mercredi 17 février 2021

Comme un vol d'aigles (Ken Follett)

[...] – Je vous garantis que nous vous tirerons de là.

Voici des retrouvailles plutôt inattendues avec le britannique Ken Follet que l'on avait quitté il y a bien longtemps, n'ayant jamais retrouvé dans ses autres romans le souffle épique des bâtisseurs de cathédrales.
À la fin des années 80, il s'est attelé à un tout autre genre avec Comme un vol d'aigles : un récit historique façon thriller politique.
Nous voici fin 1978 à Téhéran : le régime autoritaire du Shah est en train de vivre ses derniers instants alors que la rue gronde de la révolution menée par Khomeiny. 
Sans raisons apparentes, les iraniens emprisonnent deux dirigeants de la société informatique américaine EDS, qui étaient expatriés là-bas pour mettre en place la Sécu iranienne : un moyen comme un autre de faire pression sur EDS et sur l'administration Carter de l'époque empêtrée dans une diplomatie qui hésite à lâcher le Shah pour Khomeyni (l'ayatollah que la France hébergeait).
[...] Il était temps pour les Américains de faire la part du feu avec le shah et de se tourner vers l'avenir. [...] Sauvegarder les relations de l'Amérique avec l'Iran à travers le changement de gouvernement si bien que, quand tout serait terminé, l'Iran demeurerait un bastion  de l'influence américaine au Moyen-Orient.
Devant l'inefficacité et l'inaction générales, le PDG de la société EDS aux US, le milliardaire Ross Perot, va monter lui-même l'opération d'exfiltration de ses collaborateurs : il met sur pied un commando de cadres volontaires d'EDS dirigés par un GI Joe rescapé du Vietnam, le portrait craché de John Wayne dans la vraie vie.
[...] Trouver l'homme le mieux approprié à une tâche, c'était la spécialité de Perot. Bien qu'il représentât une des plus belles réussites dans l'histoire du capitalisme américain, il n'était pas le plus grand spécialiste au monde en ordinateurs, pas plus que le meilleur vendeur du monde, ni même le plus habile gestionnaire du monde. Il n'y avait qu'une chose qu'il faisait à merveille : trouver l'homme qu'il fallait, lui donner les moyens nécessaires, le motiver, puis le laisser seul faire son travail. Et là, tout en approchant de Denver, il se demanda : qui est l'homme le mieux armé pour organiser une évasion ?
[...] Combien de chefs d'entreprise américains au XX° siècle avaient-ils demandé à sept de leurs employés de prendre d'assaut une prison ?
[...] Ce n'étaient certainement pas les Douze Salopards. Avec leurs costumes sombres, leurs chemises blanches et leurs cravates discrètes, leurs cheveux coupés court, leurs visages bien rasés et leurs corps bien nourris, ils avaient l'air de ce qu'ils étaient : des cadres américains ordinaires. On avait du mal à les imaginer comme un groupe de mercenaires.
Entre les lignes on se doute bien que les gens d'EDS n'étaient peut-être pas tout à fait les bons samaritains que nous dépeint K. Follet avec un parti pris évident et très simple : de bons et courageux américains s'en vont sauver leurs collègues, amis et compatriotes des griffes des affreux iraniens. 
Mais d'une part c'est quand même une histoire vraie et d'autre part c'est précisément ce qui fait que le bouquin fonctionne : on ne peut qu'adhérer à la mission et se trouver ravi et chanceux d'avoir été embarqué dans l'équipe à leurs côtés !
[...] Les faire sortir de prison, c'était la partie facile, songea-t-il ; maintenant il faut les faire sortie d'Iran, le plus dur n'a même pas commencé.
Malgré quelques longueurs (toutes les péripéties sont minutieusement détaillées !) on tient là un surprenant mélange de thriller et de feel good story où l'on apprend pas mal de choses sur la 'mentalité' des américains.
Cette incroyable histoire préfigure d'ailleurs un autre épisode pour l'année suivante fin 79 : ce sera l'histoire des otages US réfugiés à l'ambassade du Canada que viendront exfiltrer la CIA, celle que le film Argo retracera à l'écran.

Pour celles et ceux qui aiment les vraies aventures.
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