lundi 29 juillet 2013

Le parrain de Katmandou (John Burdett)

Les voix comme les voies du bouddha sont impénétrables.

John Burdett fait partie de nos auteurs préférés avec ses polars thaïlandais qui mettent en miroir la rigidité du rationalisme occidental et la profondeur de la sagesse asiatique.
Incompréhension et humour assurés : plaisir garanti ! Et accessoirement, remue-neurones tout aussi garanti.
Nous revoici donc à Bangkok aux côtés de l’inspecteur Sonchaï toujours en quête du nirvana sur la voie de son karma.
Il est toujours secondé par son katoey préféré : même les sexes ne sont pas les mêmes de ce côté-là de la planète(1), c’est dire si le lecteur occidental obtus et borné (le farang) que nous sommes est profondément désorienté. C’est d’ailleurs ce qui lui plait et le pousse à lire un nouveau roman de J. Burdett.
On retrouve bien sûr le chef de la police, le redoutable Vikorn, qui désormais se prend carrément pour le parrain de la pègre(2), et qui revoit en boucle le DVD (piraté bien sûr) du film de Coppola.
Pour faire plus vrai que le film, voici donc Sonchaï promu consigliere et chargé d’aller voir du côté du Tibet comment optimiser la filière d’approvisionnement des trafics du chef de la police du parrain(2).
Voilà qui n’est pas fait pour améliorer le karma du pauvre Sonchaï.
[…] Cloué sur place, je suis stupéfait de ce qui est arrivé au type qui me regarde dans le miroir, celui-là même qui, de temps en temps au cours de sa vie, a paru vraiment près d’atteindre le plein éveil spirituel promis par le Bouddha.
Tout semblait donc réuni à nouveau pour que la magie de Burdett et de Bangkok opère à nouveau.
Sauf que non.
Non, on n’a pas réussi à se laisser embarquer dans cette histoire un peu longuette pas plus que dans cette virée au Népal qui sentait vraiment très fort le guide touristique pour babas cools (largement brocardés par l’auteur, on s’en doute) et le couplet obligé sur les pauvres tibétains opprimés par les affreux chinois.
[…]  Des routards farangs cheminaient pesamment sous leurs énormes sacs à dos pleins de vêtements de rechange pour six mois et de produits pharmaceutiques pour un an.
Pour une fois, la sauce salée-sucrée n’a pas pris et l’on a connu Burdett bien meilleur cuisinier.
Le plat est un peu fade, malgré un retournement de situation spectaculaire aux trois-quarts du bouquin : je ne pense pas qu’il nous ait été donné à lire une mort aussi originale (si on peut dire) ! Mais cela ne suffit pas, hélas.
Cet épisode aurait-t-il été un peu bâclé ou bien serait-ce (plus inquiétant !) notre propre karma qui prend une tangente trop matérialiste ?
À vous de juger !
Et si par un malheureux et funeste hasard vous n’aviez pas encore entrepris d’améliorer votre sombre et misérable karma par la saine lecture des œuvres complètes de John Burdett, précipitez-vous sans tarder sur les opus précédents, il est peut-être encore temps avant votre prochaine réincarnation en rat de bibliothèque !
(1) - une face méconnue de notre planète où l’on dit que le bouddhisme répertorie non pas deux, mais quatre sexes différents !
(2) - on est en orient et le lecteur occidental obtus et borné apprend au fil des bouquins de Burdett que seul le bouddhisme autorise ce genre de paradoxes

Pour celles et ceux qui aiment l’enseignement du bouddha.
Un article très intéressant de Libé sur John Burdett où l'on apprend tout plein de choses sur cet auteur pas trop classique.
Un article de Courrier International sur les katoeys.

Aucun commentaire: