ricaner et de glousser entre deux souvenirs d'horreurs.
Un livre très proche de 84 Charing Cross Road qui était déjà sur le podium 2007.
Avec peut-être le regret de ne pas pouvoir nominer cette année, faute de place sur le podium, les Prodigieuses créatures.


  2010 fut également une belle année cinéma :
Une année qui avait commencé en fanfare avec l'Avatar de James Cameron.
Certes le film a déjà un an, certes il était basé sur des effets d'animation, certes. Mais comment oublier qu'il nous avait vraiment bluffés ?
Quel superbe livre d'images ! Cameron ne s'est pas fichu de nous et on en a vraiment eu pour notre argent. C'est tout un univers qu'il a recréé pour nous : un peuple avec sa langue, sa religion et sa culture, une faune fantastique et une flore magique, à la Miyazaki, tout y est et c'est superbe !
Même MAM, pourtant allergique à la esseffe, était redescendue de Pandora enchantée de toutes ces belles images.

À peine quelques jours après cet Avatar, un autre grand du cinéma, Coppola nous assénait une autre claque avec son Tetro.
Là aussi, un pari cinématographique pas évident de prime abord avec le noir et blanc. Mais un si beau noir et blanc qu'on en vient à regretter que le technicolor ait été inventé !
Chaque plan est travaillé au millimètre, les jeux d'ombres et de miroirs se font écho, la musique fait presque partie des dialogues : du grand cinoche comme on aime.
Et puis quelle histoire !
Aucune violence physique à l'écran, mais quelle tension dans cette sombre histoire de famille où Coppola revisite le mythe de Coppélia .

Il y eut un peu plus de débats chez BMR & MAM pour la troisième marche du podium.
On aurait aimé citer le sombre Biutiful ou même le trépidant Green Zone.
Ce sera finalement le coup de coeur pour Dans ses yeux de l'argentin Juan José Campanella qui l'emportera, à bien juste titre.
Le film prend son temps pour installer et développer ses quatre personnages qui vont s'entrecroiser pendant vingt-cinq ans pour notre plus grand plaisir.
Et peu à peu, la fiction juridico-policière cède le pas à une très belle histoire d'amour ... qui n'a pas eu lieu.
Même verdict donc, côté justice et côté amour : non lieu.
Polar, comédie, romance, passé historique de l'Argentine, ... que demander de plus à ce film remarquablement construit et soigneusement équilibré ?


Dans la catégorie miousik :
Il était temps de rendre justice à notre reggae préféré, celui de Tiken Jah Fakoly à l'occasion de la sortie de son dernier album : African Revolution.
On s'éloigne un peu du reggae des débuts, très roots avec ses grands choeurs féminins (on aimait bien) pour gagner une orchestration très fine et riche en instruments de toute sorte, dont une basse chaleureuse, des percussions syncopées et bien sûr la traditionnelle kora mandingue. Ce renouvellement musical rafraîchissant est bien venu.
On retrouve toujours avec plaisir quelques reggaes très musicaux et très poétiques.
Mais ce sont bien sûr ses textes les plus décapants qui ont fait la renommée du trublion Tiken Jah.
Des textes rafraîchissants, très “basic politic”, bien éloignés de la langue de bois à laquelle nous sommes habitués. À écouter sur notre playliste.

Le sympathique duo australien Angus et Julia Stone a parcouru pas mal de chemin tout au long de l'année et on entend maintenant leur Big Jet Plane un peu partout, dans les supermarchés comme chez les Émotifs anonymes.
Ce n'est pas une raison pour ne pas reconnaître notre coup de coeur de l'année 2010 pour le folk discret mais classieux de ces deux jeunes kangourous.


Barbara Gosza est plus confidentielle.
Ses chansons sont moins “faciles”, sa voix plus exigeante, mais ne tournons pas autour du pot : ce fut indubitablement “LA” voix découverte cette année.
Entêtante et dépouillée, plaintive et entêtée, cette voix sonne clair, entre mélancolie et lumière et n'hésite pas à reprendre des standards de Cohen ou Dylan.
À écouter ici.


Bon curieusement, la catégorie BD était un peu en veille cette année : notre activité BD est chaotique avec pas mal de “suites” en lecture ou en attente, qui permettront bientôt de réactiver quelques billets. Mais guère de grandes nouveautés en 2010. Gageons que notre année 2011 sera plus fertile et surtout notre blog-BD plus bavard.
Voilà, c'est dit, c'est fait, salut 2010 et vive 2011 !
Et pour les retardataires des retardataires qui auraient raté le best-of 2009 : c'est encore !


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