Dossiers classés.
Petit polar bien sympathique écrit par Colin Niel, un chercheur français qui a travaillé plusieurs années en Guyane : avec Les hamacs de carton, voici de quoi découvrir cette région dont on a beaucoup parlé à chaque mise sur orbite mais qu'on connait si mal.
C'est presque un polar ethnique où l'on fait la connaissance des descendants des esclaves noirs, les nègres-marrons qui avaient fuit lors des grands marronnages.
En Guyane, le long du fleuve Maroni, vivent les populations alukus et ndjukas : orpaillage, culture de cannabis, sorcellerie, ...
Un crime inhabituel est commis dans un petit village en amont du fleuve : une mère et ses deux enfants sont morts de façon étrange. L'inspecteur Anato, d'origine guyanaise mais récemment débarqué de la métropole, prend l'enquête en main.
[…] Anato, au final, se demandait si ses origines étaient réellement un atout. Il reconnaissait cependant une chose : la Guyane lui était peu familière, il la découvrait un peu chaque jour. Ni métropolitain ni vraiment ndjuka. Un négropolitain, avait-il entendu dire.
On découvrira évidemment plein de choses sur la vie de ces peuples, sur la vie en Guyane aussi (y compris celle des expatriés). Mais l'intérêt de ce petit bouquin, c'est que l'intrigue policière elle-même n'est pas anodine puisqu'elle est construite à partir des conditions de vie des gens de là-bas, de ceux qui vivaient le long du fleuve et qui se retrouvent désormais écartelés entre deux pays : la Guyane française et le Suriname, l'ancienne colonie hollandaise désormais indépendante (le fleuve trace une frontière récente qui n'a guère de sens pour les familles qui vivent sur les rives).
On ne peut pas vous en dire plus bien sûr sur cette enquête qui n'a rien de fracassant mais qui est plutôt originale et bien ancrée dans le pays guyanais : les explications qui sont données au fil de l'eau sont passionnantes.
Et au passage vous découvrirez ce que sont ces fameux hamacs de carton :
[…] Anato comprit surtout que par le terme hamac, l’homme parlait de ces dossiers suspendus, alignés à la verticale dans le placard, qui devaient faire partie du quotidien de Véronique Morhange. Il ne connaissait pas l’expression, mais trouva la métaphore pertinente. Il imaginait tous ces étrangers, Surinamiens, Haïtiens, Brésiliens, Dominicains, suspendus dans leurs hamacs de carton, hibernant patiemment dans l’attente des papiers qui leur donneraient enfin une existence officielle sur le territoire français.
Certes on objectera que ce petit polar ne va pas détrôner ceux des grands maîtres, on pourra aussi regretter une écriture un peu naïve, notamment dans la description des personnages et dans leurs dialogues, mais il faut bien admettre que la lecture est agréable et le voyage instructif.
Pour celles et ceux qui aiment les pirogues.
D'autres avis sur Babelio.
1 commentaire:
Et il ne te reste plus qu'à lire son deuxième, Ce qui reste en forêt. Il montre une progression dans ses intrigues qui font que cet auteur va devenir un grand ! Amitiés
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