vendredi 19 décembre 2014

Fatale (Patrick Manchette)


F comme femme, F comme fatale.

Merci à Max Cabanes et Doug Headline de nous avoir fait (re-)découvrir ce roman de Jean-Patrick Manchette : Fatale.
Rappelez-vous la BD qu’on évoquait il y a quelques jours [clic] et qui nous avait tout simplement donné grande envie de (re-)lire le roman.
Voilà qui est chose faite : après les images, le texte intégral !
Un texte qui n’a pas pris une ride, c’est très étonnant avec l’avalanche de polars ultra-contemporains que l’on dévore chaque année : JP. Manchette, c’était une écriture très moderne qui vaut vraiment le coup d’être (re-)découverte.
C’est sûr, on ne va pas en rester là.
Pourtant aucune surprise après la BD : même histoire, même personnage de dame mortelle, même ambiance provinciale parfumé au venin chabrolien.
Hommes d’affaires ambitieux et véreux, chasseurs grossiers et ventrus, épouses dévouées à la carrière de leurs maris, flics compromis ou notaires concupiscents, … ce ne sont pas les proies qui manquent et le lecteur se délecte d’avance lorsque la dame (appelons la Aimée par exemple) débarque dans une nouvelle petite bourgade bien de chez nous. En bord de mer, Aimée semble nager comme un poisson dans ces eaux troubles agitées de passions, de haines, de fric, de sexe et de magouilles.

[…] Elle prit le journal qu’elle avait acheté la veille, y découpa l’article qui faisait allusion à la mort de Roucart, et rangea la coupure avec d’autres qui relataient d’autres morts : celle d’un industriel bordelais, asphyxié par un radiateur défectueux, cinq mois auparavant ; celle d’un médecin parisien noyé à La Baule au début de l’été ; plusieurs autres.

La BD est très très fidèle au roman mais pour une fois, les images accompagneront fort bien la lecture du bouquin et une fois n’est pas coutume, on vous les conseille dans cet ordre là : BD puis bouquin.

[…] Je pense que vous êtes énigmatique. Êtes-vous énigmatique ?

Jugez donc de la prose du bonhomme Manchette avec ce petit passage, très bel hommage, qui vaut assurément le détour :

[…] Elle était toute dépeignée. Ses cheveux blonds poissés de sueur lui collaient au crâne et pendaient sur son front et sa nuque en mèches humides, comme il arrive aux dames qui font l’amour pendant des heures d’affilée et de façon forcenée.

On regrette presque le côté anar de l’époque de JP. Manchette et parfois on aimerait qu’Aimée dise encore vrai :

[…] Ç’a été comme une illumination, tu vois, dit-elle au baron. On peut les tuer. Les gros cons on peut les tuer.


Pour celles et ceux qui aiment les femmes, même fatales.
D’autres avis sur Babelio.




1 commentaire:

gilscudder a dit…

La force des romans de Manchette, c'est aussi la rupture avec le "rompol" style "Boileau^Narcejac" ou "Tontons flingueurs": les "détectives" le sont svt à l'insu de leur plein gré, et les milieux visités en 10romans à peine sont d'une diversité rares! Retournez-y; O Dingos, Le p'tit bleu, Nada ou L'affaire N'Gustro ( sur l'assassinat de Ben Barka) : c'est fumant!!! Franck Scudder