[...] Un assassin en série ? À Cuba ?
L'auteur, le livre (450 pages, 2023) :
On n'a jamais vraiment réussi à accrocher avec le cubain Leonardo Padura, [peut-être en raison de son pessimisme viscéral], sa nostalgie amère et désabusée, ses regrets d'un passé idéalisé mais révolu. Sans doute un caractère propre à beaucoup d'habitants d'une île malmenés par une histoire pour le moins chaotique.
Même son héros récurrent, le fameux détective-libraire-à-l'occasion Mario Condé, tente de [chasser les insistantes divagations historiques et littéraires.]
Mais à peine quelques lignes et les revoici qui pointent leur nez page suivante, déroulant et rallongeant des phrases trop alambiquées qui rendent vraiment la lecture peu fluide. C'est bien dommage.
[...] Il s’efforçait de situer et de définir l’humanité qui parcourait en ce moment ces espaces historiques de la ville, des êtres qui pouvaient lui sembler proches par l’élan de survie qui les animait et, en même temps, lointains par le mépris qu’ils pratiquaient envers une mémoire diffuse qu’il s’acharnait à cultiver.
[...] Une époque épuisante où les gens avaient besoin de soulagements présents plus que de mémoires passées, éteintes, la mémoire d’une ville qui avait rêvé d’être la Nice des Amériques et commençait à ressembler à Beyrouth bombardée.
Un temps agité cette fois-ci encore avec Ouragans tropicaux, où Leonardo Padura nous offre deux enquêtes policières pour le prix d'une ! Comme il le dit lui-même en postface, c'est sans doute le plus policier de ses faux polars.
On aimera peut-être :
❤️ On aimera sans doute la bonne surprise du livre dans le livre : le détective-libraire Mario Condé a entrepris d'écrire un bouquin et nous découvrons quelques uns de ses chapitres entrelacés dans ceux du roman. Une double intrigue policière et un véritable voyage dans le temps : nous partons pour 1909, toujours à Cuba, pour une enquête policière bien sûr, mais écrite à l'ancienne, avec un parfum charmant et désuet, quelque part entre Rouletabille et Sherlock Holmes.
Comme une respiration bienvenue entre les chapitres habituels d'un roman de Padura.
On y apprend bien entendu tout plein de choses sur La Havane du début du siècle et l'histoire décidément compliquée de cette île, tout en se demandant quel rapport peut bien avoir cette vieille enquête d'avant les frères Castro avec "la vraie" intrigue policière que raconte en 2016 le reste du bouquin ...
❤️ On aimera aussi partager avec l'auteur cent ans de vie cubaine, un siècle d'une histoire chaotique, de 1909 à 2016, puisque les deux intrigues parallèles racontées dans ce livre vont finalement s'éclairer l'une et l'autre, tandis que passe le fantôme de Napoléon (oui Bonaparte ! que vient-il faire ici ?).
Le contexte :
En 2016, un vent nouveau souffle par les fenêtres entrouvertes de l'île : Barak Obama, les Rolling Stones et les sœurs Kardashian débarquent à Cuba ! Une fois de plus l'Oncle Sam envoie du lourd mais cette fois ce ne sont plus les GI Joe. Tout le monde est excité, la police est sur les dents.
[...] Ce n’était pas tous les jours que débarquait à Cuba un président des États-Unis. En fait, même pas tous les siècles.
[...] C’est comme les ouragans tropicaux : ils passent, ils font un max de dégâts et puis ils s’en vont, ils se perdent…
L'intrigue :
Tout occupée à sécuriser les festivités annoncées en cette année 2016, la police n'a guère le temps de s'occuper du cadavre sévèrement mutilé d'un vieux stalinien, ancien responsable impitoyable de la censure communiste, haï par les uns et gênant pour les autres. Si personne ne regrette ce salopard haut placé, il faut tout de même élucider ce crime qui sera bientôt suivi d'un autre : le détective retraité Mario Condé est appelé à la rescousse ...
[...] – Je suis débordé avec tout ce qui me tombe dessus et maintenant ça… un assassin en série ? À Cuba ?[...] – Merde, Conde, à chaque fois que tu te mêles d’une de ces histoires, les choses se compliquent.
[...] – C’est que tout semble indiquer qu’on a tué un type qui, sans le moindre doute, était un salopard patenté. Un type qui avait des choses de valeur, mais qu’ils n’ont pas toutes raflées. Et qu’on a mutilé allègrement. Ce qui me fait croire qu’on ne l’a pas tué pour le voler. On l’a tué pour ce qu’il avait été et qu’il était toujours : un putain de gros salopard. Tu as vraiment besoin que j’enquête d’avantage ou tu me ramènes chez moi pour que je me mette à écrire ?
Mario Condé a lui-même entrepris de rédiger un roman policier (le roman dans le roman) pour nous raconter un autre épisode de la vie cubaine, quand au début du siècle vers 1909 (l'année de la Comète de Halley) La Havane se prenait pour la Nice des Amériques et quand la prostitution faisait les beaux jours des riches américains et surtout des proxénètes locaux.
Pour celles et ceux qui aiment la Nice des Amériques.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Métaillé.
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