[...] Le Printemps nicaraguayen.
L'auteur, le livre (336 pages, 2023 et 2021 en VO) :
Sergio Ramirez est un intellectuel et journaliste du Nicaragua qui participa activement à la politique sandiniste de Daniel Ortega jusqu'à ce qu'il coupe les liens en 1994 avec ce qui était devenu une dictature.
Ses prises de positions et ses écrits lui ont valu l'exil et même la perte de sa nationalité en 2021.
Son roman À balles réelles évoque la révolte de 2018 et la sanglante répression qui s'ensuivit. C'est le troisième épisode des aventures de l'inspecteur Dolores Morales, mais Ramirez nous gratifie d'un résumé biographique de son héros pour nous permettre de prendre le train en marche !
Le contexte :
En 2018 ont lieu à Managua, de grosses manifestations contre la dictature du couple Ortega-Murillo (son épouse est vice-présidente !).
Les jeunes s'en prennent notamment à des sculptures modernes en forme d'arbres qui ont envahi la capitale et sont devenus le symbole des extravagances de la première senõra de la dictature [clic].
[...] – Nous sommes peut-être en train de vivre le Printemps nicaraguayen, comme il y a eu le Printemps arabe.– Malheureusement nous n’avons que deux saisons, l’hiver quand il pleut et l’été quand il ne pleut pas.
Des groupes paramilitaires assistent la police lors de la violente répression et des snipers sont même chargés de dégommer les manifestants ou les livreurs de journaux.
[...] Les gamins élevaient des barricades dans les rues, les flics anti-émeutes étaient partout, des pick-up Hilux patrouillaient avec des policiers en gilets pare-balles sur les plateformes arrière.– Et maintenant Troie brûle vraiment, dit le père Pancho.
Il y aura plus de 300 morts.
On n'aime pas vraiment :
▼ Avouons également qu'on est un peu frustré par l'intrigue : alors qu'on s'était embarqué pour apprendre plein de choses sur les manifestations et la répression, ces événements se retrouvent relégués en décor d'arrière plan et on devra se contenter de suivre les tribulations de l'inspecteur Morales revenu clandestinement à Managua et d'assister aux violences des miliciens dispersées dans un capharnaüm peuplé de curés et de figures de carnaval.
L'intrigue :
Expulsé hors des frontières par la police politique, l'inspecteur Morales et son compagnon tentent de regagner clandestinement Managua, déguisés en prêtres, alors que les rues sont à feu et à sang.
[...] – Monseigneur est armé de paroles. Les paroles sont plus puissantes qu’une mitraillette à quatre canons, camarade.– Ça, ce sont des conneries. Les balles transpercent aussi les soutanes.
En parallèle, nous suivons un militaire haut-gradé de la dictature, dit Tongolele, qui est chargé de préparer la répression des manifestations.
[...] Ils vont sortir les armes et tirer sur les mômes dans les rues.[...] Ils croisèrent de longues files de Hilux en route vers l’ouest, remplis de paramilitaires aux visages couverts et habillés de tee-shirts de différentes couleurs, qui brandissaient leurs armes de guerre. Le camarade Artemio avait raison. Les troupes ne criaient aucune consigne, ne menaçaient personne avec des mots. La démonstration était muette, mais sinistre.[...] Un gamin intrépide est abattu au moment où il tentait d’allumer un mortier artisanal. Un autre est tué, armé d’une petite carabine 22 bonne à chasser les iguanes, avec laquelle il n’a pas réussi à tirer. À dix heures du matin, Tongolele peut informer Leónidas que la route de l’aéroport est dégagée.
Un bouquin qui plaira peut-être aux amateurs de baroque latino-américain car [dans ce pays, la poésie finit tôt ou tard par vous rattraper].
Pour celles et ceux qui aiment les révolutions.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Metailié
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