[...] Maman Hoareau l’a vendu à la France.
L'auteure, le livre (152 pages, 2022) :
Fanny Laurent est une jeune globe-trotteuse dont les multiples voyages nourrissent l'inspiration.
Après l'Inde ou le Brésil, elle nous emmène avec ce troisième roman, sur l'île de La Réunion où elle brosse quelques portraits pour évoquer la terrible affaire connue comme celle des enfants de la Creuse.
On aime :
❤️ Un ton factuel qui ne cherche ni la polémique ni le scandale : les faits se suffisent malheureusement à eux-mêmes et nous avons assez de recul (moins de cinquante ans cependant) pour en faire une terrible lecture, c'est d'autant plus efficace.
❤️ Des portraits courts et sans fioritures : au plus proche de l'humain, le coup de crayon dessine des personnages très ordinaires, ni bons, ni mauvais, des gens qui ont cru bien faire ou tout au moins faire de leur mieux, sans tout à fait réaliser que des c'étaient des vies qui étaient ainsi passées au broyeur de notre Histoire.
❤️ Des portraits courts et sans fioritures : au plus proche de l'humain, le coup de crayon dessine des personnages très ordinaires, ni bons, ni mauvais, des gens qui ont cru bien faire ou tout au moins faire de leur mieux, sans tout à fait réaliser que des c'étaient des vies qui étaient ainsi passées au broyeur de notre Histoire.
❤️ Une belle plume élégante mais sans affèterie ni effets, qui donne à savourer notre langue.
Le contexte :
Dans les années 70-80, plusieurs milliers d'enfants de La Réunion, alors en pleine expansion démographique, ont été arrachés à leur île (et beaucoup à leur famille pas très clairement consentante) pour repeupler les départements de métropole désertés par l'exode rural, la Creuse notamment.
[...] Il ne parvient toujours pas à réaliser que Maman Hoareau l’a vendu à la France.
Cette véritable déportation organisée par Michel Debré et les institutions françaises (BUMIDOM, DDASS, ...) permettait de "régler" deux problèmes d'un coup : la pression sociale sur l'île et le besoin de main d'œuvre de campagnes françaises désertées.
Il faudra attendre 2014 pour que l'État reconnaisse sa responsabilité.
[...] Le monde n’est pas tendre avec les délicats et les artistes.
L'intrigue :
Voici l'histoire du jeune Gabriel qui fut arraché à sa (nombreuse) famille et à sa maman Hoareau pour venir travailler dans une ferme de la Creuse.
Fanny Laurent nous conte cette histoire à travers de courts portraits de ses protagonistes : maman Hoareau et Gabriel bien sûr, mais aussi les paysans de sa famille d'accueil, le gendarme qui accompagnait l'assistante sociale, quelques notables et d'autres encore.
Ce conte est bien triste : il arrivera à ces jeunes ce qui arrive aux plantes déracinées et c'est le portrait de l'infirmier psychiatrique de l'hôpital d'Aubusson qui termine cette sombre galerie d'images d'Epinal qui ne fait guère honneur à notre France d'alors.
[...] Difficile pour eux de tenter d'échapper à leur destinée. Ce dont ils souffrent ? Ce sont des déracinés. En les arrachant à leur terre, en les séparant de leurs proches, en les coupant de leur famille, on a mutilé une partie d'eux-mêmes.
Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire de France.
D’autres avis sur Babelio et le site de Fanny Laurent.
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