[...] Il voyait dans les brumes, tout simplement.
On l'a déjà dit et redit, c’est toujours un grand moment de plaisir annoncé et attendu que d’ouvrir un nouveau Fred Vargas. Que de retrouver le mystérieux et fantasque Jean-Baptiste Adamsberg et toute sa clique du commissariat du XIII°. Que d’avoir l’assurance d’apprendre tout un tas de choses sur on ne sait pas quoi encore mais on verra bien, ce sera forcément passionnant.[...] — Je ne sais pas par où commencer. C'est très enchevêtré, les pensées primaires.Quand sort la recluse est un épisode qui semble démarrer plutôt poussivement avec une sorte de pré-générique comme dans un film de James Bond pendant lequel Fred Vargas repositionne ses personnages et Jean-Baptiste au retour d'Islande [rappelez-vous]. On comprendra plus tard l'intérêt de replacer tout ce petit monde au commissariat du XIII°.
— Alors commencez par « Il était une fois ». Veyrenc dit qu'il y a une touche légendaire, avec ces recluses.
— Ah très bien, cela me va.
Et puis ça décolle en douceur, sans qu'on s'en aperçoive vraiment. Il faut alors s'accrocher fermement aux élucubrations du pelleteux de nuages.
Amateurs d'intrigues policières cartésiennes passez votre chemin.
Adamsberg va carrément nous inventer des meurtres et des criminels là où il n'y a rien, juste un vague article de presse sur le retour d'araignées venimeuses (les fameuses recluses).
[...] — Trois morts, c'est exact. Mais cela regarde les médecins, les épidémiologistes, les zoologues. Nous, en aucun cas. Ce n'est pas de notre compétence.Comment donc a-t-il pu voir là quelque matière à enquête ?
— Ce qu'il serait bon de vérifier, dit Adamsberg.
C'est d'ailleurs la question que se posent tous les collègues de la brigade : faut-il suivre le fou clairvoyant sur cette piste qui ne rime à rien ?
[...] Cette confusion, Danglard et Retancourt la déploraient toujours. Chefs de file de la ligne pragmatique de la Brigade, tenants de la logique linéaire et de la rationalité, ils réprouvaient la manière dont Adamsberg avait conduit la journée et mené son enquête disparate et avare de mots.Le roman prend alors toute son ampleur : tandis qu'Adamsberg flotte quelque part dans les brumes d'une improbable intrigue, floutée et incertaine, son équipe est déchirée entre ceux qui le suivent aveuglément et ceux qui ont peur que l'esprit de leur patron ne s'égare définitivement dans les limbes.
Fred Vargas et Jean-Baptiste Adamsberg touchent tous deux ici à une puissance évidente et une maturité indiscutable. Au fil des ans, l'amusante et pétillante magie Vargas des premiers ouvrages est peu à peu devenue un véritable paradigme poétique, capable de décrypter les brumes sous-jacentes à notre univers.
[...] - Proto-pensées ?C'est bien là la substantifique moelle des romans de Dame Vargas, une fois qu'on a été piqué, on y revient, accro.
- Des pensées avant les pensées, vos " bulles gazeuses ". Des embryons qui se promènent et prennent leur temps, apparaissent et disparaissent, qui vivront ou mourront. J'aime bien ceux qui leur laissent leurs chances.
[...] D'aucuns disaient que l'on ne pouvait pas toujours savoir si le commissaire était en veille ou en sommeil, parfois même en marchant, et qu'il errait aux limites des ces deux mondes.
Mais n'oublions pas non plus le passé scientifique de l'auteure : archéozoologue ...
Comme dans tous ses bouquins, on va donc croiser tout un bestiaire : araignée recluse évidemment, mais aussi murène, merle, et que sais-je encore.
Et puis archéo-machin ? Oui, alors là aussi comme d'hab, on apprendra plein de trucs sur il était une fois ... mais chut, chez Vargas évidemment une recluse peu en cacher une autre, n'en disons pas plus.
En prime, une très belle fin ...
On souhaite à Dame Vargas de continuer à surfer sur un succès largement mérité.
Pour celles et ceux qui aiment les araignées.
D’autres avis sur Babelio.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire