[...] Savoir ce qui se passe avant de se lancer dans une guerre.
Quelle est cette étrange fascination qu'exerce l'idée de la guerre sur nos esprits nourris de posts, de news et de tweets ?
Est-ce que l'on joue à se faire peur, nous qui n'avons pas connu la guerre ? Ou bien est-ce plutôt une manière de conjurer cette peur ? Ou encore est-ce la marque d'une génération qui a grandi sous la menace de l'holocauste nucléaire ?
À l'heure où les russes et les américains roulent des mécaniques aux frontières de l'Ukraine, Elliot Ackerman joue sur cette fascination et son ambition est simple : tout simplement nous raconter la prochaine guerre mondiale.
Pour cela, il a choisi un autre théâtre d'opérations comme on dit : le Pacifique, la Mer de Chine plus précisément, où depuis des années fanfaronnent les armadas chinoises et étasuniennes, où s'excitent la sempiternelle arrogance des uns et l'ancestrale ambition des autres.
Tout l'intérêt du bouquin d'Ackerman est de détailler par le menu les événements qui pourraient déclencher une guerre : lorsque les deux camps jouent avec les allumettes, pénètrent dans des eaux ou des airs qui ne sont pas tout à fait les leurs, lorsque rodomontades, intimidations, bravades et provocations envahissent les discours, mais aussi lorsque chaque camp évite soigneusement d'aller un tout petit peu trop loin lorsque la règle est d'éviter toute escalade irréversible.
Tout l'intérêt du bouquin d'Ackerman est de détailler par le menu les événements qui pourraient déclencher une guerre : lorsque les deux camps jouent avec les allumettes, pénètrent dans des eaux ou des airs qui ne sont pas tout à fait les leurs, lorsque rodomontades, intimidations, bravades et provocations envahissent les discours, mais aussi lorsque chaque camp évite soigneusement d'aller un tout petit peu trop loin lorsque la règle est d'éviter toute escalade irréversible.
Ah quel maître mot aujourd'hui que cette désescalade !
[...] Un combat décisif était essentiel, mais il devait agir avec prudence de peur qu’un mauvais calcul ne conduise à ce que l’incident se transforme en un conflit plus large.[...] Il est fichtrement conseillé de savoir ce qui se passe avant de se lancer dans une guerre.[...] Tout le monde savait que ces minutes étaient cruciales, chacun pouvait sentir que des événements de nature à façonner l’histoire étaient en train de se dérouler à l’instant même. Mais personne ne comprenait sous quelle forme ; personne ne comprenait ce qu’étaient ces événements ou ce que serait cette histoire.[...] Il y avait une part de mauvais calcul ; de par sa nature même, c’était inévitable. Parce que lorsqu’une guerre commence, les deux camps pensent qu’ils vont gagner.
Tout cela est monté comme un film à grand spectacle : lieux étrangers tout autour de la planète, personnages variés, hauts gradés, subalternes, on se croirait sinon à la guerre, du moins au cinéma.
C'est aussi une petite leçon de géopolitique entre Chine et US bien sûr, mais aussi avec la Russie, l'Iran, le Pakistan ou l'Inde qui jouent les trouble-fêtes, tantôt incendiaires, tantôt pompiers.
Curieusement, Grande-Bretagne, Australie et Europe ne sont pas au générique et on aurait apprécié un peu plus de "politique" (ONU, Conseil de sécurité, médias, ...) dans cette intrigue qui repose beaucoup sur des destins individuels (cinéma oblige sans doute) et dans laquelle Ackerman a tout misé sur son scénario d'escalade militaire (plutôt réussi) au détriment du reste.
L'auteur évite le jargon techno-militaire et développe son histoire en moins de 400 pages : le pavé reste digeste et sera moins lourd sur les plages cet été.
[...] Autrefois, l’Amérique ne commençait pas les guerres. Elle les finissait. Mais maintenant (Patel baissa le menton sur sa poitrine et se mit à secouer tristement la tête), maintenant, c’est l’inverse ; vous commencez des guerres et vous ne les finissez pas.
Pour celles et ceux qui aiment se faire peur.
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