Exercice de style.
Un petit Indridason après les fêtes ? Allez, ça ne se refuse pas.
Surtout que pour une fois, Indridason délaisse son légendaire commissaire Erlendur pour un hommage aux séries noires du siècle passé.
Bettý, un prénom de femme fatale, avec juste ce qu'il faut d'exotisme nordique sur le ‘ý’, une couverture ad'hoc, une ambiance de polar noir : le mari, la femme (fatale, donc) et bien sûr le triangle amoureux.
Le mari a été assassiné, of course, mais la vraie ‘victime’ se retrouve en prison après avoir été manipulée avec brio. Ben oui, c'était pourtant bien marqué : Bettý, femme fatale, fallait pas y toucher.
[...] Lorsqu'il fut clair qu'elle avait raconté mensonge sur mensonge, c'était trop tard.
Tout est dit dès le départ.
[...] Qu'est-ce qui se passera s'il lui arrive quelque chose ? dit-elle en tirant sur sa cigarette grecque.
- S'il lui arrive quelque chose ? répétai-je.
- Oui, s'il arrive quelque chose, dit-elle.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je ne sais pas, dit-elle. Un accident de voiture. N'importe quoi.
Finalement, comme on est en Islande, ce sera un accident de motoneige et la disparition dans une crevasse : Indridason ne renonce pas tout à fait à ses vieux démons.
Mais on se doute qu'avec Indridason, ça ne peut pas être tout à fait aussi simple, même sans Erlendur. L'auteur en rajoute même un peu avec des histoires de petite culotte (on y apprend que les femmes fatales n'en portent pas) et là on se dit, ben quand même il pousse un peu l'Arnaldur, qu'est-ce qui lui prend ? Serait-ce le démon de la cinquantaine ?
[...] J'avais réussi à la tenir à distance ; elle avait remis sa jupe en ordre et avait souri comme si elle venait de me faire une farce. J'étais sous le choc. Aucune femme dans ma vie n'était jamais allée aussi vite en besogne et je me demandai bien ce qu'elle pouvait savoir sur moi avant notre premier contact.
Et puis arrive la page 113, le début du chapitre 18 : et là badaboum, on se retrouve le cul par terre, Arnaldur vient de tirer le tapis. Bon sang de bonsoir ... Et on se prend à relire furieusement les premiers chapitres à toute vitesse : pour vérifier que oui, l'islandais nous a bien eus et re-eus, roulés et re-roulés dans la saumure, ... Chapeau l'artiste !
Dommage qu'après ce coup de théâtre, la seconde partie du récit perde finalement beaucoup d'intérêt.
Avec Bettý, Indridason nous raconte une histoire de mensonges et de manipulation, c'est un hommage appuyé aux séries noires(1). Ça on comprend très vite. Mais ce qu'on ne comprend que trop tard, c'est que le lecteur aussi se fait manipuler avec brio et qu'Indridason est le roi du mensonge par omission !
Évidemment on ne vous dira rien de plus.
(1) : quand on lit d'autres billets ici ou là, il est amusant de voir les lecteurs se plaindre des clichés ou bien de ce qu'on sait tout (et ben non pas tout justement) dès le départ
Le facteur sonne toujours deux fois est cité en exergue et Betty est également le titre d'un roman de Simenon porté à l'écran par Chabrol.
Pour celles et ceux qui aiment les séries noires.
C'est Métailié qui édite ces 206 pages qui datent de 2003 en VO et qui sont traduites de l'islandais par Patrick Guelpa.
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