[...] Ce n'est pas difficile d'être malfaisant.
L'auteure, le livre (370 pages, 2023) :
Une fois n'est pas coutume, c'est un article de Télérama (défense de rire et de fuir !) qui nous a attiré vers le second roman de l'américaine Danya Kukafka : Une exécution [un polar féministe impressionnant pour démythifier les tueurs en série].
On aime un peu :
❤️ La mise en parallèle d'une vie qui se termine, celle du tueur qui va être exécuté, avec d'autres vies qui ont été brisées net, celles de ses victimes.
❤️ Le questionnement de notre culture où l'on montre plus d'intérêt fasciné pour le tueur en série que pour ses victimes : Danya Kukafka tente de rectifier les poids dans la balance.
❤️ Le questionnement de notre culture où l'on montre plus d'intérêt fasciné pour le tueur en série que pour ses victimes : Danya Kukafka tente de rectifier les poids dans la balance.
Le contexte :
Le couloir de la mort aux États-Unis, état de New York. Les derniers moments d'un serial-killer féminicide surnommé par la presse [le tueur de gamines], et les histoires de ses victimes.
L'intrigue :
Ansel Packer, matricule 999631, se trouve dans le couloir de la mort. L'horloge du bouquin va rythmer ses derniers instants : au premier chapitre il lui reste 12 heures à vivre avant son exécution.
Chacun de ces chapitres permet de revenir sur le passé de Ansel, avec les explications trop classiques sur une vie cabossée : abandonné par ses parents, il sera retrouvé par les services sociaux avec son petit frère mort d'inanition dans ses bras.
Les hurlements du petit résonnent toujours dans sa tête ... qu'il essaye d'apaiser en tuant des jeunes femmes.
[...] Les hurlements du bébé se sont tus et, assis au bord de ton lit, tu t'efforces de contrôler ta respiration en te répétant : le bébé est mort.[...] En vérité, les hurlements avaient recommencé.[...] Tu n'es pas idiot. Tu sais manipuler les femmes, et aussi certains types d'hommes.
[...] La seule chose dont tu es certain à propos des femmes. Elles t'abandonnent toujours.
Un tueur dépourvu d'empathie, [peut-être pas capable de ressentir de l'amour], qui s'est construit toute une théorie pour justifier son absence de morale : [Faire ou ne pas faire. Où est la différence ? Où est le choix ?].
[...] Tu crois aux univers parallèles. À la possibilité d'éternité qu'ils offrent. Il existe une autre version de toi dans ces dimensions. Un enfant qui n'a jamais été abandonné.
[...] Mais la version la plus déroutante pour toi, celle qui échappe à ton entendement, est celle d'un Ansel Packer qui a agi exactement de la même manière et ne s'est jamais fait prendre.
Les autres chapitres évoquent d'autres vies brisées : celles de sa mère, de la fliquette de service et surtout celles des victimes qui ont croisé le destin du tueur, un angle de vue qui résonne dans notre époque qui cherche à modifier notre regard sur le féminicide.
Même si la messe semble avoir déjà été dite, l'auteure nous ménage malgré tout un peu de suspense : Ansel a encore réussi à manipuler une dernière femme trop fragile (une gardienne de prison) et prépare son évasion in extremis, alors que les cris du bébé hurlent toujours dans sa tête : pourquoi ne cessent-ils pas ? Et surtout, que veulent-ils dire ?
Les amateurs de polar auront même le plaisir de revenir sur la fin de l'enquête et la capture du tueur, du point de vue d'une enquêtrice de la police : un livre résolument écrit au féminin.
On aime moins :
▼ Un montage un peu confus où différentes voix à différentes époques ne rendent pas la lecture très fluide.
▼ Une renommée et une originalité un peu surfaite dans l'ombre du bouquin de Norman Mailer, Le chant du bourreau, un monument de la littérature US (Pulitzer 1980) et de la non-fiction (c'est l'histoire vraie du tueur Gary Gilmore) : à vrai lire, la fiction romancée de Danya Kukafka souffre un peu de la comparaison.
▼ Par ailleurs, le récit peine un peu à se mettre en place et durant plusieurs chapitres, l'auteure semble se laisser prendre à son propre piège puisque les victimes ont des voix qui sonnent un peu creux et des portraits un peu superficiels : le personnage le mieux traité reste bien celui du tueur en série - maudite fascination pour les affreux qui entraîne Danya Kukafka tout comme ses lecteurs. Il faut attendre la seconde partie du bouquin pour que quelques femmes prennent enfin de l'épaisseur et de la consistance : la fliquette Saffy, la sœur d'une des victimes Hazel, la mère Lavander et une autre encore - ce sont elles qui donneront du poids et du sens à ce roman.
▼ Une renommée et une originalité un peu surfaite dans l'ombre du bouquin de Norman Mailer, Le chant du bourreau, un monument de la littérature US (Pulitzer 1980) et de la non-fiction (c'est l'histoire vraie du tueur Gary Gilmore) : à vrai lire, la fiction romancée de Danya Kukafka souffre un peu de la comparaison.
▼ Par ailleurs, le récit peine un peu à se mettre en place et durant plusieurs chapitres, l'auteure semble se laisser prendre à son propre piège puisque les victimes ont des voix qui sonnent un peu creux et des portraits un peu superficiels : le personnage le mieux traité reste bien celui du tueur en série - maudite fascination pour les affreux qui entraîne Danya Kukafka tout comme ses lecteurs. Il faut attendre la seconde partie du bouquin pour que quelques femmes prennent enfin de l'épaisseur et de la consistance : la fliquette Saffy, la sœur d'une des victimes Hazel, la mère Lavander et une autre encore - ce sont elles qui donneront du poids et du sens à ce roman.
Pour celles et ceux qui aiment un peu trop les serial-killer.
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