Pensez-vous que Robin des banques va encore frapper ?
On n'a pas résisté à l'envie d'aller se faire voir chez les grecs, ne serait-ce que pour épingler un petit drapeau supplémentaire sur notre carte des voyages en classe polar.D'autant que ce pays a fait la Une des actualités économiques et sociales ces derniers mois et que Liquidations à la grecque, le bouquin de Petros Makaris, se déroule de nos jours, en pleine crise économique : la troïka européenne vue par les locaux de l'étape.
La crise vue de l'intérieur, dans ce pays qui avait connu une période de vaches grasses, même si les vaches étaient empruntées au voisin.
[...] La Grèce entière marche à l’emprunt. Prêts au logement, à la consommation, aux entreprises, prêts vacances ; les prêts sont le moteur qui fait tourner la machine. Les banques tiennent en otage plus de la moitié des Grecs.Un serial-killer de banquiers décapite au sabre un puis deux puis trois magnats de la finance locale pendant qu'Athènes est inondée de tracts appelant à la désobéissance financière (ne remboursez plus vos emprunts !).
Tout porte à croire qu'un déçu de la crise cherche à se venger ...
S'agit-il d'un robin des banques qui décapiterait les riches pour qu'ils ne volent plus les pauvres ?
C'est à peu près le seul intérêt de ce petit polar dont ni le style ni l'enquête ne justifient vraiment le prix du billet d'avion jusqu'à Athènes.
D'autant que les explications économiques tournent vitre très court et que la seule chose que l'on découvre c'est que les Grecs vivaient au-dessus de leurs moyens et que la fête est finie.
Ces pages sont d'ailleurs salutaires pour nous autres, lecteurs européens, et pourraient bien figurer ce qui nous attend peut-être dans quelques années : une sorte de finance-fiction ... ?
Heureusement, un brin d'humour mi-caustique mi-amer vient sauver le lecteur :
[...] – Nouveau calcul d’itinéraire. Dans cent mètres, tournez à gauche.Mais avec parfois quelques dérives qui fleurent bon le machisme méridional et où il faut vraiment renifler très fort pour percevoir un effluve de second degré :
Va te faire voir.
– Mais dis-moi, pourquoi tu gardes allumé ce machin qui nous soûle, puisque tu ne l’écoutes pas ? J’arrête la Seat et j’éteins le contact.
– Pour faire du bien à mon ego, dis-je.
– C’est-à-dire ?
– Toute la journée j’entends les uns et les autres raconter leurs salades. Quand ce n’est pas Guikas qui me dit ce que je dois faire, c’est le ministre. Cette fille-là est la seule qui me dit ce que je dois faire et que je peux envoyer paître. Ça me remonte le moral. Celui qui s’installe dans un boulot a besoin d’un GPS pour se défouler. Tu comprends, maintenant ? Je remets le contact et redémarre. Le silence revient.
[...] Bravo pour la nouvelle secrétaire, lui dis-je, une fois seuls.
– Voyons comment elle se débrouille. En tout cas, il n’y a qu’une seule Koula. Il la veut non seulement belle, mais efficace.
Bref, tout cela ne mérite guère le voyage d'autant que le bouquin déborde de clichés tous plus convenus les uns que les autres, tant sur la vie locale (les embouteillages d'Athènes) que sur la crise économique (les coupes dans les salaires et les retraites) ou le sport (le dopage) etc ... On a même cru un moment que c'était écrit par un 'touriste' étranger : mais non, vérification faite, Petros Markaris est bien un grec vivant à Athènes.
Pour celles et ceux qui aiment les vengeurs masqués et les robins des bois.
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