samedi 5 octobre 2019

Torrentius (Pierre Colin-Thibert)

[...] Une discrète manufacture d’images licencieuses.

Pierre Colin-Thibert, auteur de polars et amateur de peinture, entreprend de nous raconter, de nous romancer plutôt, la vie du peintre flamand Johannes Symonsz van der Beeck, alias Torrentius.
L’homme fut suspecté d’être un Rose-Croix et comme on ne plaisantait pas avec les hérésies dans la Hollande rigoriste du XVII°, il fut ‘questionné’ et emprisonné, ses œuvres détruites.
[...] Avec quelques amis, nous nous intéressons aux travaux de Paracelse. À nos yeux, il est l’égal d’un Avicenne ou d’un Averroès. 
Un seul de ses tableaux nous est donc parvenu : une nature morte, mais Colin Thibert nous le décrit comme un libre penseur amateur de bonne chère et de bonne chair qui, pour financer ses excès, dessinait en douce des gravures érotiques fort réalistes et fort prisées.
Il signait ses natures mortes officielles du pseudonyme Torrentius alors que ses initiales (VDB) marquaient ses autres natures bien vivantes.
[...] Étrange personnage qui signe une œuvre inavouable de ses propres initiales et use d’un pseudonyme pour vendre sa peinture. 

Colin Thibert se montre érudit mais modeste et discret et son petit bouquin est fort bien écrit, moderne et enlevé, parsemé d’humour et d’anachronismes savoureux, égratignant les bientôt célèbres contemporains de Torrentius et surtout les prédicants calvinistes, des intégristes dont l’inquisition et l’hypocrisie n’avaient rien à envier à celles des catholiques hispaniques.
[...] Ce Rembrandt a la réputation d’être perpétuellement à court d’argent, une discrète manufacture d’images licencieuses lui assurerait un complément de revenus. Si ce Rembrandt survit aux excès de table, de boisson et de luxure qui sont le lot des Flamands, on peut gager qu’il laissera derrière lui une œuvre considérable.


Pour celles et ceux qui aiment la peinture.
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