samedi 1 janvier 2022

Bonne année 2022 !

Bonne année 2022 à toutes et à tous !

On vous souhaite tout plein de bonnes et belles lectures pour cette nouvelle année et on commence par une petite rétrospective de quelques uns de nos coups de cœurs de l'an passé avec uniquement des romans récents parus en 2021.
Si vous êtes passé à côté, il est encore temps de vous rattraper !

Cliquez sur les liens pour lire le billet original en entier.


Rappelons au passage que nos "nouveautés" sont régulièrement répertoriées par Bibliosurf.

 Côté romans, on ne peut que vous conseiller vivement celui de l'américaine Casey Cep : Les heures furieuses.
La journaliste dresse le portrait de Harper Lee, l'auteure du si célèbre Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Harper Lee n'écrivit malheureusement que cet ouvrage, sans doute victime d'un succès trop grand et trop rapide.
On apprend qu'elle contribua par contre grandement à la création d'un bouquin encore plus célèbre : De sang froid, de Truman Capote dont elle était l'amie d'enfance.
Avec son premier roman, Casey Cep revient sur la genèse et l'écriture de ces best-sellers : L'oiseau moqueur, De sang froid ... mais aussi ce mystérieux second roman qu'Harper Lee avait entrepris mais qui ne verra jamais le jour.


 Côté romans encore, une fois de plus un premier roman avec Mon mari de Maud Ventura.
Du haut de ses vingt-huit ans Maud Ventura frappe fort avec ce bouquin sur les questions amoureuses (un sujet qu'elle connait bien à la radio). 
Sa prose soignée accroche tout de suite le lecteur. 
D'autant plus que le ton est donné rapidement : l'auteure entreprend de disséquer l'amour obsessionnel d'une femme pour son mari, une folie douce un peu inquiétante.
Le ton reste léger même si parfois on se demande comment cette fable va bien pouvoir finir autrement que dans le drame et la catastrophe. Mais le lecteur n'est pas au bout de ses surprises ...


 Côté romans toujours, allez un petit dernier et c'est toujours un premier roman, celui du jeune texan Rye Curtis : Kingdomtide qui se présente comme un thriller en pleine nature sauvage.
Un petit avion de tourisme s'écrase en pleine montagne (les Bitteroots au Montana) et des passagers, seule survivra Cloris 72 ans : son mari et le pilote périssent dans le crash. 
Plus bas dans la vallée, la ranger Lewis est persuadée qu'il y a des survivants et persiste dans les recherches.
Cette prose est truffée d'irrévérences et tous les personnages ont un petit grain dérangeant. Sans cesse, le lecteur se laisse surprendre au fil des phrases par un détour ironique, une amère dérision ou une chute carrément loufoque.
Une remarquable écriture, un évident talent de conteur et une profonde et bienveillante empathie pour des personnages vraiment très attachants..

 Côté polars ou thrillers, le dernier bouquin du français Cédric Bannel est sorti tout juste au moment où les derniers américains quittaient Bagram en Afghanistan ... laissant le champ libre aux talibans comme on le sait maintenant.
Le pays n'est donc guère à la fête, mais c'est avec grand plaisir que l'on retrouve dans cet épisode L'espion français, le qomaandaan Oussama Kandar et ses amis kaboulis.
L'intrigue est de la même veine que celles des derniers bouquins [clic] : une immersion empathique dans ce pays troublé, un mélange d'espionnage international, d'intrigue policière locale et de démêlés politiques afghans.
Cédric Bannel n'a rien perdu de son empathie pour le bon peuple afghan, celui de l'islamisme modéré : c'est vraiment ce qui fait tout le charme de ses bouquins et les distingue de la plupart de ceux de ses confrères.

 Toujours côté thrillers, le très remarquable bouquin de Frédéric Paulin qui était présent à Gênes lors du sommet du G8 à l'été 2001.
Il en est revenu bouleversé par des scènes dignes des dictatures fascistes sudaméricaines : la boucherie de l'école Diaz, les tortures de la caserne de Bolzaneto et bien sûr le décès de Carlo Giuliani abattu par un carabinier pris au piège.
Paulin s'empare de ces événements réels et les met en perspective dans un sacré roman : La nuit tombée sur nos âmes.
Un thriller passionnant comme on les aime, appuyé par une rigoureuse enquête de journaliste comme on les aime : que du bonheur pour ce salutaire travail de mémoire contemporaine.
Un devoir de mémoire indispensable parce que quelques semaines plus tard, le monde entier oubliera Gênes lorsque deux tours s'écrouleront à New York.
Et un rappel salutaire : c'était hier tout juste et l'actualité nous montre que le fascisme n'est jamais aussi loin qu'on voudrait bien le croire.

 Côté voyages encore un premier roman, celui de la bretonne Caroline Hinault qui nous emmène pour une virée sauvage en Arctique. 
Solak est une histoire étonnamment virile et féroce, au bord de l'océan arctique, dans une minuscule base militaire et scientifique. 
Ils ne sont que quatre à se partager les baraquements : confinés aux confins du monde, ils se considèrent à part des "terriens" comme ils nous appellent.
Un peu comme une prison à ciel grand ouvert, perdue dans l'immensité blanche de la banquise.
C'est fort, puissant, presque lyrique parfois, mais c'est vraiment très prenant, et le moins que l'on puisse dire c'est que la gente masculine ne sort pas grandie de cette terrible et sombre histoire.

 Côté nouvelles on aura lu plusieurs recueils cette année [clic] mais s'il faut en choisir un, ce sera Kerozene de la belge Adeline Dieudonné qui nous propose une escale dans une station-service de nuit au bord d'une voie rapide. 
On va y croiser une douzaine de personnages et autant de "tranches de vie" réunies par un fil rouge très ténu.
Autant de personnages un peu déjantés, autant de portraits un peu décalés. 
Il y a comme une ligne de faille qui traverse la station-service au bord de l'autoroute et les personnages semblent tout prêts de s'y précipiter la tête la première. 
Eux-mêmes sont un peu fêlés, peut-être pour laisser passer la lumière comme dit la chanson. 
Par delà un air tragi-comique, c'est noir, cru, grinçant.

 Côté BD enfin, peu de nouveautés lues cette année (plutôt des relectures) mais une sortie remarquable tout de même : les deux tomes de Il faut flinguer Ramirez de Nicolas Petrimeaux qui vient du monde du jeu vidéo et cela nous vaut un très beau dessin, nerveux et explosif ainsi qu'une mise en page très soignée (l'auteur parle même de mise en scène).
Un thriller au second degré, façon Tarantino, un look un peu ringard des années 80, avec dans le rôle principal, le fameux moustachu Ramirez, dépanneur d'aspirateurs, extrêmement taciturne ou bien carrément muet, et visiblement tueur à gage à ses moments perdus.
À ses trousses on trouve pêle-mêle : des flics obtus, des méchants truands et des jolies pépés.
Avec son flegme imperturbable, le silencieux Ramirez traverse une mise en page orangée où sont même insérés (c'est à la mode) de faux articles de journaux et de fausses pubs, tout cela avec un humour ravageur.

Bonnes lectures et bonne nouvelle année !

Aucun commentaire: