lundi 7 septembre 2009

Fakirs (Antonin Varenne)

Un petit crochet côté polar.

Les éditions Viviane Hamy pourraient bien nous refaire le coup de Fred Vargas ... avec Antonin Varenne et son roman Fakirs.
Avec comme nouveau héros, un flic tout à fait parisien et tout à fait impossible comme son collègue Adamsberg : Guérin , un flic de la PJ (celle du Quai des Orfèvres), relégué dans un placard (au sens propre comme au figuré) après une sombre histoire avec des collègues (des ripoux ?), désormais chargé des enquêtes sur les suicides (c'est gai !), l'esprit tourmenté à la recherche de connexions secrètes pour expliquer notre monde inexplicable, attifé d'un imper jaune (à côté duquel celui de Columbo aurait l'allure d'un smoking), toujours à se gratter le cuir chevelu jusqu'au sang quand il réfléchit, ...
Il est affublé au bureau d'un adjoint pas très futé qui vient bosser en survêtement de foot (c'est pour dire !) et, à la maison, d'un perroquet qui l'accueille avec des "tu rentrrres taaard !" en imitant la voix de sa regrettée maman (elle exerçait le plus vieux métier du monde).
Antonin Varenne excelle à rendre vivants ses personnages improbables, insolites : le duo de flics, des collègues nécrophiles, le gardien de nuit du Luxembourg et son chien Mesrine, un baba-cool qui se promène place de la Concorde avec un arc, une artiste peintre allemande qui se jette nue et recouverte de peinture contre les murs, la patronne homo d'un club sado-maso du quartier latin, quelques paysans du Lot, de gays américains à Paris, ...
Son écriture est propre et nette, avec du mordant et de l'incisif mais sans les agaçantes fioritures dont la sphère littéraire française est coutumière.
Dans cette ambiance un peu déjantée on imagine bien que l'intrigue policière gentiment emberlificotée se promène et nous égare, va et revient, nous balade de ci et de là, à l'insu de notre bon gré !
Comme le suggèrent titre et couverture, on a donc affaire à un américain sado-maso qui s'écorche et se perce sur scène, jusqu'à ce qui ressemble fort à un suicide en direct-live. Et qui dit suicide, dit Guérin qui sort de son placard de la PJ.
L'ami américain baba-cool sort de sa retraite du Lot et l'ambassade de sa réserve ...
Avouons que ce côté américain du bouquin semble bien décalé et qu'on serait bien resté cloîtré dans le grenier du Quai des Orfèvres avec Guérin et son collègue ahuri, à cogiter des "adamsbergueries" (cf. ici) sans queue ni tête sur les saisons et les horaires des suicides à Paris.

[...] C'était l'heure où la ville s'accorde un répit, une petite demi-heure pendant laquelle rien ne bouge. Quatre heures du matin. Guérin savoura le calme, ce moment suspendu où même la mort faisait une pause. Les suicides, à cette heure de la nuit, étaient exceptionnels. Les suicidés de quatre heures du matin étaient pour la plupart des individus sans antécédents, sans histoires, frappés par une révélation violente qu'ils n'avaient pas anticipée, et ne souffrant aucun délai.

Un bouquin à deux facettes, comme si Varenne avait hésité entre un clone de Fred Vargas et un thriller branché actualité.
Reste le plaisir de la découverte : un nouvel auteur (c'est quand même son 2° ou 3° bouquin), un style et une écriture solides, un personnage, ... assurément un filon à suivre !


Pour celles et ceux qui aiment l'acupuncture.
Viviane Hamy édite ces 284 pages qui datent de 2009.
Moisson Noire en parle, comme Black Novel et Serial Lecteur

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