[...] Les signaux faibles du drame.
En 2021, Jérôme a tué Magali à coups de batte de base-ball.
Le meurtrier se suicidera avant son procès et c'est Valentin Gendrot qui va nous faire le récit (incroyable) de l'histoire vraie de son cousin Jérôme.
❤️❤️❤️🤍🤍L'auteur, le livre (320 pages, septembre 2025) :
Le journaliste Valentin Gendrot cède à son tour aux sirènes de la mouvance littéraire française d'aujourd'hui qui veut qu'un bon auteur écrive sur sa vie, sa mère, son père, sa famille.
Mais après la lecture de son récit, il y aura largement de quoi lui pardonner d'avoir écrit sur son cousin : Un jour, ça finira mal est sous-titré Jérôme a tué Magali car il faut bien appeler un chat, un chat et un féminicide, un meurtre.
Le pitch et les personnages :
Ce n'est pas vraiment un pitch ni même un résumé, plutôt une brève d'actualités [clic] ...
En février 2021 près de Rennes, Magali Blandin, mère de quatre enfants, est tuée à coups de batte de base-ball par son mari Jérôme Gaillard, parce qu’elle l’avait quitté.
Jusque là ..., mais c'est pas tout.
Les parents de Jérôme, Jean et Monique, avaient prêté une belle somme d'argent à leur fils pour acheter les services d'un petit gang de géorgiens. Les voyous sont partis avec le fric et le pauvre Jérôme a dû s'occuper lui-même de Magali.
Jusque là ..., mais c'est toujours pas fini.
Jérôme va se suicider en prison avant son procès.
Ses parents, inculpés comme complices, vont également se suicider rapidement. Il n'y aura donc pas de procès.
Et si ça ne vous suffit toujours pas, sachez également que Franck, le frère de Jérôme, second fils de Jean et Monique, s'était suicidé lui aussi quelques années auparavant : poussé à bout parce que sa chérie le quittait (faut dire qu'il la cognait un peu aussi).
De la famille Gaillard, deux parents, deux frères, il ne reste donc plus personne.
Si c'est pas une famille dysfonctionnelle ça !
S'il ne s'agissait pas d'une histoire 100% vraie, on aurait pu se dire que Valentin Gendrot poussait vraiment le bouchon un peu loin et en faisait un peu trop.
Son éditeur avait même quelques appréhensions : « Éviter les additions d’horreurs, un conseil de mon éditrice. Je le note, promets d’essayer. »
Mais non, les faits, rien que les faits : Monique était la sœur de son père, Franck et Jérôme ses cousins, l'écrivain se contente de raconter l'histoire d'une branche de sa famille, « la branche pourrie de [son] arbre généalogique. »
« Mon grand- père cognait ma grand- mère. Jean cognait Monique. Franck cognait sa femme. Jérôme a tué Magali.
[...] Une longue liste de violences conjugales, un terme souvent mal choisi car il devient impossible d’en connaître l’auteur et la victime. Ici , le schéma se répétera, encore et encore, et toujours dans le même sens.
[...] Je suis le cousin de l’assassin. Je suis le neveu des complices. »
♥ On aime mais c'est rude :
➔ On peut supposer que Valentin Gendrot a longtemps hésité avant de se lancer dans ce récit.
« Je pose une question. Pourquoi écrire sur ce sujet ? Et mes réponses, courtes, de s’enchaîner. Pour la gravité des faits. Pour raconter ce monde que beaucoup croient enfoui. Parce que l’histoire familiale est dingue. Pour documenter les raisons d’un féminicide. Ce qui pousse un homme à tuer sa femme, à y entraîner ses parents. »
Le journaliste documente ici un monde rural qu'il connait bien « pour l’avoir souvent subi. [...] Les idéaux de la propriété : la femme, la terre, la maison. »
Le messager se doit de porter la parole, raconter « l'histoire de ces coupables qui ne seront jamais jugés, de ce clan ».
Et puis en filigrane, tenter de répondre à cette puissante question : « celle de ne pas avoir décelé les signaux faibles du drame », de ne pas avoir imaginé, ou du moins pas assez clairement, que « un jour ça finira mal ».
➔ Autant vous prévenir, Valentin Gendrot ne fait vraiment aucun effort pour rendre son histoire attrayante ou la lecture agréable. Aucun effort car « nous ne sommes pas dans un polar, où la vérité, rien que la vérité, éclate à la fin du texte ».
Les faits rien que les faits, bruts, sidérants, d'une horreur indicible à vous en faire lâcher le bouquin.
L'homme insondable, masculinité toxique, instinct de propriété, à vous faire désespérer du genre humain.
Les faits rien que les faits, bruts, sidérants, d'une horreur indicible à vous en faire lâcher le bouquin.
L'homme insondable, masculinité toxique, instinct de propriété, à vous faire désespérer du genre humain.
Voilà une lecture absolument nécessaire mais particulièrement éprouvante : Magali fut la « vingt-troisième victime de féminicide de l’année 2021 ».
Pour celles et ceux qui aiment comprendre.
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Livre lu grâce aux éditions Stock (SP).
Ma chronique dans les revues Benzine et ActuaLitté.
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