[...] Sokcho, une destination balnéaire.
En plein hiver dans une station balnéaire de Corée (du Sud) la brève rencontre d'un dessinateur français et d'une jeune coréenne. Ambiance douce et zen pour ce très court récit d'une amourette qui n'a pas eu lieu.
❤️❤️🤍🤍🤍L'auteure, le livre (144 pages, 2016) :
Voilà une lecture pour le moins "internationale" : Élisa Shua Dusapin est né en 1992 d'un père français et d'une mère coréenne. Elle même partage sa vie entre la Suisse et la France !
En 2016, elle publie son premier roman, un succès, Hiver à Sokcho, récompensé par le prix Régine Deforges à Limoges en 2017 et qui a été adapté au cinéma en 2024 par Koya Kamura, un réalisateur ... franco-japonais !
Film et livre sont au programme du Festival de Vernoux Roman et Cinéma 2025, ce qui motive cette année notre lecture tardive.
Le pitch et les personnages :
Un français Yan Kerrand, un normand, débarque en plein hiver dans un hôtel pas trop glamour de Sokcho, petite ville provinciale sur la côte nord-est de la Corée du Sud, tout près de la frontière avec celle du Nord. « Sokcho, une destination balnéaire. Qu’il soit prévenu, il n’y avait pas grand-chose à faire en hiver. Les clients étaient rares à cette période. »
Kerrand est un bédéiste, un dessinateur, venu chercher inspiration et décors exotiques pour de futurs albums. Il trouve que Sokcho ressemble au « monde Playmobil » et voudra visiter les montagnes du Seoraksan et la DMZ (c'est tout de même la frontière la plus infranchissable de la planète et le plus ancien "mur" de notre époque éclairée).
La réceptionniste de l'hôtel est elle-même métissée (de père français) et son visage fait se retourner ses compatriotes sur son passage. Sa mère travaille comme poissonnière au port et voudrait voir sa fille de 25 ans déjà mariée. Maman sait préparer le fugu, ce fameux poisson aux viscères toxiques, « seule poissonnière de la ville à posséder la licence qui lui permettait d’en cuisiner, ma mère en préparait chaque fois qu’elle voulait briller ».
♥ On aime :
➔ Voilà un court récit, celui d'un arrêt sur image dans cette station balnéaire déserte. Tout est comme suspendu ici : la ville de mer entre deux saisons, le français entre deux avions ou deux albums, la coréenne entre deux amours.
Une ambiance douce, rêveuse, zen, qui nous évoque les BD japonaises de Jiro Taniguchi ou Frédéric Boilet ou même peut-être le récent Jour de ressac de Maylis de Kerangal au Havre.
L'ambiance qui convient à cette très petite chronique d'une amourette qui n'a pas eu lieu.
Une carte postale, la photo d'une promenade sur une plage battue par les vents et la mer d'hiver.
➔ Une petite écriture sèche et factuelle (c'est elle qui raconte) qui laisse au lecteur tout le soin (et le plaisir) d'imaginer les sentiments au-delà des gestes.
➔ Une petite écriture sèche et factuelle (c'est elle qui raconte) qui laisse au lecteur tout le soin (et le plaisir) d'imaginer les sentiments au-delà des gestes.
Avec tout un tas de petites infos sur la vie coréenne, les bains, la chirurgie esthétique (« la chirurgie t’aiderait peut-être à trouver un meilleur emploi »), le froid de l'hiver, et bien entendu la cuisine, ...
En prime, quelques jolies pages sur le dessin puisque le héros est bédéiste.
Pour celles et ceux qui aiment la Corée.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio, Benzine et ActuaLitté.
Livre lu dans le cadre du Festival de Vernoux Roman et Cinéma 2025.