mercredi 1 mars 2023

Le soleil rouge de l'Assam (Abir Mukherjee)

[...] J’ai croisé un fantôme, un mort.

      L'auteur, le livre (416 pages, 2023) :

L'écossais d'origine indienne Abir Mukherjee n'est pas un inconnu [clic], et le revoici avec son quatrième épisode du cycle des aventures du flic anglais opiomane Sam Wyndham et de son collègue hindou, le brahmane Sat.

      On aime (mais on préfère les précédents) :

❤️ Un regard caustique, acerbe, presque cynique sur le racisme arrogant des britanniques, que ce soit envers les juifs londoniens au début du siècle quand ils fuyaient la Russie ou quelques années plus tard envers les indiens des colonies.

      Le contexte :

L'Inde, son ambiance surannée des années 20, les intrigues policières à la Agatha Christie.
L'Angleterre du début du siècle et les faubourgs miséreux de Londres, façon Jacques l'Éventreur (mais en plus cool quand même).
L'empire colonial britannique qui vacille avant son effondrement, tout un contexte social et historique mal connu à (re-)découvrir grâce à la visite guidée proposée par l'auteur.

      L'intrigue :

Le britannique opiomane Sam entreprend d'en finir avec son addiction et commence son sevrage par une retraite dans un ashram.
En chemin il aperçoit une silhouette fugitive qui le ramène vingt ans en arrière, à l'époque où il n'était encore qu'un simple flic dans les faubourgs de Londres.
[...] J’ai croisé un fantôme, un mort, un homme que j’ai vu pour la dernière fois il y a presque vingt ans. [...] Il est difficile d’oublier le visage de l’homme qui a essayé de vous tuer.
En alternant les chapitres, Mukherjee nous entraîne dans une double histoire : une enquête menée au début du siècle par le policeman londonien et vingt ans plus tard, son difficile sevrage de la drogue en Inde.

    On aime moins :

Une première partie qui tarde un peu à se mettre en place, détaillant à loisir les souffrances de Sam dans son ashram entre deux tisanes vomitives.
L'alternance des chapitres qui nous baladent entre deux époques et deux pays sans qu'on ait vraiment le temps de s'imprégner de l'un ou de l'autre : on préférait le charme des romans précédents, beaucoup plus "indiens".
Visiblement après deux premiers épisodes flamboyants, la série accuse une baisse de régime, mais que cela ne vous empêche pas de découvrir ces enquêtes.
Reste intact, l'inimitable humour finaud de Mukherjee, so british :
[...] S’attarder sur des histoires d’amour, comme admettre aimer la cuisine française, est une faiblesse plutôt répugnante et résolument non anglaise.
Ou à propos d'une jolie dame :
[...] Nous sommes peut-être tous créés à l’image de la divinité, mais certains sont visiblement plus proches de l’original que d’autres.

Pour celles et ceux qui aiment l'opium.
D’autres avis sur Bibliosurf, Babelio et un article de Telerama.

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