lundi 27 octobre 2025

Opium Lady (Laurent Guillaume)

[...] Glamour, exotisme et aventures.


La suite des aventures indochinoises de la reporter Elizabeth Cole, une Bob Morane au féminin. Un récit fait de glamour, d'exotisme et d'aventures, qui nous ramène aux origines des trafics d'opium des armées coloniales dans les années 50.

❤️❤️❤️❤️🤍

L'auteur, le livre (304 pages, 2025) :

Laurent Guillaume nous avait régalé en 2024 avec Dames de guerre : Saïgon, une histoire captivante au cœur d'une grande Histoire passionnante, celle de l'Indochine des années 50, un sympathique roman d'aventures et un joli portrait de dame.
Voici le second épisode que l'on attendait avec impatience, Dames de guerre : Opium lady, un épisode un peu moins espionnage et un peu plus aventures que le précédent, et tout aussi passionnant.

Le pitch et les personnages :

Cet épisode peut se lire seul, mais ce serait se priver du plaisir de retrouver en Indochine la journaliste-photographe de Life, Elizabeth Cole, celle qui a troqué ses escarpins contre des rangers, et le capitaine français Louis Bremond, ce militaire en rupture de ban. 
Les mercenaires de la CIA sont toujours présents bien sûr puisqu'on annonce la chute imminente de Diên Biên Phu.
On retrouve également Olive Yang, la princesse de l'opium, une tycoon, une redoutable femme d'affaires et cheffe de guerre, et c'est avec elle qu'Elizabeth va se rendre dans le nord du pays aujourd'hui en Birmanie, non loin de la frontière chinoise avec le Yunnan.
« Olive portait son battledress, avec ses pistolets Browning HP 35.
  - On part pour la guerre ? demanda Elizabeth, dont le seul armement était le Zeiss Ikon Contax et le Leica Type III.
Le Népalais sourit et Olive la dévisagea.
-  Ici, le simple fait de voyager est une aventure périlleuse, dit-elle. »
Elizabeth et Olive sont en route pour Mogok et la vallée des rubis, « une ville de légende qui faisait briller les yeux des globe-trotters, des aventuriers et autres bourlingueurs de tout poil ».
Elizabeth Cole pourrait bien être la sœur cadette de Bob Morane et l'on va même croiser quelques dacoïts, ceux qui nous faisaient frémir quand on lisait, gamin, les petits bouquins d'Henri Vernes.
Le lecteur a peut-être juste oublié qu'à la fin de l'épisode précédent l'intrépide Elizabeth était ... enceinte !

♥ On aime :

 Tout comme les rubis de la vallée de Mogok, ce bouquin est « synonyme de glamour, exotisme et aventures ».
Il y a le glamour de cette chère Elizabeth, d'autant qu'ici elle fréquente de près (!) l'énigmatique princesse de l'opium, il y a le double exotisme et de l'Indochine et des années 50, et bien sûr une série d'aventures sur la piste de l'opium, dans la vallée des rubis, tout cela sur fond de guerres indochinoises.
« - Au début, l'opium était le nerf de la guerre, une sorte de mal nécessaire. Après tout, même les gentils doivent se donner les moyens de gagner, alors, s'il faut en passer par là. [...] Et puis, avec le temps, l'opium est devenu le but ultime et inavoué. Il génère tellement d'argent ... Et l'argent, il n'y a que ça. Nous nous sommes bâtis dessus, plus que sur des idéaux de démocratie et de liberté qui finissent toujours par passer en second. »
Elizabeth et Olive nous emmène dans le Kokang, tout près de la frontière chinoise, « dans cette région perdue entre Birmanie, Laos et Siam, que certains appellent "le Triangle d'or" » une région encore disputée de nos jours entre Birmans et Chinois car « souvent, il s'agissait, d'un côté comme de l'autre, des mêmes familles, de parents, de cousins, de frères et de sœurs, que le crayon hasardeux d'un géographe et le drapeau des diplomates avaient séparés d'autorité. »
 On aime bien aussi la construction du roman qui alterne les chapitres : ceux des années 50 avec les aventures d'Elizabeth et de ses compagnons et ceux des années 30-40 où Olive Yang raconte sa vie à la journaliste.
« La princesse se tourna vers la journaliste et lança, avec une telle intensité dans ses yeux d'onyx qu'ils flamboyèrent :
- Je veux vous confier ma vie et mes secrets parce que le destin n'a rien d'autre à m'offrir qu'une vie courte et une fin tragique, violente.
Elle soupira et ses doigts longs et effilés tapotèrent sa lèvre basse ourlée et purpurine. Son regard était vague désormais, comme exilé. 
- Je suis la porteuse de malédiction, dit-elle à voix basse. »
C'est d'autant plus intéressant que Laurent Guillaume nous révèle dans une postface que la princesse de l'opium, Olive Yang, a réellement existé [clic] : même si bien sûr son histoire est ici romancée, elle s'appuie donc sur un fond de vérité historique.
 Autre histoire vraie, celle de l'opération Paper qui est évoquée dans ce récit : c'est celle de la CIA étasunienne qui a pris la suite de l'opération X des français (et la French Connection) qui fournissait la trame du roman précédent.
Ces trafics destinés à financer des guerres coloniales impopulaires pour les contribuables, préfigurent ce que seront désormais les dessous des conflits coloniaux (pavot afghan, narcos sud-américains, ...).
 Enfin, dernière mise en appétit avancée dans la postface : une adaptation de ces aventures indochinoises en série tv pourrait bien voir le jour prochainement grâce à Alex Berger, le producteur du fameux Bureau des Légendes !

Pour celles et ceux qui aiment les femmes intrépides.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce aux éditions Robert Laffont et Babelio Masse Critique (SP).
Ma chronique dans les revues Benzine et ActuaLitté.  

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