lundi 15 août 2011

À l’attention de la femme de ménage (Emilie Desvaux)

Le chant glacé des sirènes.

Drôle de bouquin (enfin non, pas drôle du tout) que cet ouvrage d'Émilie Desvaux, à mi-chemin entre une longue nouvelle et un court roman.
L'histoire d'une folie ordinaire. Une folie glacée.
Une jeune et riche veuve, oisive et neurasthénique, raconte ...
Elle écrit À l'attention de la femme de ménage. La femme de ménage qui fait partie des meubles, de la maison : qui voit tout, entend tout, comprend tout mais ne dit rien.
Et qui surtout, passe derrière vous pour faire ... le ménage.
La riche veuve vient de perdre son mari. Une histoire un peu trouble d'accident d'auto.
La jeune et fraîche cousine du mari était venue loger chez eux.
Le mari décédé ne pouvait plus approcher son épouse, glacée. S'est-il montré un peu trop proche de la jeune cousine ?
La riche veuve, elle, s'est franchement éprise de la fraîche cousine, qui est restée.
La jeune cousine s'incruste et s'enferme des heures dans la salle de bain.

[...] Je la trouvais partout, Marie-Jeanne, la cousine de mon mari, ma nouvelle colocataire. Elle était ma première vision, ma paralysie pour un minuscule instant,  une seconde sans fin ni frémissement - elle était dans le salon, dans la cuisine, dans la véranda inachevée, sur la terrasse. Elle était vautrée sur le canapé ou à même la moquette, un genou replié, occupée à se vernir avec application les ongles de pieds.

Deux femmes goûtant les plaisirs de Sapho. Un absent.
Et un quatrième personnage : la maison qui semble peser de tous ses murs, de toutes ses pièces sur cette étrange histoire.
D'autres absents aussi, encore trop présents eux aussi : la mère qui fut beaucoup trop lointaine et le père qui aura été un peu trop proche et qui lui racontait des histoires à l'oreille le soir en lui caressant les cheveux ...

[...] J'ai eu des grands-parents, je crois, lorsque j'étais bébé, ils sont morts très vite. Tout le monde est mort si vite. Ce serait une maison idéale pour les fantômes mais en fait de fantôme, il n'y a que moi.

Il faut un peu de temps pour entrer dans cette histoire glaçante, un peu de temps pour se laisser prendre par ces personnages ces fantômes de famille qui hantent la maison. Et puis on se laisse glisser dans l'eau froide ...
Et puis la femme de ménage découvrira la lettre.
Brrr.... idéal pour se rafraîchir un soir d'orage.
On reparle très bientôt des femmes de ménage ... n'en déplaise à dski vous savez.


Pour celles et ceux qui aiment les douches froides.
Stock édite ces 183 pages qui datent de 2011.

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