jeudi 4 avril 2024

Le réseau (John Grisham)


[...] C’était il y a quinze ans et tout a changé.

L'auteur, le livre (496 pages, 2024, 2023 en VO) :

John Grisham a beau être un auteur particulièrement prolixe, voilà bien longtemps qu'on n'avait pas tenu en mains un de ses bouquins. C'est chose faite avec Le réseau qui, cerise sur le pompon, se veut être une suite à La firme, l'archétype du thriller juridico-politico-financier.
Mais pour les extra-terrestres récemment débarqués qui n'auraient pas lu ce livre culte, ni vu le film avec Tom Cruise, Grisham prend gentiment soin de rappeler les enjeux de La firme dans un prologue plutôt élégant. Faut dire que cette histoire date quand même de plus de 30 ans !
Le réseau raconte une autre aventure de Mitch McDeere supposée se dérouler 15 ans plus tard, donc au début des années 2000.
[...] — C’était il y a quinze ans et tout a changé.
— Ça ne me plaît pas.
— Tout ira bien, Abby. Personne ne va me reconnaître. Et tous les affreux sont partis.
— J’espère. Je te rappelle que nous avons quitté la ville en pleine nuit, qu’on était terrifiés et que de sales types nous pourchassaient.
— C’est vrai. Mais ils ne sont plus là. Certains sont morts. Et la firme s’est écroulée. Ils sont tous en prison.

On aime :

 Bien sûr Grisham ne fait pas dans le subtil : ses personnages sont stéréotypés, parfois à la limite de la caricature. On pourrait le déplorer sans doute, mais reconnaissons que ces stéréotypes font partie intégrante de notre culture occidentale. On a grandi avec, on en connait tous les codes, toutes les clés de lecture, et le job de l'auteur est de les mettre en scène avec professionnalisme et si possible, un peu de panache et d'élégance. Un métier où Grisham, ancien avocat, n'a plus rien à prouver ... pour notre plus grand plaisir coupable.
 On redoute de découvrir les arcanes des négociations pour la libération des otages : l'impuissance de la boîte de mercenaires que le cabinet d'avocats a recrutée à grands frais mais qui brasse surtout du vent ou bien encore les nombreux obstacles à franchir pour convaincre les gouvernements italien et britannique de mettre la main au portefeuille, eux qui "officiellement" ne versent jamais de rançons aux terroristes. Tout cela décrit un tableau peu reluisant des coulisses du pouvoir (c'est un peu la spécialité de Grisham) et le lecteur se félicite à chaque page de ne pas être à la place des otages.
[...] Côté rançon, il n’y avait guère eu de progrès. L’Italie et la Grande-Bretagne faisaient la sourde oreille, espérant que la crise se résolve ou disparaisse par enchantement. Puisqu’ils étaient exclus des négociations et ignoraient totalement à qui ils avaient affaire, ils étaient réticents à mettre la main à la poche – ce qui pouvait se comprendre.

L'intrigue :

Quinze ans après La firme, Mitch McDeere est devenu un avocat très performant dans un très grand cabinet (ici tout est "très" évidemment), il est chargé de défendre les intérêts d'une très grande société turque de BTP qui a construit en Libye un très grand ouvrage pharaonique à la démesure de Khadafi, travaux que la Libye n'a plus très envie de payer. 
Une fois sur place, une jeune et très jolie collaboratrice de Mitch (c'est la fille d'un de ses collègues) est enlevée par des très affreux et ses gardes du corps décapités à la tronçonneuse. 
[...] Étaient-ce des terroristes ? des bandits ? des révolutionnaires ? Des guerriers d’une quelconque tribu ? Des intégristes religieux ? Cela pouvait être n’importe qui. Et comme l’État contrôlait la presse, aucune information ne fuitait dans les médias occidentaux.
Le compte à rebours est lancé, la vie des otages ne tient qu'à un fil, Abby et Mitch McDeere vont devoir se démener comme des beaux diables.
Pour info, le projet d'aqueduc pharaonique de Khadafi (La Grande Rivière Artificielle) n'est pas une invention de l'auteur.

Pour celles et ceux qui aiment les avocats.
D’autres avis sur Babelio.
Livre lu grâce à NetGalley et aux éditions JC Lattes.
Mon billet dans 20 Minutes.

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