Fahrenheit 451.
Dai Sijie est un chinois, écrivain et cinéaste, qui vit en France. Sa prose est donc facile, très européenne, pleine de références à la croisée des mondes entre Orient et Occident, comme en témoigne le titre de son roman : Balzac et la petite tailleuse chinoise.[…] Son unique talent consistait à raconter des histoires, un talent certes plaisant mais hélas marginal et sans beaucoup d’avenir.
Nous n’étions plus à l’époque des Mille et Une Nuits.
Dans nos sociétés contemporaines, qu’elles soient socialistes ou capitalistes, conteur n’est malheureusement plus une profession.Ce petit bouquin, cette petite fable, est un véritable hymne à la littérature, à la liberté d’écrire, à la liberté de lire.
À la fin de la Révolution Culturelle (Dai Sijie a lui aussi fait un «séjour» à la campagne), deux jeunes fils d’intellectuels sont envoyés dans une lointaine province montagneuse de Chine, condamnés à ce qui ressemble beaucoup à des travaux forcés, même si ce sont les travaux des champs.
Ils y découvriront un véritable trésor : une valise remplie de «lingots d’or».
Enfin, de livres pour être plus précis : Stendhal, Dumas, Flaubert et bien sûr Balzac.
Ils y feront également la connaissance de la fille du tailleur du village voisin (la petite chinoise).
Comme on l'a vu plus haut, les deux jeunes gens (et l'auteur !) possèdent des talents de conteurs, au point qu'ils en viennent à «raconter des films» de la ville pendant des heures aux gens du village qui n'auront jamais vu un écran de cinéma de leur vie !
Une étrange alchimie résultera de cet étonnant mélange.
[…] - Et maintenant où ils sont, ces livres ?
- Partis en fumée. Ils ont été confisqués par les Gardes rouges, qui les ont brûlés en public, sans aucune pitié, juste en bas de son immeuble.
Pendant quelques minutes, nous fumâmes dans le noir, tristement silencieux.
Cette histoire de littérature me déprimait à mort : nous n’avions pas de chance. À l’âge où nous avions enfin su lire couramment, il n’y avait déjà plus rien à lire.De quoi nous faire regretter d'avoir loupé son dernier film au cinoche l'an passé : Les filles du botaniste.
Qu'on nous permette également d'en profiter pour citer une très très belle phrase, celle du poète allemand Heinrich Heine (qui serait resté sans doute méconnu si les nazis ne s'en étaient pris à ces bouquins) :
Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler les hommes.Cette sentence tristement prémonitoire date de ... 1820 !
Pour celles et ceux qui aiment les livres.
D'autres avis sur Critiques Libres ou chez Lo et Pitou.
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