jeudi 3 octobre 2013

Il faut tuer Lewis Winter (Malcom MacKay)


Huile essentielle.

Dans la série : les bons bouquins lus cet été
C'est le sérial lecteur qui nous avait mis sur la piste du tueur.
Un tueur à gages de Glasgow qui se voit confier une nouvelle mission : Il faut tuer Lewis Winter.
Calum MacLean s'installe donc en planque devant le domicile de Lewis afin de noter minutieusement les habitudes de sa cible, comme celle de sortir le soir avec sa petite amie, trop jeune et trop belle pour lui.
Car Calum MacLean est un professionnel qui ne laisse rien au hasard : c'est justement pour ce côté sérieux que l'on fait appel à ses services.
Calum est un ouvrier méticuleux, précis, rigoureux. On va dire un brin maniaque même.
L'intrigue de ce curieux polar est assez minimaliste et n'est pas de celle qu'on retient. Non, c'est le style de l'auteur, Malcolm MacKay, qui fait toute la saveur originale de ce petit bouquin.
Certains auteurs sont réputés pour le rythme ample de leurs longues phrases ou connus pour leur maîtrise confirmée des différents signes de ponctuation. Malcolm MacKay joue dans un tout autre registre : des petites phrases courtes et sèches. Point.
À la ligne.
Une écriture neutre, froide et distanciée. Une ironie acide, mordante et cynique.
Ici pas de descriptions savantes : on est presque surpris quand MacKay nous rappelle de temps en temps que ça se passe à Glasgow, tant son texte est universel et ressemble plutôt à une aventure new-yorkaise désincarnée.
Dès les premières pages, on pense inévitablement à la bd de Luc Jacamon, Le tueur. Avec la même voix off qui traduit pour nous les pensées du tueur à gages méticuleux.
Page après page, MacKay nous introduit d'ailleurs ainsi dans la tête de chacun de ses personnages : le tueur bien sûr, mais aussi son commanditaire, la future victime, la petite amie, le flic, etc ...
On décortique ainsi, au scalpel froid et pointu, le fonctionnement de chacun dans le dispositif et sa position dans l'organisation de la pègre de Glasgow. C'est à la fois très sinistre et très amusant.
Ce sont les affaires. Calum a donné son accord. S’il échoue, il sera probablement puni. Pas exécuté. Si vous tuez un homme parce qu’il a échoué, qui voudra travailler pour vous ? Mais vous l’isolez. Vous lui menez la vie dure. Calum le sait. Il en a vu à qui c’est arrivé. Des hommes de talent. Ça arrive surtout aux grandes gueules, aux imbéciles qui croient pouvoir faire le boulot. C’est facile de tuer un homme, mais difficile de bien le tuer. Ceux qui le font bien le savent. Ceux qui le font mal le découvrent à leurs dépens. Leurs dépens avec leurs conséquences. Même ceux qui ont du talent ne doivent pas perdre ça de vue.
La recette est inhabituelle et plutôt originale. MacKay a fait longuement dégraisser son polar à la cuisson et nous laisse en apprécier la substantifique moelle.
Comme si l'auteur, visiblement aussi méticuleux que son héros, démontait pour nous, pièce par pièce, la mécanique de précision d'une machine à polar.
Le bouquin est le premier d'une série : après ce succès, la question sera maintenant de savoir si MacKay pourra renouveler tout cela pour une autre aventure écossaise ? Le pari s'annonce risqué tellement l'écriture de ce premier épisode est originale et "typée".

Pour celles et ceux qui aiment l'essence même du polar.
D'autres avis sur Babelio. Et bien sûr le billet du sérial lecteur.

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