[...] Enfin dénoncer ces dérives de l’aide humanitaire.
Avec son premier roman, Juste parmi les hommes, François Dupaquier nous conte deux histoires qui vont s’entremêler, deux histoires tirées de son engagement personnel dans la vraie vie : l’une commence en 2011 quand le jeune Ali vit les premiers jours d’un printemps syrien que le régime de Bachar el-Assad va étouffer dans le sang.Ce sera bientôt la bataille d’Alep.
En 2018, le même Ali est maintenant réfugié aux Etats-Unis et tombe sur une affaire de trafic de farine destinée à l’aide humanitaire USAid.
Mais sans le savoir, il a visiblement dû mettre son nez où il ne fallait pas et le voilà pris en chasse par des mercenaires surentraînés qu’il ne fallait pas rouler dans la farine.
Dupaquier réussit une double prouesse, façon Le dessous des cartes.
Avec sa première histoire il nous raconte la guerre de Syrie au ras non pas des pâquerettes mais des décombres, des gravats, des kalash et des fuyards, mais tout en nous expliquant, l’air de rien, toute la géopolitique complexe de ce p... de pays. Remarquable de clarté.
[...] Elle qui a toujours refusé les armes, la militarisation de la contestation, se demande comment la Syrie a pu en arriver là. Comment ce combat pour la liberté a attiré des quatre coins de la planète ce que l’homme a de plus mauvais.Le second volet est peut-être encore plus passionnant : une plongée sans concession, à la limite du cynisme, dans les dessous de l’aide humanitaire.
[...] La guerre a pris un nouveau tournant. C’est le moment où il va falloir se débarrasser de tous les témoins gênants et effacer de l’histoire les atrocités commises.
[...] On produit davantage qu’on ne consomme. Il faut alors trouver quoi faire de ces surplus pour continuer à soutenir les agriculteurs des pays occidentaux.On ne vous raconte pas pour vous laisser découvrir tout cela au fil des pages mais c’est tout simplement effarant, il n’y a pas d’autre mot et l’on préférerait ne pas savoir tout ça. Trop tard maintenant.
[...] On en est à deux générations nées dans ces camps qui reçoivent de la farine comme nourriture mois après mois, année après année.
L’écriture reste modeste et standard mais la lecture fluide et agréable, la bluette entre le syrien et la journaliste est parfois peut-être un peu trop rocambolesque, mais ces petits défauts sont à pardonner sans hésiter au vu de l’intérêt de cette détonante histoire.
Pour celles et ceux qui aiment voir le dessous des cartes.
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