[...] – L'opacité de la filière nucléaire française.
Décidément la période est celle de la redécouverte des grandes figures du polar français : après Hervé Le Corre, voici des retrouvailles avec Dominique Manotti et DOA (le pseudo de Hervé Albertazzi).Deux auteurs que l'on connait déjà [1] [2] mais qui se retrouvent ici pour écrire un thriller politique à quatre mains.
On retrouvera bien sûr les passions et les travers de l'un comme de l'autre (notamment le déplorable engouement de DOA pour les sigles technos !) mais le mélange s'avère finalement plutôt réussi.
À la veille de l'élection présidentielle, quelques barbouzes commettent une bavure en voulant cambrioler l'ordinateur du responsable de la sécurité du CEA. La victime ne se relèvera pas et pendant le même temps quelques activistes écolos s'égarent dans des bêtises.
[...] Une barbouzerie qui a mal tourné. À enterrer, en urgence.
Voilà de quoi affoler tout le monde : le candidat-président et son entourage, l'opposition, les journalistes, les multiples services de sécurité et de polices.
C'est parti pour une intrigue vive et percutante, un montage cinéma sans temps mort, des personnages et des actions multiples qui vont s'entrecroiser : tous les codes du genre sont réunis ...
On s'amusera peut-être à deviner (le bouquin a été écrit en 2011) qui se cache derrière les masques de tel candidat-président hyperactif, de telle femme à la tête du nucléaire français ou encore de telle entreprise de béton implantée en françafrique, mais c'est à la fois facile et inutile car là n'est pas vraiment l'enjeu de cette politique-fiction qui préfère seulement nous rappeler quelques saines vérités pas toujours bonnes à écrire : c'était l'époque où Bouygues a fait main basse sur Areva mais plus globalement les auteurs veulent mettre un coup de projecteur sur la collusion entre le monde des affaires et celui de la politique.
Aujourd'hui, c'est devenu monnaie courante, si l'on peut dire.
[...] — Comment tu as formulé ça, déjà ?
— La propension congénitale à l’opacité de la filière nucléaire française.
[...] La patronne d’un groupe privé a dicté les termes de la privatisation d’un bijou industriel public à un futur président d’abord et avant tout choisi par elle.
[...] Confusion totale des genres entre les sphères dirigeantes des grandes entreprises et le bien public.
Tout cela se lit avec plaisir, le bouquin est écrit par des pros et c'est un bon page-turner avec plusieurs personnages qui bénéficient de portraits fouillés. Mais il manque à cette histoire comme un petit supplément d'âme, comme un souffle épique qui viendrait animer ce sujet un peu aride et réveiller une mise en scène finalement un peu convenue.
Pour celles et ceux qui aiment en savoir un peu plus.
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