vendredi 24 avril 2015

Face à face (Gunnar Staalesen)

Il y avait un mort dans ma salle d'attente.

On avait déjà croisé Gunnar Staalesen et son privé norvégien Varg Veum (prononcer Varg Véhoum) il y a bien longtemps : sans plus d’affinités pour ce détective un peu rocker, franchement soixante-huitard. Les hasards des lectures nous avaient alors séparés.
Ce Face à face porte donc bien son titre et il s’agit pour nous de retrouvailles.
Depuis, tout le monde a mûri, nous bien sûr, mais aussi l’auteur, son écriture et Varg Veum.
Et c’est avec plaisir qu’on a retrouvé ce héros qui change un peu du standard des abondants polars nordiques : ce n’est pas un flic mais un privé et il vit à Bergen, la grande ville côtière et provinciale, que l’on a lue souvent moquée par ceux de la capitale [1] [2].
Pour autant Staalesen ne déroge pas à son habitude d’explorer la société norvégienne, de décortiquer le miracle économique actuel, d’analyser les années passées (années soixante et soixante-dix surtout).
Tout norvégien qu’il soit, le privé Varg Veum aurait pu se montrer comblé lorsqu’un client débarque enfin dans sa salle d’attente. Sauf que le client en question n’est qu’un cadavre. Bien mort.
Mort suspecte s’il en est.
Le privé va bientôt remonter le passé de ce cadavre encombrant.
Jusque dans les années 70, nous y (re-)voici.
Dans une communauté de jeunes gauchistes, un beau jour débarque la belle et fascinante Hildegunn Høgset, en pleine libération sexuelle, souvenez-vous. Quelques années plus tard, la belle intrigante disparait.

[…] Hildegunn ? Mais elle est morte, elle aussi ! Il y a des années et des années !
– Quatorze ou quinze ans, à ce que j’en sais.
– Et depuis, plus personne ne l’a vue !
– Vue ?
– C’était un suicide. Elle s’est donné la mort.
– Mais vous venez de dire… depuis, plus personne ne l’a vue ?
– Oui ?

Suicide vraiment ? Ou bien jalousie à droite ? Ou encore règlement de compte à gauche ?

[…] Non, mais voyons, mon bon monsieur ! C’est de plus en plus fantaisiste ! Personne d’autre n’a été porté disparu au même moment. Il n’y avait pas le moindre lien avec quoi que ce soit. Cette Mlle Høgset s’est jetée à la mer de son plein gré, et à mon avis, il n’y a rien d’autre à dire sur cette histoire. Dramatique, ça, oui ! Mais… Des raisons d’approfondir l’enquête ? Sûrement pas. Des arguments qui permettent de penser à un acte criminel ? Pas un seul ! […]
Pour ma part, je n’étais pas aussi convaincu, et de loin. Un élément de cette affaire n’avait pas encore trouvé sa place, et chaque jour qui s’écoulait renforçait ma volonté d’en connaître le fin mot.

Archéologue de la société norvégienne de ces dernières années, Gunnar Staalesen explore toutes les fausses pistes.

Qui était donc cette femme qui semblait avoir pas mal d’ascendant sur son entourage ?
Mais est-ce bien elle qui détenait la clé de toute cette histoire ?

[...] D’une certaine façon, je ne parviens pas à me faire une image précise d’elle. Sur le plan sexuel, elle part tous azimuts, elle a des relations avec les hommes et les femmes. Elle impressionne tout le monde, mais malgré tout, elle apparaît comme… vague, floue. Je n’arrive tout bonnement pas à la saisir. Vous pouvez m’aider sur ce point ? Vous qui la connaissiez ? » Elle haussa les épaules. « Que dire ? »

Malheureusement tout cela traîne un peu trop en longueur et en profondeur.
L’auteur s’attarde trop longuement sur certaines pistes et dilue son enquête dans une quête interminable.
Finalement, ces retrouvailles avec Varg Veum n’auront pas été désagréables mais ne nous auront pas franchement convaincu.


Pour celles et ceux qui aiment avoir vingt ans en soixante-huit.
D’autres avis sur Babelio et un billet documenté sur Varg Veum et Gunnar Staalesen.


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