mardi 2 avril 2019

November road (Lou Berney)

[...] Le crime du siècle, ni plus ni moins.

Après Octobre, il était assez logique que l'on s'attaque à November road.
Mais cessons-là ces plaisanteries calendaires car les deux bouquins n'ont rien d'autre en commun (si tout de même : ce sont tous deux des 'premiers romans').
Donc petit coup de cœur pour ce roman noir : November road de Lou Berney.
Texas novembre 1963, Kennedy vient de se faire assassiner.
Un malfrat de La Nouvelle Orléans, Franck Guidry venait de ‘livrer’ une voiture à Dallas, juste au coin de Dealey Plazza.
Il comprend vite qu’il a tout intérêt à fuir rapidement s’il ne veut pas finir comme Lee Harvey Oswald.
Franck s’est visiblement [...] fourré dans un tel pétrin. Le crime du siècle, ni plus ni moins.
[...] Mardi matin. 9 heures. Guidry avait survécu une nuit de plus. C’était comme cela qu’il mesurait la marche du progrès, désormais.
Sur sa route, il croisera celle de Charlotte, ses deux filles et leur chien.
Novembre n’est pas le mois d’automne préféré de Charlotte : elle vient de quitter son mari et la petite vie étriquée qui était la sienne, [...] aussi saine et ennuyeuse qu’un champ de maïs.
[...] Charlotte aspirait à vivre dans un endroit où le passé et le futur n’étaient pas aussi difficiles à distinguer. 
La culture US déborde de road movies et de road novels, au point que toutes ces road stories font désormais partie du paysage littéraire tout comme les routes elles-mêmes font partie du paysage tout court. Alors une fois de plus ?
Oui une fois de plus, parce que Lou Berney n’a pas les yeux rivés sur le compteur de la bagnole mais plutôt sur ses deux personnages : Franck, une sorte de gentleman-baratineur et Charlotte, une jeune femme qui découvre les implications du mot liberté (nous ne sommes qu’en 1963 et c’est encore tout nouveau pour les dames du middle-west, rappelez-vous le film récent de Paul Dano).
Franck le fuyard trouve en elle une couverture idéale et se fait adopter par cette nouvelle famille, Charlotte la fugueuse trouve en lui l’aide et l’assurance qui lui manquaient après les premiers kilomètres ... et les premières déconvenues.
Et oui une fois de plus, parce que avec Lou Berney on danse sans trop savoir sur quel pied.
On passe du roman noir le plus noir (l’histoire du jeune black sur la route ou celle des jeunes nièces de Ed) à la romance amoureuse la plus rose, et tout cela car selon l’auteur :
[...] À chaque décision que nous prenons, nous créons un nouvel avenir. Et, ce faisant, nous détruisons tous ceux que nous aurions pu avoir à la place. 
Ah que voilà une belle morale à cette belle histoire fort bien racontée.
Au passage, on a aussi noté un joli clin d’œil au récent film (et excellentissime, rappelons-le) Green Book :
[...] — Va nous falloir un Livre vert.
— Un quoi ?
 — Un Livre vert. Ça dit où les gens de couleur peuvent s’arrêter sur la route. Pour déranger personne. Les gens de couleur partent en vacances, eux aussi, vous savez. Ça alors. Vous le saviez pas ?


Pour celles et ceux qui aiment la route 66.
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