vendredi 4 septembre 2009

BD : L’encre du passé

Estampes japonaises.

On avait découvert le dessinateur Maël avec Les rêves de Milton dont on avait parlé ici-même fin 2008.
Voici de nouveau cet artiste peintre dans une japonaiserie écrite par Antoine Bauza : L'encre du passé.
Dans les Rêves de Milton, les aquarelles de Maël formaient une alliance subtile avec les éléments liquides qui imprégnaient le scénario : pluies et larmes, boues et débâcle des États-Unis après la crise de 29.
Avec les estampes japonaises de l'Encre du passé, l'alchimie est encore plus évidente mais tout aussi réussie. Les paysages humides des montagnes et les transparences des paravents trouvent ici sous le pinceau de Maël, une profondeur inégalée.
Côté scénario, bravo à Bauza pour avoir su construire sur un seul album (chose rare aujourd'hui avec la mode des séries à rallonges) une histoire profonde et intimiste : un maître es calligraphies, au passé tourmenté, s'entiche d'une petite sauvageonne chez qui il a su détecter la maîtrise du pinceau. La fillette l'accompagne jusqu'à la capitale, Edo l'ancienne Tokyo, où il la remettra entre les mains d'un maître es peintures.
Quinze ans plus tard, la jeune femme se retrouve en mal d'inspiration et son vieux maître es peintures se meurt : elle repart à la recherche du calligraphe de ses débuts.
Tout cela est mené au rythme lent de la marche dans les montagnes, au rythme lent de l'apprentissage du difficile art d'écrire ou de peindre, un éternel recommencement.
Dans cette zénitude s'accomplissent scénario de Bauza et dessin de Maël au point que certaines planches se passent même de tout texte ou dialogue : les caractères fouillés des personnages et les expressions travaillées de leurs visages se répondent.
Un des plus beaux albums de l'année.
Le dossier de Dupuis comporte une dizaine de pages de l'album.


Pour celles et ceux qui aiment les beaux arts.
ActuaBD et Krinein en parlent.

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