vendredi 24 mai 2013

Le meilleur des jours (Yassaman Montazami)

Photo de famille iranienne.

Sympathique portrait que celui de Behrouz (Le meilleur des jours en VO) signé par sa fille Yassaman Montazami.
Portrait d’une famille iranienne. Des intellectuels iraniens venus en France dans les années 60 et qui verront donc depuis leur appartement parisien, défiler l’histoire récente de leur pays … ce qui n’est pas sans intérêt pour nous.

L’hospitalité n’était pas la moindre manifestation de la générosité de mon père. Aussi, avant comme après la Révolution islamique, notre appartement resta-t-il longtemps un point de passage pour des dizaines d’exilés politiques.
Si certains avaient quitté l’Iran légalement, la grande majorité d’entre eux avaient enduré la rudesse et bravé les dangers d’un voyage clandestin à dos de mulet à travers les montagnes  du Kurdistan et de la Turquie. Une fois requinqués par la cuisine de ma mère et les rasades de vodka  que leur servait mon père,  ils se mettaient à nous narrer toutes les péripéties de leur terrible odyssée.
J’adorais les écouter. Il m’arrivait de veiller  auprès d’eux jusqu’au milieu de la nuit […]
À force d’entendre  toutes ces histoires,  il m’était apparu qu’un  vrai Iranien  était nécessairement un fugitif. Aussi m’arrivait-il quelquefois de regretter que nous nous soyons installés en France avant la révolution.

La recette est un peu facile certes : un peu d’humour, une pincée d’amour filial, un zeste de contexte historico-culturel, remuez avec une écriture simple mais fluide (la dame écrit en français) et laissez vos lecteurs déguster.
Certains trouveront peut-être que ce n’est pas assez épicé.
Mais le plat est vite fini (à peine plus de cent pages) et l’on est ravi de cette petite balade en compagnie de ces iraniens que l’on connait si mal, alors qu’on a longtemps hébergé Khomeiny, que c’est en France que le chah rencontra la chahbanou et que les enfants des quartiers chics de Téhéran étaient jadis élevés en français.
Et puis ce sympathique bouquin est plus subtil qu’il ne le parait de prime abord : au-delà du portrait un peu distant de ces père et mère (mais peut-être ces intellectuels étaient-ils eux-mêmes un peu distants ?) et des savoureux personnages qui gravitent autour, c’est finalement, comme en ombre portée, le portrait de l’auteure elle-même que l’on devine.
Une petit livre pour prolonger le film d’Asghar Farhadi par exemple.


Pour celles et ceux qui aiment les portraits de famille.
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