mercredi 26 novembre 2014

Le restaurant de l’amour retrouvé (Ito Ogawa)

La magie de la bonne cuisine

Une japonaise homonyme de la célèbre Yoko Ogawa !
Voilà qui avait de quoi éveiller notre curiosité.
Et nous voici donc avec entre les mains un petit bouquin sympa de Ito Ogawa : Le restaurant de l’amour retrouvé.
Une belle histoire avec juste ce qu’il faut d’étrangeté nippone et de bizarrerie extrême-orientale.
Tout commence avec un amour perdu.
Un soir en rentrant chez elle et son ami, la jeune Rinco trouve l’appartement vide :
[…] Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j’ai un petit boulot, l’appartement était vide.
Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu’aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu. Un instant, j’ai cru que je m’étais trompée de porte.
Dans le genre déception amoureuse, difficile de faire plus brutal. Elle en perd la voix.
[…] Je m’étais aperçue d’une chose. La veille, lorsque j’avais voulu acheter mon billet d’autocar au guichet, ou plutôt, quand j’étais allée rendre les clés au propriétaire, enfin non, à l’instant même où j’avais ouvert la porte de l’appartement vide... Ma voix était devenue transparente.
Elle décide donc de laisser la grande ville derrière elle et de retourner dans son village natal.
Où elle retrouvera sa mère … avec qui ce n’est pas le grand amour non plus.
Elle ouvre donc un petit restaurant. Un peu spécial. Pas de carte, pas de menu.
Un seul client par soirée. Un entretien préalable. À partir duquel, la jeune Rinco concocte le menu, personnalisé et adapté spécialement pour chacun de ses clients.
Apparemment, le principe fonctionne et le village s’étonne devant les résultats un peu magiques des soirées privées de l’Escargot (c’est le nom du resto) : tel amoureux qui pleurait son ex la retrouve, telle veuve qui regrettait son mari le revoit en rêve, tels jeunes gens qui n’osaient se déclarer se découvrent amoureux, …
[…] Voilà comment la folle rumeur – en mangeant à L’Escargot, on voyait ses vœux réalisés et ses amours comblées – s’est peu à peu propagée parmi les habitants du village et des localités voisines.
Telle est la recette magique du restaurant de l’amour retrouvé.
Ce qui, à propos de recettes, nous vaut d’ailleurs de savoureuses descriptions culinaires (avec même une touche européenne et même française, la jeune Rinco et le roman de Ito Ogawa sont très ‘modernes’).
Faut dire que la chef cuistot soigne ses ingrédients dans la plus pure tradition.
[…] La saumure héritée de ma grand-mère. Ce n’était pas rien. Elle avait réchappé aux tremblements de terre et à la guerre. Un jour où je regardais le contenu de la jarre à ses côtés, ma grand-mère m’avait fièrement raconté son histoire. Née au début du XXe siècle, elle l’avait elle-même héritée de sa mère, ce qui voulait dire que cette saumure avait été transmise de génération en génération sans doute depuis l’ère Meiji, peut-être même depuis l’époque d’Edo. Impossible de confectionner la même aujourd’hui, ou de s’en procurer. Il suffisait d’y glisser les légumes pour qu’ils se réjouissent et deviennent un régal : c’était une jarre magique.
[…] Je suivais toujours le même rituel. J’approchais mon visage, mon nez, des aliments, j’écoutais leur « voix ». Je les humais, les soupesais, leur demandais comment ils voulaient être cuisinés. Alors, ils m’apprenaient eux-mêmes la meilleure façon de les accommoder.
La jeune Rinco retrouvera-t-elle l’amour, elle aussi ? L’amour de sa mère ?
Ah, pour le savoir il vous faudra prendre rendez-vous avec Ito Ogawa et passer à table !
Un court roman à l’écriture un peu naïve (à nos yeux occidentaux), un charme japonais discret et un style très moderne. Parfait pour découvrir l’étrange littérature nippone.

Pour celles et ceux qui aiment faire la cuisine.
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