Entre Ferrat et Échenoz.
Dans certains pays africains, on a parfois coutume de se saluer avec ce : Comment va la douleur ? (1)
La douleur, les personnages de ce petit roman de Pascal Garnier, la portent en eux.
Une douleur physique (elle finira par emporter l'un, la main de l'autre est estropiée et bandée).
Une douleur moins palpable aussi : ce petit bouquin fait se rencontrer trois ou quatre éclopés de la vie.
Simon est le tueur à gages au bout du rouleau.
Bernard est le simplet affligé d'une mère ivrogne.
Sur leur route, ils croiseront Fiona la fille-mère et Rosa la belge.
Au fil des pages, la fraîcheur naïve de Bernard éclairera d'une douce lumière les derniers jours d'un Simon désabusé.
Pascal Garnier nous promène pendant ces quelques chapitres dans le sillage de ces petites gens ordinaires ou presque, entre Lyon, l'Ardèche et le Grau-du-Roi, des lieux que traverse parfois le fantôme de Jean Ferrat.
Cette histoire en forme de road-movie est un brin convenue mais se lit sans aucun déplaisir et la rencontre improbable du tueur retraité et du doux chômeur ne manque pas de sel.
[c'est le doux chômeur qui commence : ]
[...] - Moi, j'aimerais bien y être déjà à la retraite.
- Qu'est-ce que vous feriez ?
- Rien.
- Vous n'avez pas de passions, d'envies de voyages ?
- Non, je voudrais juste avoir assez d'argent pour rien faire.
- Vous finiriez par vous ennuyer.
- Je crois pas. Quand on n'a pas de boulot ni d'argent, on s'ennuie parce qu'on pense tout le temps à comment en avoir, mais quand on a de quoi, rien faire c'est tranquille.
- Vous ne lisez pas, vous n'allez pas au cinéma ?
- J'ai du mal avec les livres. Arrivé au bas d'une page, je me rappelle plus le début alors forcément j'avance pas vite. Au cinéma je m'endors à cause du noir. Et vous, qu'est-ce que vous ferez à la retraite ?
- Je ne sais pas. J'aime la mer, les bateaux.
On pense parfois à Échenoz. De loin certes, mais à Échenoz quand même et il y a des références moins flatteuses.
(1) : il y eut également un film de Depardon : comment ça va avec la douleur ?
Pour celles et ceux qui aiment Jean Ferrat.
Après Zulma, Le livre de poche édite ces 187 pages qui datent de 2006.
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