dimanche 3 juillet 2022

La nostalgie du sang (Dario Correnti)

[...] Même les loups n’en font pas tant.

Une couverture et un titre qui claquent pour ce polar d'un mystérieux et anonyme duo d'italiens Dario Correnti.
C'est l'appel de La nostalgie du sang ...
Derrière ce pseudo se cachent deux auteurs italiens dont l'un est journaliste et cela nous vaut un beau duo de personnages au centre du roman, le premier d'une série.
L'aîné c'est Marco Besana, un vieux routier aguerri de la presse milanaise que le journal en difficulté aimerait bien pousser dehors sans attendre la retraite.
[...] Je crains bien de finir ma carrière sur un autre serial killer. La boucle est bouclée. Je me demande si j’aurai la nostalgie du sang, quand je partirai à la retraite.
[...] Ne te plains pas, nous avons eu beaucoup de chance. Nous avons vécu l’âge d’or de ce métier. Nous pouvons partir en paix. Tu les envies, les journalistes d’aujourd’hui ?
La plus jeune c'est Ilaria Piatti, une stagiaire qui rêve d'intégrer la section criminelle du journal, mais en vain car le quotidien en est aujourd'hui réduit à compter les clics sur les réseaux sociaux. Elle s'accroche tout de même à ses espoirs et ses collègues la surnomme le morpion.
Pour tout dire, un peu empotée, assez mal fagotée, elle a pas l'air bien cuite et n'a même pas internet sur son téléphone.
[...] Il jette un regard perplexe à Ilaria, peut-être à cause de ses bottes en caoutchouc Hello Kitty violettes, qu’elle porte avec des leggings.
[...] De loin, on croirait un enfant mal habillé par une maman distraite.
Mais tenez-vous bien, c'est elle qui démarre le bouquin en fanfare quand elle fait le lien entre un crime particulièrement sordide et sanglant qui vient d'être commis près de Bergame et Vincenzo Verzini [clic], la version italienne de Jack l'éventreur et le premier tueur en série italien qui sévissait dans les années 1870, l'étrangleur de femmes, comme on l’appelait en ville
Et on est toujours curieux d'histoires vraies, même si ce sont de très vieux faits divers.
Mais finalement dans ces polars, qu'importent les méchants qui se ressemblent toujours un peu, ce qui nous attirent ce sont les personnages qui mènent l'enquête et il faut reconnaitre que le duo de journalistes est ici particulièrement réussi.
[...] Piatti, ça me fait vraiment plaisir que cette affaire vous passionne, mais on n’est pas en train de regarder un épisode d’Esprits criminels, l’interrompt Besana. 
D’accord, c’est une précaire de vingt ans qui sera bientôt virée, mais ce n’est pas sa faute. Lui aussi, il sera bientôt viré.
[...] Si votre piste est réellement intéressante, je vous promets que nous signerons les articles ensemble. » Ilaria Piatti ouvre la bouche, incrédule. « Vraiment ? 
– Mais il faut le mériter. Sachez que j’ai déjà assez d’emmerdements dans la vie. Je ne veux pas d’une chouineuse comme collègue, c’est clair ? »
[...] – Vous devez vraiment continuer à m’appeler Morpion ? Même maintenant qu’on est devenus amis ?
– Qu’est-ce qui vous fait penser qu’on est devenus amis ? » 
Mais elle sourit, elle le connaît maintenant.
C'est bien le morpion (et ses relations avec son tuteur Marco) qui donnent tout son rythme et son sel à un récit, enlevé, amusant, et dont l'intrigue criminelle est à la hauteur attendue.
Le duo d'écrivains a même le bon sens de nous épargner les scènes horrifiques mais racoleuses : on leur en sait gré même si on peut déplorer quelques longueurs qui lassent un peu quand ils prennent un ton de professeur, le temps de quelques passages un peu trop didactiques sur les serial-killer, l'ADN, le journalisme ou la psycho-criminalité, mais on fait la fine bouche.
Bref, un duo d'auteurs et de personnages qu'on retrouvera avec grand plaisir dans une prochaine enquête.

Pour celles et ceux qui aiment les journalistes.
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