Quand la mère devient insectueuse ...
On dit souvent que les japonais ont l'art et la manière des nouvelles glacées et effroyables ... mais c'est faire bien peu de cas de ce recueil d'une vingtaine de très courtes nouvelles (quelques pages chacune) de Claire Castillon : Insecte.Au moins, l'avantage avec les japonais, c'est que l'exotisme, même de façade, nous permet de nous tenir à distance respectueuse en cas de besoin. Mais ici pas de faux-fuyant ...
Des histoires d'amour/haine mère/fille où la mère est beaucoup, beaucoup trop prenante, incestueuse ou insecte-tueuse ...
De formidables portraits de femmes aussi. Où se dessinent, en creux, quelques hommes, trop souvent partis en voyage ...
Une écriture féroce, cruelle, sans concession, qui dérange souvent et lorsqu'on rit, parfois, on rit jaune ...
Claire Castillon joue habilement de nos émotions et dans ses courtes nouvelles, possède au plus haut point l'art de nous retourner comme des crêpes même si chacun sait bien que l'amour peut cacher la haine, qu'après le rire viennent les larmes, que derrière le bonheur se terre le désespoir, et que la haine peut finalement ramener à l'amour.
Chose peu fréquente, il n'y a rien à jeter dans ce recueil de quelques vingt nouvelles, même courtes : toutes sont d'égale tenue et leur unité de ton est du meilleur effet, à condition de ne pas dépasser la dose maximum de 2 ou 3 nouvelles par jour, car au-delà, des effets indésirables peuvent se manifester.
Un livre ressurgi au hasard d'un rangement de notre bibliothèque et qui a de bonnes chances de figurer sur le podium de notre best-of 2007.
[...] Elle m'énerve avec son cancer, elle n'a pas idée. On lui a d'abord prescrit quelques rayons, ça ne devait pas être méchant. Finalement, on lui a fait neuf chimio-thérapies. À force de s'écouter, comme dit papa, elle a laissé s'installer la maladie. Du coup, elle n'a plus un cheveu sur la tête et sa perruque la démange, alors souvent elle la retire, on lui a dit que ça nous choquait un peu parce que son crâne chauve est gênant, mais elle la retire quand même. Pour rire on l'appelle Tête d'Oeuf, Yul Brynner ou Bille de Noix. Le maquillage ne prend plus sur son teint jaune, mais elle s'acharne, alors elle en met trop, et l'autre jour, alors que je l'avais accompagnée faire quelques pas dans le jardin de l'hôpital, j'ai entendu quelqu'un dire Le travelo arrive, alors pour plaisanter je lui ai conseillé de se faire embaucher dans un cabaret. Mais ça ne l'a pas fait rire, j'ai été obligé de préciser que c'était de l'humour, oh là là, un peu de recul à la fin.
Vient de paraître en poche.
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