Ce gros pavé (qui se lit facilement, l'écriture sait rester simple) nous a emporté loin là-bas grâce à la puissance de ses évocations : bruits, odeurs, couleurs, saveurs, ... on découvre tous les détails pittoresques de la vie quotidienne des villages de ce Viêt Nam de l'immédiat après-guerre.
Comme dans la plupart des romans asiatiques on y parle beaucoup de nourritures et porté par toutes ces images savoureuses, on dévore le bouquin comme un polar.
L'histoire est celle d'amours tragiques (vers la fin du livre, les réunions du village formeront même une sorte de choeur antique) : un soldat rentre au bercail longtemps après avoir été donné pour mort. Sa femme (mais ils ne restèrent mariés que quelques mois juste avant la mobilisation) a depuis refait sa vie et file le parfait amour avec un autre homme.
La morale (qui est aussi sa morale) lui commandera de retourner vivre avec ce premier mari qu'elle avait oublié.
Les destinées de ces trois personnages (que l'on découvre tour à tour, dans toute leur complexité, grâce à d'amples flashbacks) basculent alors dans un enfer impossible dont on a hâte de découvrir l'issue, car comme le répète plusieurs fois le sergent : "dans la guerre, c'est le plus endurant, le plus obstiné qui gagne, dans la vie il en va de même car la vie est un combat." ...
[...] On dit que les femmes des régions de pêche sont particulièrement sensuelles parce qu'elles mangent plus de poisson que de riz.
[...] En temps de guerre, le mariage ressemblait à l'accomplissement d'un devoir ou à un cadeau que les villageois offraient aux jeunes gens avant leur départ à la guerre.
[...] Sa femme devient plus tendre que jamais, non pas de la tendresse d'une femme paisiblement installée dans son bonheur, mais de la tendresse désespérée, démente de celle qui sera bientôt chassée du paradis et qui le sait.
[...] Quand on quitte la vie ce sont les membres qui refroidissent d'abord. Après viennent le ventre, la poitrine et la tête. Chez les hommes aimants, le coeur refroidit en dernier. Chez les hommes intelligents, la tête conserve les dernières chaleurs.Enfin, je ne peux résister à l'envie de citer l'un des nombreux proverbes qui émaillent le récit (à prendre au second degré, mesdames) : Ah ces femmes ! Incapables de pisser plus haut que l'herbe, de penser plus loin que leurs cheveux (mais chacun sait que les vietnamiennes ont les cheveux très longs).
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