[...] La mise à mort du plus grand joueur d’échecs.
L'auteur(e), le livre (448 pages, 2023) :
Un bouquin qui vient secouer le petit monde discret des échecs. Avec Le sacrifice du roi, l'auteur(e) qui se cache soigneusement derrière un pseudo (Livie Hoemmel anagramme de Le Vieil Homme) s'attaque au mythe du plus grand joueur : Bobby Fischer, champion des US à quatorze ans, il n'aura même pas trente ans lorsqu'en 1972, il battra le soviétique Boris Spassky lors du match du siècle, le fameux tournoi de la guerre froide en Islande (cf. le film Le Prodige). Il fut rien moins que le [plus grand pousseur de bois de tous les temps], [bien plus qu'un grand joueur, il était aux échecs ce que Mozart est à la musique].
On aime un peu :
❤️ S'enthousiasmer pour l'ascension du jeune Bobby, gosse miséreux de Brooklyn, qui en misant sur ses parties blitz à Central Park voulait juste se faire un peu d'argent pour rapporter à sa maman.
❤️ Partager la passion de Bobby pour le noble jeu des rois et frémir lors des tournois chaque fois que notre champion monte sur le ring.
❤️ Partager la passion de Bobby pour le noble jeu des rois et frémir lors des tournois chaque fois que notre champion monte sur le ring.
[...] Aux échecs, l’intensité de la réflexion peut soumettre le corps à une pression telle que ses capacités sensorielles en sont momentanément altérées : la vision à plus d’un mètre se brouille, les oreilles bourdonnent. D’autres manifestations ahurissantes témoignent de la violence de cette joute intellectuelle, comparable, dans son ampleur, à un match de boxe : la température corporelle augmente, le rythme cardiaque ralentit. On est proche de l’embolie cérébrale. Au cours d’un affrontement de cinq heures, un joueur peut perdre jusqu’à quatre kilos sans avoir quasiment fait aucun mouvement.❤️ Se laisser mener par le bout du nez par l'énigmatique Livie Hoemmel qui nous mystifie avec un redoutable mélange de fausses révélations et de véritables anecdotes ! D'autant plus que la dernière partie du livre prend le lecteur à revers pour transformer le mystère échiquéen en nouvelle énigme littéraire et emmener le lecteur d'un complot façon Da Vinci Code à un autre façon Émile Ajar.
Le contexte :
Après le retentissement mondial de la défaite surprise de 1972, l'empire contre-attaque et entreprend de déstabiliser Bobby Fischer (une personnalité tourmentée à l'esprit déjà bien fragile !) avant le prochain tournoi qui devra l'opposer en 1975 à Anatoli Karpov.
[...] Mon rôle n'est pas d'écrire une biographie de Robert James Fischer. Il est de vous raconter l'histoire incroyable qui eut lieu entre 1972 et 1975.
L'auteur imagine un manuscrit rédigé par un soi disant ami de Fischer, une histoire dans l'Histoire qui viendrait expliquer la chute de Robert James Fischer, sa longue descente aux enfers et finalement son abandon de la compétition par forfait : [Quand vous aurez terminé votre lecture, vous vous interrogerez : est-ce une fiction ou la terrible réalité ? Les échecs sont-ils un jeu ou un art ?].
Serait-ce donc la solution d'une énigme qui agite le petit monde des échecs depuis cinquante ans, [l’histoire de la mise à mort du plus grand joueur d’échecs par les services secrets russes] ?
Un auteur mystérieux, une histoire d'espionnage autour d'un échiquier, un soi disant manuscrit dans le livre, un teasing habile qui mêle fausses révélations et véritables anecdotes : aucune doute, le plan marketing est efficace !
L'intrigue :
Après la victoire US de 72, il est clair qu'aucun prétendant soviétique n'a la moindre chance de reprendre le titre à Fischer : le Kremlin réalise [l’incapacité des Russes à repousser la menace d’une nouvelle défaite. Bobby était au sommet de son art, il allait écraser le prétendant au titre].
Il faut donc trouver [une faille dans l’armure Fischer], un autre moyen de déstabiliser une personnalité déjà bien fragile qui ne demande qu'à basculer du côté obscur : [une belle dose de paranoïa doublée d’un ego surdimensionné, diront certains ; les prémices d’une forme de démence, penseront d’autres].
C'est là qu'entre en scène Olga, une surdouée tendance Asperger : on assiste à la longue éducation et ascension de la jeune Olga qui va grandir dans les griffes du Kremlin entre orphelinat et asile psychiatrique - on se croirait presque dans un remake de Nikita (le film de Besson).
Tout cela est bien écrit et la lecture reste fluide, mais bon avouons que cette première partie est un peu longuette, le lecteur a bien vite compris qu'Olga la surdouée, va devenir une version Prix Nobel de Lara Croft et on piaffe d'impatience dans l'attente de la voir rencontrer enfin notre Bobby et son échiquier de soixante-quatre cases pour la partie finale où va se déployer le stratagème de la brillante Olga.
Un piège diabolique qui est bien à la hauteur du génie tourmenté de Bobby et qui viendra donner tout son sens au titre du bouquin ...
Pour celles et ceux qui aiment les échecs et les espions.
D'autres avis sur Bibliosurf, livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Plon.
Chronique reprise par 20 Minutes.
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