jeudi 5 février 2015

Viscères (Mo Hayder)

La peur au ventre …

Voilà longtemps qu’on n’avait ouvert un livre de Mo Hayder , depuis le terrible et envoûtant Tokyo je crois.
Mo Hayder qui est réputée pour ses polars ou thrillers sacrément horrifiques.
Alors avec un titre pareil : Viscères (paru dans la collection Sang d’encre !), mieux vaut s’armer de courage et vérifier qu’on a les volets bien clos, la porte fermée à double tour et l’estomac bien accroché.
Et ça commence évidemment très fort lorsque Matilda et Oliver Anchor-Ferrers découvrent des entrailles suspendues à un buisson de leur délicieux jardin du Somerset.

[…] Nous espérions que ça provenait d’un animal, dit-elle.
- Vous pensez que c’est possible ? demande Oliver aux policiers avec une pointe d’espoir dans la voix. Un cerf, peut-être ?
- Un cerf ? J’en doute, répond l’inspecteur Honey à voix basse.
- Il y a dans le coin des chiens assez costauds pour faire ça à un cerf, argüe Oliver.
- Et accrocher leurs entrailles dans les arbres ?

De quoi remuer nos tripes et de vieilles affaires : il y a quinze ans, Kable, un déséquilibré, trucidait salement deux jeunes gens dans cette même région paisible du Somerset.

[…] Kable a signé son acte en vidant les deux victimes de leurs entrailles. Il a tressé leurs intestins ensemble et les accrochés aux arbres au-dessus des cadavres en leur donnant la forme d’un cœur. Exactement comme ceux découverts aujourd’hui.

Mais l’inspecteur Honey et son acolyte ne semblent pas tout à fait cleans. Le week-end à la campagne de la bourgeoise famille Anchor-Ferrers va bien vite tourner au cauchemar et cette première partie du bouquin lorgne même du côté de Funny Games … sans être vraiment convaincante.
Il faudra attendre l’entrée en scène de l’inspecteur fétiche de Mo Hayder, l’inspecteur Jack Caffery qui erre comme une âme en peine sans avoir jamais pu découvrir ce qu’est réellement devenu son jeune frère victime des pédophiles, il y a déjà de longues années.
L’entrée en scène de Caffery et de sa mystérieuse âme damnée : le Marcheur.

[…] C’est ce qui lit les deux hommes. Tout comme Caffery, le Marcheur a perdu un être cher à cause d’un pédophile. Lui non plus n’a pas de corps à enterrer. Les semblables s’attirent. […]
Rechercher le corps de sa fille, c’est ce qui pousse le Marcheur à ratisser la campagne.

Toute cette entrée en matière est un peu laborieuse et franchement capilotractée jusqu’à ce que ces deux-là croisent (enfin !) le chien égaré des Anchor-Ferrers …
Comme si l’auteure avait eu plusieurs pièces de puzzle à assembler, pas tout à fait assorties.
Et alors, l’affreux Kable est-il vraiment sorti de prison ?
On est d’autant plus stressé par la construction du bouquin qui alterne, de façon assez classique, les chapitres entre au moins deux histoires parallèles : chacun de ces chapitres se clôt sur une petite virevolte, une question, un revirement, une angoisse … et hop, on repasse sur l’autre histoire et il faudra donc attendre quelques pages avant de tranquilliser notre esprit en alerte, de rassurer notre inquiétude en suspens, mais l’autre histoire aura ouvert de nouvelles questions, et … épuisant !
Mais peu à peu, le bouquin s’avère finalement moins gore qu’annoncé par la une de couverture (et la lecture n’en est que plus confortable).
Après quelques chapitres, on en vient même à se dire que, mis à part ces entrailles de cerf (de cerf ?) qui pendouillent ici ou là, on en vient même à se dire que Kable est toujours en taule, que le titre de la VF et les boyaux dans les arbres n’étaient peut-être finalement qu’un leurre : d’ailleurs le titre en VO c’est Wolf(1)
Oui, cette histoire de boyaux n’était peut-être qu’un leurre.
Peut-être.
Mais, ne serait-on pas en train de se rassurer à bon compte ? d’oublier trop rapidement l’esprit retors de Mo Hayder ? de croire trop facilement que la dame va manquer ainsi à sa réputation ?
Le château de cartes patiemment assemblé va bien évidemment s’écrouler et chacune de ces cartes va s’abattre mais pas du côté attendu : une série de surprises nous attend !
Réservé à celles et ceux qui aiment se faire emberlificoter et qui aiment les histoires (un peu trop) abracadabrantes.

Livre lu grâce à Babelio et aux Presses de la Cité dans le cadre de l’opération Masse Critique (SP).

(1) - Wolf … à peine moins inquiétant que Viscères et d’ailleurs on vous laisse en découvrir le sens …


Pour celles et ceux qui aiment se faire peur.
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