mardi 1 juin 2010

Brève histoire de pêche à la mouche (Paulus Hochgatterer)

Mon truc en plume.

Après avoir lu et aimé les polars de William G. Tapply avec son pêcheur à la mouche amnésique (le pêcheur, pas la mouche), on ne pouvait que tomber en arrêt, comme le chien Ralph, devant ce titre évocateur : Brève histoire de pêche à la mouche.
Un titre tout à fait capable d'appâter le pêcheur émérite que je serai dans une vie prochaine.
D'autant que Decitre - comprenant enfin que, pour lutter contre les amazones des blogs, il faut convaincre que les libraires sont d'abord des lecteurs - y allait de son petit billet personnalisé et signé : J'ai aimé patati patata ...
Mais la comparaison avec les pêches de Stoney Calhoun s'arrête au titre évocateur.
Parce qu'on n'est ni dans le Maine, ni au rayon polars. Du tout.
À dire vrai, il a fallu feuilleter quelques pages dans la librairie pour se convaincre de la justesse et de la précision de l'écriture et contrebalancer l'effroyable "pitch de la quatrième de couv'" : trois psy prennent la route pour une partie de pêche à la mouche, le réalisme vibrant plonge le lecteur dans les eaux troubles et sombre de l'inconscient et ferre la part d'ombre qui est en chacun de nous (fin de citation).
Promis, juré, craché, dans une vie prochaine - celle après ma vie de pêcheur à la mouche - je rédigerai tout plein de quatrièmes de couv'.
Une histoire de psy écrite par Paulus Hochgatterer un ... psy autrichien, ben oui, un viennois forcément ! Une sorte de Woody Allen tyrolien. Vite, fuyons.
Non, restons ! Restons ! Car, on l'a dit, quelques pages lues de ci de là ont eu vite fait de nous harponner (ah, ah, mais c'est pas au harpon qu'on attrape les truites).
Au gré des savoureux dialogues entre les trois pêcheurs, une belle écriture fait virevolter les associations d'idées mais sans que le tyrolien ne se prenne trop au sérieux. On évite donc les effets de plume (ah, ah) qui aurait pu agacer le lecteur, comme la mouche agace le poisson.

[...] - Le nombre d'éoliennes est toujours proportionnel à celui des néonazis, dit l'Irlandais, troisième principe.
" De quoi ?" je demande.
"Qu'est-ce que tu veux dire ?"
"Troisième principe de quoi ? De la thermodynamique ?"
"Troisième principe, c'est tout."
Julian s'inquiète. " Aujourd'hui, pas de politique, s'il vous plaît."

Pouce levé Pour BMR qui n'a dû tenir une canne à pêche que deux ou trois fois et encore, avant l'âge de 12 ans, il est absolument fascinant de voir ces gars se prendre le chou pour des hameçons en plume : Munro killer, Red butcher, Egg-sucking leech, Streamer, Grey fox, Rusty rat, Sunray, Culs-de-canards, Nymphes scud, Adams, ...
Pouce baissé MAM confirme deux points :
- la pêche à la mouche est une affaire de mecs
     - ce bouquin est un délire masculin cérébral.
L'auteur en convient lui-même :

[...] Il me vient à l'esprit que Lea a dit une fois que, pour elle, la pêche à la mouche n'est rien d'autre que de la masturbation masculine en bande, mais je m'abstiens de parler de ça.

Outre les rares évocations d'épouses, le seul élément féminin du récit sera la rencontre d'une jeune serveuse sur la route que les trois compères emmèneront "virtuellement" avec eux .
Au plan du fantasme partagé, dirait l'un des psys.
Un livre où l'on découvre quelques trucs en plume ...


Pour celles et ceux qui aiment la pêche à la mouche.
Les éditions Quidam publient ces 111 pages qui datent de 2003 en VO et qui sont traduites de l'autrichien par Françoise Kenk.
Bien sûr un blog de pêcheur à la mouche.

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