[...] Une rivière si jeune qu'elle n'avait pas encore de rives.
L'irlandais Stanley Stewart est un écrivain voyageur.À la fin des années 90 il entreprend au départ d'Istanbul un long périple à la découverte des nomades et cavaliers Mongols.
Un voyage dans le temps également puisqu'il suit la trace d'un prédécesseur de Marco Polo, le moine Guillaume de Rubrouk et qu'il prend à rebours la piste des hordes d'or de Gengis Khan.
Le franciscain Guillaume fut mandaté par Saint Louis vers 1250 pour rencontrer les mongols et tenter une alliance contre les infidèles musulmans. Sa mission sera un demi-échec et son récit de voyage aura malheureusement moins de succès que celui de Marco Polo !
C'était l'époque où Gengis Khan et ses fils cavalaient à l'assaut de l'occident jusqu'aux portes de Vienne et de Venise.
Stanley Stewart nous régale de sa prose soignée et enjouée, toute d'ironie incisive et d'humanité bienveillante, il nous fait partager les dizaines de portraits plus pittoresques les uns que les autres rencontrés tout au long des trajets en bateau, en train, en auto et pour finir à cheval pour 1.600 kilomètres en selle !
[...] Une atmosphère de bon voisinage à l'ancienne s'est diffusée dans tout le wagon et les gens se sont mis à passer d'un compartiment à l'autre afin de partager des histoires et des saucisses.
Sans être didactique ni pédant, le récit est celui d'un érudit et il faut s'aider de quelques cartes google et quelques repères wiki pour situer ces contrées qui nous sont méconnues et ces temps qui nous sont lointains : c'est là une agréable leçon d'histoire-géo.
[...] La majeure partie de la population refusait de se laisser convaincre par l'idée des immeubles et continuait de vivre dans des faubourgs de plus en plus étendus, peuplés des yourtes en feutre rondes.[...] Un vaste univers médiéval de nomades, sommeillant au cœur du continent, traversé par les vents, les nuages et les caravanes de chameaux, sans jamais avoir été dérangé, semble-t-il, depuis l'an 1200.[...] Nous avons franchi une rivière si jeune qu'elle n'avait pas encore de rives.[...] Journée empreinte de la même monotonie qu'un voyage en mer.
Stanley Stewart est également fasciné par le nomadisme de ces peuples en totale opposition à nos cultures de bâtisseurs et d'accumulateurs : la Mongolie lui apparait comme un dernier refuge, préservé depuis des siècles dans un surprenant immobilisme nomade.
[...] Il est difficile de ne pas admirer l'indifférence insouciante d'un peuple qui n'éprouve pas le besoin de marquer son territoire, ni son passage.
Las, au fil des pages on se demande où tout cela nous mène. On se croirait bientôt à l'une de ces interminables séances diapos qui hantaient notre enfance : quelques images sont vraiment superbes, d'autres points de vue vraiment très instructifs, mais à quoi bon ? Quel est le propos ? Où est le sens ?
Ravi pour lui que l'irlandais ait passé de superbes vacances et réalisé un aussi beau voyage, le lecteur gavé de ragoût de mouton et de fromage de brebis reste un peu seul sur sa faim.
Pour celles et ceux qui aiment les voyages.
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