V pour vendetta.
Après la récente découverte de Seul le silence (candidat à notre best-of 2010), on n'a guère attendu avant de se précipiter sur le deuxième ouvrage de Roger Jon Ellory : Vendetta.Vendetta a été écrit en 2005 avant Seul le silence qui date de 2007 : les traductions françaises sont parues depuis en ordre inverse.
Avec ces deux bouquins, R. J. Ellory confirme qu'il est un excellent faiseur d'histoires. On l'avait dit avec Seul le silence (roman plus abouti et plus original que Vendetta), cet auteur sait raconter une histoire.
Et le scénario de Vendetta lui offrait vraiment une occasion en or : en Louisiane, la fille du gouverneur et sénateur est enlevée. Pas de rançon.
Juste un coup de fil d'Ernesto Perez, inconnu de toutes les bases de données du FBI : Perez veut parler. Raconter son histoire.
À la fin de sa longue confession, il promet de révéler où il a séquestrée la fille du gouverneur.
Nous voici donc embarqués dans le monologue de cet étrange Perez face aux agents du FBI.
Les chapitres alternent entre l'histoire, la vie et les crimes de Perez et les recherches infructueuses de l'enquête qui piétine.
Ce que raconte Perez, la vie d'Ernesto Perez, n'est rien moins que l'histoire de la Mafia : de Cuba à New-York en passant par Las Vegas ou Chicago, de Castro à Nixon en passant par Marylin Monroe ou les Kennedy, c'est cinquante ans de l'histoire mafieuse de l'Amérique qui défilent au long des chapitres.
[...] - Nous tenons le type, vous savez !Et Ernesto Perez, pardon, R. J. Ellory, sait raconter son histoire. Chacun des chapitres est comme une petite nouvelle et pendant l'intermède où l'on suit les piétinements et les angoisses du FBI (la fille du gouverneur est toujours séquestrée quelque part !) on attend avec impatience de replonger à nouveau dans la vie de Perez, tueur à gages de la mafia, espérant secrètement qu'il continue à bavarder avec les flics et qu'il garde le plus longtemps possible la fille du sénateur au cachot !
- C'est ce que j'ai cru comprendre. Comment est-il ?
- Vieux. La soixantaine bien sonnée, il adore s'entendre parler. J'ai passé près de deux jours à l'écouter et je n'ai toujours pas la moindre idée de pourquoi il a enlevé la fille ni de l'endroit où elle est.
- Et vous avez la moitié du FBI qui vous colle comme une sangsue.
Comme avec le jeune garçon de Seul le silence, on retrouve ici encore la puissance des livres et de la lecture : le jeune et pauvre immigré cubain Ernesto aura en effet commencé sa longue et riche carrière de tueur parce qu'il avait soif du savoir de quelques encyclopédies qu'était venu lui fourguer un représentant fort mal avisé ...
[...] J'ai hésité un moment, dévisagé Carryl Chevron d'un œil, puis baissé le regard vers le livre qu'il tenait entre ses mains. J'entendais les rouages de mon cerveau fonctionner à plein régime; je ne savais pas quoi mais il fallait que je fasse quelque chose.Pour finir - un peu comme pour Seul le silence : R.J. Ellory a encore des progrès à faire pour terminer ses histoires qu'on ne voudrait pas voir finir - quelques rebondissements rocambolesques viendront clôturer le scénario : bien sûr on ne découvrira que dans ces toutes dernières pages pourquoi Ernesto Perez a monté cette machination, pourquoi il a enlevé la fille du gouverneur de Louisiane, pourquoi il voulait confesser sa longue série de crimes et de qui il voulait se venger.
- Il y en a combien ? ai-je demandé.
- Neuf. Neuf livres en tout. Tous exactement comme celui-ci, juste là, dans le carton à l'arrière de ma voiture.
J'ai encore hésité, non pas parce que je doutais de ce que je voulais, mais parce que je n'étais pas certain de la manière de l'obtenir.
Et comment. Car une chose est sûre, Ernesto Perez était bien trop malin pour ne pas avoir tenu compte de la sagesse sicilienne qui enseigne que :
[...] Si tu cherches la vengeance, creuse deux tombes ... une pour ta victime et une pour toi.Mais tous ces "pourquoi" ne sont pas essentiels : s'il faut lire Vendetta c'est bien plus pour l'histoire d'Ernesto Perez, l'histoire racontée avec maestria par R. J. Ellory.
On se fichait complètement du sort réservé à la fille du sénateur (et on avait tort ...mais chut !).
Enfin, une autre chose est tout aussi sûre : cet été vous aurez dans les mains un pavé de R. J. Ellory, l'anglais qui écrit comme les américains et qu'il faut lire cette année.
Il ne vous reste que le choix : vous pouvez opter avec cette Vendetta pour un excellent et original thriller ou bien, avec Seul le silence, vous pouvez vous laisser emporter par l'un des meilleurs romans de l'année.
À vous de voir : dans les deux cas le plaisir de lire est garanti et on a connu des choix plus difficiles !
Les plus gourmands feront comme nous et liront les deux !
Pour celles et ceux qui aiment les thrillers américains, même s'ils sont écrits par des anglais.
C'est Sonatine qui édite ces 652 pages parues en 2005 en VO et qui sont traduites de l'anglais par Fabrice Pointeau.
D'autres avis sur Critiques Libres ou sur Babelio.
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