vendredi 11 mars 2022

Avec la permission de Gandhi (Abir Mukherjee)

[...] À Calcutta rien n’est jamais facile.

Depuis que nous avions pris le Calcutta-Darjeeling, on est devenu fan de l'écossais d'origine indienne Abir Mukherjee et on s'est donc avidement jeté sur sa dernière livraison d'opium au titre prometteur : Avec la permission de Gandhi, pressé de retrouver l'ambiance surannée des années 20, les intrigues policières à la Agatha Christie, ce contexte historique mal connu et l'humour moderne et insolent de l'auteur qui titille intelligemment le lecteur du XXI° siècle.
Nous voici donc à Calcutta au moment où l'Empire Britannique commence à vaciller et avec lui toute l'époque bénie des colonies : Gandhi mobilise les foules (et en Inde, les foules c'est pas peu dire) pour bouter l'envahisseur hors du sous-continent.
C'est le moment choisi par le prince de Galles, héritier du trône impérial, pour venir visiter le pays et remotiver les troupes restées fidèles à sa couronne : pas facile de maintenir l'ordre pour la police, l'anglais opiomane Sam Windham et son adjoint l'hindou brahmane Sat.
[...] Un mouvement national de masse conduit par un saint dont la stratégie consiste à vous sourire avant d’ordonner à ses disciples de s’asseoir, bloquer les rues et faire semblant de prier.
[...] Le véritable danger ce sont les millions d’opprimés muets qui constituent l’Inde réelle. Pour la première fois ces masses pauvres, illettrées, sans voix, qui représentent les neuf dixièmes de la population de ce pays sont en marche.
[...] Des hommes bruns qui semblent avoir oublié où est leur place se sont emparés des rues.

L'intrigue se déroule donc sur fond d'agitation non-violente des partisans de Gandhi mais elle met également en scène un épisode méconnu des débuts de la guerre chimique lorsque les britanniques "testaient" leurs variantes du gaz moutarde sur les tribus indigènes ...
Les essais britanniques de Rawalpindi existèrent bel et bien, mais un peu plus tard, dans les années 30.

[...] Mon mari voulait créer encore plus d’armes, de meilleures armes. Des armes qui tueraient davantage de fils. Tout cela parce que c’était un défi scientifique.
[...] Si vous connaissiez quelqu’un dont le but est de semer la mort, ne chercheriez-vous pas à l’en empêcher, capitaine ?
– C’est exactement ce que j’essaie de faire, madame.

Est-ce dû à l'habitude, l'usure (c'est le troisième épisode) ou à la présence de l'arrogant Prince Edward ? Mais on sent une certaine amertume désabusée dans les propos de l'auteur d'origine indienne.
Un polar à l'ironie mordante qui prend tout son sens lorsqu'on a déjà lu le récit des événements par Dominique Lapierre et son acolyte Larry Collins.

Pour celles et ceux qui aiment l'Inde.
D'autres avis sur Bibliosurf.

Aucun commentaire: