mardi 3 juin 2014

Luz ou le temps sauvage (Elsa Osorio)

Les enfants volés de la dictature Argentine.

Entre 1976 et 1983 l'Argentine survit sous la dictature militaire soutenue, à la mode franquiste, par l’Église catholique. La répression s'inspire des techniques de la guerre sale d'Algérie : enlèvements et tortures. Nombreux furent les 'disparus'.
Parmi les jeunes femmes emprisonnées, certaines étaient enceintes : avant de 'disparaître', elles eurent le temps d'accoucher et de donner naissance à un bébé qui leur fut enlevé et que de bonnes familles catholiques s'empressèrent d'accueillir en effaçant au passage toute trace de son identité d'origine.
Le plan était bien organisé et on estime que plus de 500 enfants ont reçu ainsi une nouvelle identité.

[…] Il veille personnellement à ce qu’elle soit bien nourrie, parce que là-bas il paraît que c’est infect.
– On lui donnait une nourriture spéciale et ils ne la torturaient pas comme ils le faisaient aux autres.
– Tu trouves que ce n’est pas une torture d’être là-bas et de savoir que toutes ces attentions, ce régime spécial, c’était pour lui voler son enfant – la haine voilait la voix de Carlos. Ils venaient là pour choisir les mères, comme si c’était un vivier d’êtres humains ! C’est monstrueux, aberrant.

La génération des parents a 'disparu' et depuis ce sont les Grands-mères de la Place de Mai [clic] qui tentent de retrouver leurs petits-enfants et de leur redonner leur véritable filiation.
Avec Luz ou le temps sauvage, c'est l'histoire d'une de ces enfants volés que nous conte Elsa Osorio.
Lili ou Luz (c'est selon) est maintenant devenue une femme et la naissance de son propre fils remet sa vie en question : de mensonge en mensonge, elle a toujours soupçonné ses 'parents' d'être illégitimes et la voici partie à la recherche de son histoire. Autant dire que le sujet est passionnant et éclaire d'un jour particulier l'Histoire récente de l'Argentine.

[…] Eduardo avait l’intention de dire la vérité à Mariana, mais il a toujours eu peur de sa réaction. Et il s’est passé ce qui se passe avec les mensonges, on en dit un qu’on cherche à rendre vraisemblable par un autre, puis un autre et on se trouve pris dans un essaim de mensonges d’où il devient difficile de s’extraire.

Malheureusement il faut beaucoup de courage pour venir à bout de ce gros pavé.
En dépit de quelques bonnes idées de narration inégalement exploitées (mélange des époques, des familles et des personnages), l'écriture d'Elsa Osorio est pesante et laborieuse et semble s'adresser à de jeunes ados.
Décrivant minutieusement le moindre geste et la moindre pensée de ses personnages, elle en fait des marionnettes de carton caricaturales et sans épaisseur, qui nous deviennent vite totalement étrangères.
On a beau être passionné par le contexte historique et l'âpreté de cette histoire (cette Histoire) terrible, on se trouve complètement dérouté par une narration, besogneuse, simpliste et parfois presque naïve : quel dommage.
À noter sur le même thème, pour celles et ceux que cela intéresse : La garçonnière d’Hélène Grémillon.


Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire.
D'autres avis (plus positifs) sur Babelio.

2 commentaires:

keisha a dit…

Je n'ai pas de mauvais souvenirs de l'écriture;.. Mais je note le livre d'H Grémillon.

Anjelica a dit…

personnellement j'avais beaucoup aimé cette lecture et je ne me rappelle pas non plus ce souci d'écriture.