mercredi 17 septembre 2025

Café noir (collectif)


Quelques nouvelles noires, bien noires, venues des quatre coins de l'Europe. Des textes étranges parce que étrangers, qui viennent déstabiliser le lecteur.

Le recueil de nouvelles (192 pages, mai 2025) :

Excellente idée que celle de l'éditeur Agullo de réunir ici une petite dizaine de nouvelles, toutes très noires, mais venues des quatre coins de l'Europe.
Il ne s'agit pas d'une simple compile de circonstance et l'éditeur a même rédigé une jolie préface pour présenter ce recueil et mettre en avant le travail des différentes traductrices (mais attention, un traducteur se cache parmi ces dames !). 
D'ailleurs chacune d'elles (et lui !) a rédigé une ou deux pages pour présenter chaque nouvelle, son auteur(e), son pays et le contexte, ... 
Voilà un travail collectif et intelligent qui va nous permettre de découvrir :
- la Syrie de Rasha Abbas (née en 1984, elle vit aujourd'hui à Berlin), traduite de l'arabe par Lola Maselbas
- la Bulgarie de Zornitsa Garkova (née en 1981, elle vit à Sofia), traduite par Marie Capin
- la Turquie de Murat Çelik (né en 1965), traduit par Sylvain Cavaillès (ah, le voilà !)
- la diaspora sri-lankaise de Shobasakthi (né Anthonytasan Jesuthasan en 1967 à Jaffna, il vit à Paris et fut le coscénariste du film Dheepan), il est traduit par Faustine Imbert-Vier
- la Tchéquie de Kateřina Tučková (née en 1980), traduite par Chantal Dauphin
- la Géorgie de Nino Sadghobelashvili (née en 1980 à Tbilissi), traduite par Eteri Gavasheli
- le Danemark de Rakel Haslund-Gjerrild (née en 1988), traduite par Anne-Christine Heck
- le Portugal de José Viale Moutinho (né en 1945 à Funchal), traduit par Hélène H. Melo
- la Grèce de Manos Apostolidis (né en 1993 à Thessalonique), traduit par Clara Nizzoli
Et ce n'est pas tout puisque le recueil se termine par des pistes de lecture complémentaires, pour prolonger l'expérience avec ces écrivain(e)s, en découvrir d'autres, ou explorer le travail des traductrices.

♥ On aime :

 Dès qu'on ouvre ce recueil on comprend mieux la mise en avant du travail de traduction : ces lectures venues de différentes pays d'Europe sont déconcertantes, mystérieuses, ou même dérangeantes. 
Ces textes sont étranges parce que étrangers. Ils font peu de concessions aux modes et conventions habituelles et promettent de sortir de sa routine le lecteur aventureux, ou simplement curieux, à des kilomètres de sa zone de confort. 
 Au cours de ce voyage, on pourra apprécier l'érotisme morbide de la bulgare, la musique sautillante du turc, les fenêtres secrètes de la vieille maison pragoise, le sang des phoques danois, l'interrogatoire kafkaïen du suspect portugais, ...
Comme dans tout recueil de nouvelles, le lecteur va picorer de ci de là, selon ses goûts et ses envies, mais ce qui est certain c'est qu'il ira de découverte en surprise.

Pour celles et ceux qui aiment voyager, même dans le noir.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce aux éditions Agullo (SP).
Ma chronique dans les revues Benzine et ActuaLitté.  

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